-
Sur les dernières répercussions: http://blog.mondediplo.net/2013-04-12-Le-balai-comme-la-moindre-des-choses
votre commentaire -
Afficher devient de plus en plus difficile à Paris. Cette ville est entièrement investie par l'argent, les moyens publics sont consacrés à lisser au maximum la surface de la ville en une carte postale, un écrin commercial et touristique. Depuis le collage Mélenchon en 2012, les choses se sont encore accentuées. Badigeon, karcher, vitrines, surfaces impeccables, tout est fait pour intimider l’affichage sauvage, sans pour autant laisser des places dédiées à des affichages d’expression libre. Sans doute il n’est pas fait confiance à la population. Des fois que celle-ci elle-même trouverait des manières de contrecarrer le contrôle de l’information par les médias surpuissants que sont télés, radios et presse. Si Internet fonctionne en effet comme moyen de diffusion d’autres informations, cela reste non visible dans la physique de la ville. Celle-ci est contenue dans le domaine des musées, des marchands, des banques.
Pourquoi par exemple les panneaux d’affichage « vidéo », encore plus intrusifs, ont-ils été autorisés dans les couloirs du métro ? Qui a demandé l’accord de la population ? Personne. Cela a été imposé. Parce que les vendeurs d’espaces publicitaires regorgent de financements pour convaincre la RATP qui elle, manque de moyens. Un agent de la Régie m’expliquait que les recettes de la RATP ne proviennent pas du transport, mais de la publicité, des fameux "trois par quatre" et désormais aussi des écrans vidéo. Tout se vend au plus offrant, qui est seul à faire la loi dans l’indifférence totale des besoins de la population.
Aussi le collage Chavez est une forme d’apparition d’une autre visibilité. De quels moyens disposent les simples gens pour faire passer leurs idées, envies, formes d’expression ? Aucun. Il leur est accordé de voter une fois de temps en temps et de petit à petit se retrancher dans l’abstention, le silence, le désarroi, la haine, la violence. La violence sociale est facile à réprimer, puisqu’une panoplie militaire et policière est sans cesse optimisée depuis des décennies (voir . Matthieu Rigouste. La domination policière. Une violence industrielle, La Fabrique éditions, 2012). Plus difficile serait de répondre et contrer l’expression populaire spontanée et organisée. Voilà peut-être pourquoi elle est dissuadée comme jamais.
votre commentaire -
D'après cette idée ambiante selon laquelle le jardin serait au moins lui, un havre de paix par lequel échapper à la violence des conflits sociaux, on en viendrait à croire qu'il ne serait pas concerné par la politique.
Or il suffit de se trouver dans un parc un jour de beau temps, alors que des milliers de familles ou de jeunes gens - que l’on soit dimanche ou mercredi - profitent du bonheur de prendre l’air, pour constater que le bonheur existe bien pour tous, quels qu’ils soient. La diversité des origines, des âges et des occupations, fonde ce bonheur de voir les autres vivre et profiter du bon air, avoir sa manière propre d’être heureux en famille ou entre amis. C’est une preuve absolue que le partage des joies est possible et que les discours ségrégationnistes ou incitant à la haine sont criminels. Oui tous ces gens de toutes provenances n’aspirent qu’à vivre bien ensemble! Le jardin délivre bien un message révolutionnaire !
Après le jardin, voilà l’artiste révolutionnaire : Keith Haring (1958-1990) eut un engagement politique au sein de son travail artistique, engagement et travail auxquels le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris et le Cent quatre rendent hommage par une double exposition. Guy Debord voit lui son œuvre présentée à la BNF. Plus tôt dans l’histoire, c’est la Maison de Victor Hugo qui montre l’engagement politique de celui-ci, qui évolua très à gauche (on dirait « populiste » aujourd’hui dans les cercles médiatiquement bien introduits ) en demandant l’amnistie pour les Communards, lui qui déclara à l’Assemblée : « Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère » (Hugo député, discours du 15 septembre 1848). Qui, aujourd'hui par exemple parmi les gouvernants de « la gauche renégate » en place actuellement, pense vraiment cette idée - idée que l’action gouvernementale, toute empressée qu’elle est au service des puissants (il faut entendre dans les milieux patronaux les louanges à propos de François Hollande !), renie en permanence ?
Que l’on admire à ce point les artistes pour leur engagement politique une fois que l’époque de manifestation de celui-ci est bien, au plus loin qu’il soit possible, révolue, a de quoi surprendre. Si l’art, actuellement, apporte en revanche sa contribution aux gens du commun qui s’enfoncent, multitude solitaire, dans le désarroi d’une misère organisée par les milliardaires flanqués de leurs lobbyistes, hommes politiques, journalistes, experts et avocats d’affaires, cela « jure ».
Pourtant la lutte (des classes, celle qu’« ignorait » Cahuzac et pour cause !) est inégale, et demande tout le reste du monde - artistes compris - sur le pont. L’esthétique serait-elle une contribution moyennant gratifications au renforcement du capital symbolique d’une catégorie principale bénéficiaire de la crise et de ses destructions en cascades ? Ou bien une autre voie reste-t-elle à tracer ?
Le rôle des institutions culturelles ressemble-t-il à celui de ces écoles d’économie dont des postes de recherche et d'enseignement sont financés par les multinationales et banques privées principales intéressées au maintien de l’économie mondiale dans la logique actuelle ? Dans quelle mesure les expositions keith Haring au Musée d'Art Moderne et au Cent quatre jouent-elles un rôle d'augmentation de la valeur des oeuvres de collections privées, et d'éventuels bénéfices lors de la prochaine FIAC par exemple ? Dit autrement, s’agit-il pour les institutions (publiques), aujourd’hui, d'augmenter le poids des oeuvres pour le marché spéculatif (privé) et leur coût d'acquisition par les institutions (publiques) auprès de marchands (privés). Ou bien s'agit-il pour les institutions publiques de proposer de nouvelles valeurs ?
votre commentaire -
Dans le prolongement du billet précédent, la difficulté à parler et à se disputer positivement provient peut-être d'une accumulation : il y a désormais une telle quantité de sujets qui ne nous apportent que mécontentement qu'en aborder un seul suffirait à faire surgir une rage incontrôlable. Ce serait à cause de cela que nous tous citoyens, serions obligés de prudemment différer par politesse nos échanges sur des sujets politiques urgents, historiques, ou prospectifs. La plaie est trop sensible, même refermée, elle suppure.
C’est peut-être là ce qui explique cette absence de débat simple, direct, cette recherche d’équilibre honnête dans la discussion, ce conflit constructif comme l’on ferait pour essayer à plusieurs de rapporter la succession des faits d’un incident, pour éviter qu’il ne se reproduise. Comme la justice le fait en essayant de dire la vérité sur des actes commis.
Par exemple, comment dira-t-on plus tard ce qui s’est passé lors du vote de la loi du MEDEF (ANI) à l’Assemblée Nationale. L’UMP s’est abstenu, les écologistes aussi, le Front de gauche a voté contre, le Front national aussi, seuls les radicaux de gauche et les socialistes, à part une abstention, ont voté ce texte.
Que devrait-on dire honnêtement de ce moment ? Qu’il constitue un progrès et un jour de fête pour les gens ordinaires, que ceux-ci vont grâce à cette loi trouver plus facilement à garder leur emploi, qu’ils auront plus facilement recours contre des licenciements boursiers, qu’ils seront mieux payés, qu’ils auront moins d’angoisse du lendemain et que la situation économique grâce à ce texte, ira s’améliorant ? Pourra-t-on dire cela ? Que le MEDEF - que Monsieur Cahusac ne considérait pas comme un adversaire puisqu’il n’avait « jamais cru en la lutte des classes (sic) » (débat avec JL Mélenchon) - que le MEDEF donc, sera obligé avec ce texte de reconnaître des avancées pour les salariés et de s’y conformer ?
Qui pourra dire cela de cette loi ? Sans doute le MEDEF et…. Le Parti Socialiste. Puisqu’ils l’ont rédigée ensemble !
Le problème réside dans la tétanisation intellectuelle des citoyens. Avec tant de problèmes quotidiens à résoudre, les désillusions historiques, un immense fatalisme les accable. Les raisonnements libéraux les ont tellement imprégnés alors même qu’ils en font les frais dans leur vie quotidienne pour se soigner, éduquer leurs enfants, se loger, se nourrir, travailler !...
Un tel retard dans les échanges citoyens - échanges qui ne sont plus une habitude mais un tabou cultivé – alourdit l’atmosphère, rend déplacé le moindre début d’argumentation. Cela crée une dette immense envers ceux qui ont agi ensemble pendant des siècles pour les libérations graduelles de l’humanité, pour la lente et tortueuse sortie de ces temps obscurs, lorsque l'écrasante masse des gens pauvres n’avait rien pour même rêver une émancipation ou un monde simplement meilleur. Combien se sont battus pour ces avancées ; pour les droits de voter, de se syndiquer, de s’exprimer, de ne pas dépendre en tout d'un prêtre, d’avoir des congés, de recevoir une éducation, d’avoir accès à l’hygiène et la santé… Et ce serait tout, il faudrait à présent à l’infini tout rendre, reculer sur tout… ?
Le poids de ces acquis anciens sera-t-il désormais toujours sur nos épaules comme quelque chose que nous n’aurons fait que laisser détruire sans y rien ajouter de mieux. Notre monde sera-t-il désormais une (rapide) re-descente aux enfer (comme ces Grecs ou Espagnols, pas si malheureux il y a dix ou vingt ans), nous tenant accablés de gadgets toujours plus sophistiqués pour acheter nos âmes, nous anesthésier ?
Aussi passifs que nous tu meurs, dirait-on. Le mieux qui se puisse faire dans les rangs militants est de parvenir difficilement à réunir sur des thèmes d'actualité, le temps d’une petite réunion publique laborieusement montée, quelques … militants déjà surchargés de convictions et d’occupations militantes…
Tous les autres, hors de tout cela, au mieux tentent de survivre, eux et leur famille, sans chercher à identifier quoique ce soit susceptible de mettre en cause le système, sans creuser la critique. Les coups pleuvent, les régressions perfides, en douceur ou au grand jour, s’accumulent, et chaque fois la possibilité d’une discussion s’éloigne, l'enfoncement dans la crise s'affirme. Trop d’efforts demandés, trop de choses déjà auxquelles devoir quotidiennement faire face…
Pourtant il y a 150 ans quelqu’un déclarait à l’Assemblée : « Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu’on peut détruire la misère. » (Hugo député, discours du 15 septembre 1848)
Les canaux habituels du débat citoyen sont obstrués par la désinformation, la fatigue, la paresse compréhensible (déjà vivre !), alors, … essayons d’autres canaux !
votre commentaire -
L’exemple Cahuzac révèle des comportements malhonnêtes dont l’origine psychologique reste à expliquer (si cela n’a pas déjà été fait). En admettant que les socio-libéraux rivalisent sur ce type de dérive avec la droite dure, on verra là le signe que les cadres des partis- classiques-de-l’alternance-pour-la-perpétuation-du-système portent en eux des ambitions purement carriéristes ;…S’il existe au PS des militants sincères et honnêtes, gens de conviction, il faudrait les encourager à tirer des conséquences plus objectives des désaveux constants que la réalité de leur parti d’attachement oppose à leurs engagements personnels. L’exemple de Gérard Filoche http://www.youtube.com/watch?v=qmuy85NC8Lo , qui publie régulièrement dans le journal l’Humanité une remarquable rubrique tirée de son expérience d’inspecteur du travail, est ici représentatif , de même que celui du défunt Stéphane Hessel, l’ « indigné », qui a soutenu le candidat Hollande malgré un évident décalage entre sa propre histoire passée et récente et les engagements chancelants de ce dernier pour une politique vaguement de gauche, engagements qui se sont aussitôt volatilisés dès la prise de fonction présidentielle.
Pédagogiquement, puisque ce mot est à la mode au plus haut des cieux de l’État, ce doit être - c’est ma conviction - des frustrations dues à une éducation conventionnelle, empêchant par exemple un enfant de trois ans de manger la tête dans son assiette et la bouche en avant sans couverts un pétrissage fait main de miettes de fromage bleu d’Auvergne et d’autres miettes de chèvre sec, qui conduisent un homme à devenir un escroc. Puisqu’il n’a pu assouvir à l’âge où cela était inoffensif, des expériences de pur plaisir enfantin et d’expérimentations sensorielles, le voilà quelques décennies plus tard, se gavant en parfaite illégalité, mentant comme on respire. Des textes de Nadia Montessori ou de Janusz Korczak montrent l’évidence d’un abus généralisé des critères conventionnels des points de vue adultes et dominateurs dans l’éducation des enfants comme cause de beaucoup des dérèglements du monde.
C’est ainsi que Nadia Montessori a pensé une éducation qui n’est nulle part mise en application à grande échelle dans les systèmes scolaires des États dits démocratiques. Et pour cause, car cela promettrait une population autrement plus responsabilisée et sûre d’elle-même qu’elle ne l’est aujourd’hui. Et donc, pour conserver « dans le formol » le monde capitaliste en l’état, on a d’une part contrôlé la télévision, ses programmes et ses « experts », et d’autre part l’éducation, maintenue sur des fondations parfaitement archaïques. Korczak énonce quant à lui que : « (…) Les brimades entraineront le dédain, la complaisance éveillera le mépris et la révolte, la suspicion engendrera la conspiration. » (Le droit de l’enfant au respect, éditions Fabert Paris 2009, p 30). C’est lui l’initiateur de la Convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant, dite aussi Convention Internationale des Droits de l’enfant, adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989 et entrée en vigueur le 2 septembre 1990.
Cela n’explique toutefois pas, pour revenir à l’ami Filoche et à tant d’autres, comment le parti pris peut à ce point opérer une atrophie des capacités critiques d’un individu au demeurant très intelligent et honnête. La chose est d’ailleurs valable en partie aussi à droite, si tant est qu’il y ait une discontinuité entre cette partie et cette autre de l’échiquier : un homme de droite peut être honnête et courageux, comme Étienne Pinte, l’ancien député maire de Versailles, prenant des positions à contre courant sur les sans papiers ou sur le logement ; le problème vient de ce que cela soit si rare de rencontrer un individu se disant de droite qui en face d’un problème donné (par exemple le chômage, ou la montée des inégalités sociales, ou encore la désindustrialisation par l’effet des choix financiers des multinationales), ne se lance dans une défense absurde autant qu’aveugle du système en place, procédant par simplification, mensonge, trucage de chiffres, etc.
Le parti communiste a eu longtemps le monopole de l’image historiquement symbolique du parti pris aveuglément obéissant à une ligne officielle, même lorsque celle-ci était plus que sujette à caution, ou à discussion. On dirait toutefois aujourd’hui que ce n’est plus tant de ce côté que se concentrent ces comportements, mais plutôt en face – je dis bien en face – du côté des défenseurs, pour être actuel, de l’austérité et de la dérégulation.
Nier des évidences, répondre par des arguments polémiques, dévier le sujet, user de la langue de bois … Ces procédés existent partout, et il doit bien arriver à chacun de nous d’en faire usage à l’occasion.
Comment ne pas voir pourtant que c’est là l’origine de beaucoup de temps perdu pour avancer ensemble ? Essayez donc d’entamer une discussion politique avec un militant socialiste aujourd’hui. Ce sera peine perdue, car il vous ressortira une sorte de réponse de consistance « molle – ferme » : molle dans le fond (absence de réelle volonté de s’opposer aux appétits financiers des multinationales), mais ferme dans l’opposition à toute réflexion critique ou un tant soit peu créative eu égard aux dogmes libéraux en vigueur chez les socio-libéraux. Ne parlons par d’un militant UMP distribuant sa prose Sarkozyste, alors que tout ; absolument tout, montre au mieux, un bilan délibérément hostile à la population en général, une évidence complicité permanente avec les milieux les plus nantis qui pilotent le système, et des orientations ouvertement axées vers les idéaux racistes et violemment anti démocratiques de cette droite qui a toujours voulu la peau du peuple en se servant de lui et de ses souffrances.
Une personne rencontrée me disait « détester les conflits ». Visiblement, c’est qu’elle préférait gastronomiquement – espérant sans doute rester coq en pâte - les confits. Ceci alors que malheureusement, tout porte à croire qu’elle fait partie comme nous tous de la farce des dindons de cette longue histoire du capitalisme. Mais cette politique de l’autruche ne mène nulle part.
C’est Sidney Lumet, dans 12 hommes en colère (1954) qui délivre une vraie leçon d’éducation civique. On découvre dans son film que non seulement le conflit est la source de la vérité la plus approchée, la plus nuancée. Mais encore que l’homme n’est pas lui-même tant qu’il ne partage pas avec ses contemporains le conflit pour avancer ensemble un monde vivable, partageable. Une leçon de non intégrisme, à laquelle l’école publique a tout le rôle à jouer que l’on devrait lui donner. Puisque ce n’est QUE par la mise en œuvre des capacités de jugement de chacun, avec son expérience, son point de vue, sa culture et sa sensibilité, que peuvent être élaborées les formes originales d’un jugement commun viable, d’un projet de vie soutenable.
Or il n’est question aujourd’hui que de cela : l'urgence à prendre de notre temps à parler, à apprendre à se disputer respectueusement, pour trouver ensemble le monde qui convienne le plus possible à tous.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles
Suivre le flux RSS des commentaires