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Le remplacement de Montebourg par Macron, le second étant applaudi par avance par le premier à la passation, montre qu’il n’y a aucun clivage de fond et que tout ce numéro d’Arnault Montebourg ne vise qu’un objectif : se tailler à lui-même un costume pour les présidentielles de 2017, en remplacement de Hollande. Et, avec cette sinistre farce, c’est donc toujours et encore le PS qui tiendrait les ficelles, oblitérant constamment le Front de Gauche et la contestation sociale, bien anesthésiée il est vrai ( mais n’est-ce pas là le rôle fondamental du parti socialiste ?).
Le coup est bien joué, et placer Najat Vallaud-Belkacem au ministère de l’Éducation en est un autre très joli. Une jeune et jolie femme, issue de l’immigration maghrébine, bonne élève,… que désireraient de plus les enseignant(e)s pour s’endormir plusieurs mois pendant qu’on dépèce l’école de la République avant de s’apercevoir du stratagème. Car la place d’une femme de conviction et de gauche n’est certes pas dans ce gouvernement de sabordage complet de l’héritage du conseil National de la Résistance. Avec sa jeunesse, elle se prépare un avenir de femme présidente, sans doute à la suite de Marine Le Pen.
Ce qui s’appelle faire de bons calculs…
Comment ne pas passer pour amer lorsque de Gaza à Florange, des retraites aux hôpitaux, du CICE à Snowden, on doit assister impuissant à tant de destructions et de trahisons, de perpétuations d’un ordre scandaleusement injuste et inhumain, et que les années passent. Sans perspectives autre qu’aggravation et enfoncement dans toujours plus de violence économique, sociale, idéologique, d’ignorance…
L’excellent livre « Roms et riverains, une politique municipale de la race » d’Éric Fassin, Carine Fouteau, Serge Guichard et Aurélie Windels paru chez La Fabrique éditions en 2014, montre le degré de mensonge et de violence dont sont capables les élus et ministres de gauche plus encore que de droite (car à droite on sait en principe à quoi s’en tenir), pour la conquête du pouvoir, en lâchant à la vindicte populaire des gens encore plus pauvres et démunis que le riverain ordinaire (http://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/en-france-des-enfants-meurent-encore-dans-la-rue-557801). Tous les mécanismes de la stigmatisation et de l’exclusion des droits essentiels sont analysés avec finesse, et donnent en même temps un portrait repoussant de la démocratie électoraliste telle qu’elle a obstrué totalement le débat politique en France.
Ce ne sont certes pas ce genre de livres que Sciences-Po ou l’ENA donnent à lire à leurs petits élèves, et encore moins les édiles municipaux trouveront le temps de les étudier, pris comme ils le sont dans leurs multiples tâches au fond desquelles ils sont si fiers de se laisser engloutir, par goût pour l’exercice personnalisé du pouvoir. À cet égard, l’article remarquable du petit journal de grande qualité « L’Âge de faire » de juillet août 2014, intitulé : « Saillans : la révolution participative est en marche ! » porte un éclairage encourageant sur l’avenir de la politique locale.
Cela sera-il suffisant pour engendrer des remises en question à l’échelle nationale vis-à-vis de la pression des banques, de la commission européenne ou des États Unis avec le trop peu connu accord de commerce transatlantique (appelé TAFTA parmi une infinité d’autres appellations entretenant le flou) ? Je n’en suis pas certain. C’est pourquoi la mobilisation politique au sein d’organisation telles que le Front de Gauche permettant d’avoir un poids national, est aussi indispensable. Mais nombreux sont ceux qui ayant trouvé un os à ronger, s’y consacrent exclusivement et (si je puis dire) à temps plein !
Pour preuve, à peine ses fonctions prises, M. Macron a commencé à attaquer les « idées de gauche » qu’il présente du haut de son parcours d’énarque et de banquier comme une « étoile morte » (le contraire eut été étonnant), et qui entreprend le deuxième jour d’exercice de son ministère, d’attaquer les 35 h, immédiatement relayé par le second du MEDEF (http://www.franceinfo.fr/actu/politique/article/35h-roux-de-bezieux-pour-un-demontage-progressif-557291). Les idées de droite, libéralisme en tête, à l’origine des milliards de pauvres de la planète, et des centaines de millions de chômeurs, les ravages écologiques irréversibles mondiaux tandis que se gavent les quelques milliardaires sans cesse plus riches, voilà en effet quelque chose qui semble bien vivant, je dirais même un astre en pleine explosion de vitalité destructrice.
Est-ce un critère pour se coucher devant ses entreprises idéologiques pour écraser un peu plus les plus pauvres ? Sans doute non, d’autant qu’il est, concernant par exemple les 35 h, peu compréhensible qu’en obligeant les gens à travailler plus longtemps, cela libère des emplois pour les chômeurs. Cela vise au contraire à limiter, en les concentrant, les salaires, sur une charge de travail accrue alors que tous les indicateurs témoignent d’une aggravation des rythmes, des conditions, des charges et des statuts au travail, au détriment de la santé publique, de la qualité des productions (défauts qui ont un coût à la charge de la collectivité), mais au seul et unique profit des actionnaires de la classe dorée des super riches.
Ce sont ces gens-là qui tiennent absolument à nous faire oublier la « lutte des classes », parce qu’ils en sont les seuls bénéficiaires, comme l'a très bien reconnu le milliardaire Waren Buffet : "Il y a une guerre des classes, c'est un fait, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner."
Alors, ces campagnes orchestrées par les « socialistes » représentant le milieu financier, regardons les pour ce qu’elles sont : de la propagande diligemment relayée par les médias des riches publics ou privés. Les démentis apportés quelques heures après par le premier ministre font partie du stratagème pour « tester » et habituer l’opinion. La guerre idéologique habituelle, à grosse dose, rien de plus…
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Page internet du site de France Info ce jour.
« Le cinéma français s’intéresse très peu à la réalité et à la politique. »
(interview de Dominique Marchais sur son dernier film « La ligne de partage des eaux » http://www.revuezinzolin.com/2014/04/entretien-dominique-marchais/)
Voici bien là une phrase qui pourrait être transposée telle quelle dans le monde de l’art contemporain, au sein duquel il semble que la préoccupation de carrière de tous les acteurs et l’interdépendance des grandes signatures avec les intervenants parmi les plus puissants de la haute finance diminuent considérablement la portée réelle des éventuelles mises en question du « système » économique sur lequel ce marché repose presque intégralement de près ou de loin.
Tout se passe comme si les ventes de Deauville pour les yearlings, ces chevaux vendus de 200 000 à plusieurs millions d’euros, se prolongeaient un peu plus tard par la FIAC sur les mêmes montants, ainsi que par d’autres ventes spéculatives, par lesquelles transparait dans la plus grande clarté la vampirisation des finances publiques et des besoins sociaux vitaux par une caste plus que réduite d’ultra riches, acteurs directs ou indirects de chacune des décisions gouvernementales applaudies d’ailleurs par leur représentant syndical (celui des riches), en la personne de M. Gattaz.
Ce monsieur vient d’ailleurs d’adresser son compliment au pacte de « responsabilité » du « socialiste » François Hollande, responsabilité qui saigne à blanc les services publics en leur extorquant 50 milliards reversés d’une manière ou d’une autre en avantages économiques immédiats pour les plus hautes fortunes, qui d’autre part s’exemptent de la plus grosse part de leurs impôts par des stratégies d’évitement encadrées par les meilleurs cabinets d’avocats fiscalistes internationaux.
« Défendre son seul intérêt privé » semble être la seule raison d’être de ce type de personnage, parmi ses collègues des universités d’été du MEDEF auxquelles, sans faute, se rendra notre premier ministre, soumis par avance aux dogmes qui s’y professent.
Comparez avec une infirmière ou un maçon, un cartographe, un professeur ou un dentiste : bien sûr qu’ils voudront tous « gagner de l’argent » et vivre bien. Mais ils diffèrent fondamentalement de Messieurs Gattaz et consort en cela précisément qu’ils ne vouent pas, eux, aussi divers soient-ils, l’intégralité de leur attention et de leur énergie à l’unique et seule obsession de gagner encore et toujours plus d’argent et de consolider toujours plus ce pouvoir si particulier d’en gagner encore davantage par la suite. On pourrait dire même que la principale caractéristique de l’écrasante majorité des humains est d’oublier cet aspect en lui faisant passer devant presque sans cesse la passion pour leur métier et à travers lui le service qu’ils rendent à leur prochain.
Telle est donc l’unique clivage qui sépare en fait l’ensemble de l’humanité de la minuscule frange de profiteurs obnubilés par leur intérêt et leurs privilèges, choses qui par définition ne se partagent pas avec le « commun ». Voilà pourquoi est en réalité toute tracée la ligne de démarcation qui sépare le monde libre à construire de l’oppression omniprésente couvrant la surface terrestre (et même les océans qui sont dans l’état que l’on sait).
Ces puissants sont suffisamment forts pour renverser, par médias interposés, la perception commune. Suffisamment omnipotents pour peser sur le cours des valeurs de pratiquement tout, de la mode à l’imaginaire collectif petit bourgeois enraciné même chez les pires exploités. L’art contemporain est certes devenu leur terrain de chasse privilégié. Les millions passent de main en main, tous volés d’une manière ou d’une autre à des gens impuissants à empêcher leur propre racket au nom du « réalisme », sous forme de droits remis en cause, de prestations sociales ou de salaires en baisse.
Et de nombreux artistes, souvent excellents (et, me dira-t-on, leur demande-t-on autre chose ?) se prêtent, assidument, à ce tour de passe-passe, du moment qu’ils espèrent ainsi en tirer quelques miettes et puisque leur carrière en dépend. Les sujets qui fâchent sont repoussés dans les marges et le public reste, qu’on le veuille ou non, extrêmement trié. On reste entre gens de bonne volonté. D’où l’idée qu’une « révolution symbolique », pour emprunter au titre d’un livre de Pierre Bourdieu consacré à Manet, doit peut-être passer par un écart vis à vis de ce rondeau parfait que les figurines du monde de l’art dansent en parfaite harmonie. Si tension il y a, elles semblent se jouer entre égos, ou entre partisans d’un retour en arrière et tenants des expériences les plus récentes.
Si je ne prête pas grand crédit aux « réactionnaires » quels que soient les formes qu’ils empruntent, je me demande si la ferveur avec laquelle les acteurs de l’art d’aujourd’hui se dirigent vers toujours plus d’indifférence à la situation de la majorité de leurs contemporains est quelque chose de tenable, non seulement moralement, mais je dirais, artistiquement. Autrement dit, ne nous trouvons pas, avec ces dizaines de milliers d’ « installations » et de « dispositifs de monstrations » parfaitement opérantes et conformes à ce qui est attendu d’une œuvre contemporaine, et donc souvent interchangeables, en face de quelque chose qui serait homologue à un art routinier.
Que si peu de voix dans ce monde artistique se fassent entendre pour contrer le climat de résignation entretenu actuellement en dit long sur le degré de dépolitisation bon ton que ces gens intelligents se croient bienséant de cultiver. Est-ce cela la culture ?
Joël Auxenfans. Le baiser; affiche éditée en août 2014.
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