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    Joël Auxenfans. Affiche pour un chantier d'infrastructure. Peinture sur toile. 2015.

     

     

     

    L’ouvrage de Nassim Nicholas Taleb, Le cygne noir, la puissance de l’imprévisible, paru chez les belles Lettre en 2007, que je crois avoir vu signalé comme important dans le livre de Yanis Varoufakis Le Minotaure planétaire, est dérangeant, et c’est sans doute sa qualité. Si Nassim Nicholas Taleb semble avoir un parcours atypique et en particulier non académique, cela ne l’empêche pas d’avoir accumulé semble-t-il une érudition assez sidérante, érudition construite autour d’une question obsédante pour lui depuis longtemps : comment se fait-il que les évènements les plus imprévisibles et qui ont le plus révolutionné le monde sont ceux qui sont systématiquement écartés de la structure même du calcul scientifique de la prévision, qui lui, repose sur la loi des grands nombres et sur ce qui s’appelle une « courbe en cloche », principe statistique appliqué abusivement selon lui à l’économie, à la finance, à la gestion des entreprises transnationales, de la planification, et de tant d’autres domaines universitaires où ils ne semblent par avoir leur place ?

     

    Si l’on ressent ici ou là dans son livre un certain agacement ou même un franc ressentiment envers le monde académique, guindé selon lui dans des modes de réflexion qui ne sortent pas d’un certain type de confort intellectuel illusoire, de conformisme, ce n’est peut-être pas uniquement par ce sentiment de défi aigre que l’on trouve parfois chez ceux qui n’ont pas suivi un cursus et une progression de carrière purement universitaires, avec ce que cette carrière comporte parfois (et pas plus qu’ailleurs sans doute), de soumission à un ordre hiérarchique, à une validation de principes d’autorité inscrit dans des habitudes de pensée académiques (cela ne date pas d’hier, voyez Rabelais et la haine qu’il s’attira de la Sorbonne).

    Quelqu’un par exemple comme Jean-Claude Michéa, philosophe « indépendant », auteur du « Complexe d’Orphée » et des « Mystères de la gauche », est pris me semble-t-il dans ce ressentiment récurent de haine anti universitaire, qui ne l’empêche pas, malgré des idées remarquables et pertinentes par exemple sur George Orwell, ou sur la collusion rapidement structurée entre libéraux et socialistes parlementaristes, de « déconner » (à mon avis) sur les travailleurs immigrés. Il dit que ceux qui les défendent sont presque toujours des fonctionnaires et des enseignants, en déduisant que les vrais travailleurs français, victimes, d’après lui, de la venue des travailleurs étrangers, sont plutôt tentés par une réaction de repli vers le Front National.

    C’est nier que la plupart des luttes victorieuses des ouvriers par exemple des années soixante dix, dans des usines comme Citroën, furent victorieuses et apportèrent un progrès social, parce qu’elles menèrent de front la question de l’égalité, de la non discrimination français/étranger, du respect et des revendications salariales ou ayant trait aux conditions de travail. Voir à ce sujet le livre « L’établi » de Robert Linhart, incroyable témoignage entre l’enquête de terrain d’un jeune intellectuel en immersion dans une usine et remarquable travail d’écriture et restitution des relations avant tout humaines qui se tissent entre travailleurs, d’origines diverses.

    Nassim Nicholas Taleb, pour sa part, n’est pas exempt de simplifications et surtout d’un oubli presque intrinsèque à sa pensée, de la population qui n’a pas une situation suffisamment confortable au départ, population qui représente toutefois les 4/5ème ou les 5/6ème de la population totale sur la terre. Il semble ignorer la question politique, syndicale, associative, en gros, les mobilisations populaires pour se concentrer sur la capacité individuelle et collective à se préparer à l’imprévisible, qu’il reconnaît par définition impossible à évaluer.

    Il a une fâcheuse manie de parler des chauffeurs de taxi qui l’amènent ou le ramènent des différents aéroports par lesquels il transite pour ses conférences, comme indice de son degré de fusion avec le niveau du peuple, affirmant en même temps d’une manière paradoxalement assez juste, que les chauffeurs de taxis ou toute autre catégorie que l’on considèrerait non experte, se trompe moins en fait dans ses pronostics que les experts d’entreprises multinationales, ou ceux des plateaux télé, qui en outre sont souvent les mêmes.

    Bizarrement, passé cette caractéristique d’oubli du champ social duquel pourtant provient une grande part du progrès humain, lacune qui peut provenir peut-être du milieu social d’origine ou du parcours de trader et d’intellectuel très indépendant de Nassim Nicholas Taleb, passé cet individualisme frénétique et cette pensée délibérément libertarienne dont il se revendique par ailleurs sur son blog, il faut reconnaître à Nassim Nicholas Taleb que quelque chose est résolument original dans cette pensée du Cygne noir. 

    C’est en tout cas l’ouvrage parmi les plus déroutant qu’il m’a été donné de lire depuis longtemps. Je ne dis pas le plus instructif, car là justement, ceux de nombreux chercheurs en sciences sociales, qu’il décrierait peut-être, m’ont appris beaucoup précisément par leur méthode d’investigation universitaire, en histoire, ou en sociologie. Je dis déroutant. Justement parce que dérouter veut dire emmener quelques temps dans une autre voie, et pourquoi pas changer de route définitivement, sans pour autant oublier… le reste.

    De fait, on a l’impression que le plan sur lequel se passe la démonstration de Nassim Nicholas Taleb, s’applique à la situation d’un trader, dont la logique se généraliserait à l’ensemble des domaines d’activité des humains, avec à mon sens quelques inadéquations, en particulier sur le désintéressement, ou la recherche délibérée et lucide d’un profit qui n’est ambitionné que mesuré, et d’une vie conforme à des choix éthiques plutôt que de conquêtes de position « extrêmement » dominantes.

    L’idée centrale de Taleb est de se penser enfin comme un être qui, pour ses choix, ne se fie pas à la norme statistique basée sur une infinité de cas médiocres, ou offrant peu d’écart, en tout pas susceptible de renverser par un seul individu, le rapport entier.

    Ainsi par exemple il oppose deux types de situations de calcul de probabilité : l’une qu’il appelle le « médiocristant », est basé sur des accumulations de quantités, par exemple la taille humaine, ou le poids humain, dont on peut créer une moyenne dont les cas exceptionnels ne peuvent à eux seuls modifier considérablement la donne. Par exemple, même l’homme le plus grand du monde, s’ajoutant à 999 individus pris au hasard, ne pourra modifier fondamentalement  la moyenne des tailles des 1000 individus. Pour ce cas de figure, le calcul par les grands nombres est valable.

    Le problème que soulève justement Nassim Nicholas Taleb est que la vie, et la modernité, surtout l’époque actuelle, ne relèvent pas du médiocristant, mais plutôt de l’ « extrêmistant ». Il prend pour exemple, le cas de la richesse : en prenant 999 personnes, et en leur ajoutant juste monsieur Bill Gates, la somme des revenus des 999 personnes prises au hasard se renversera complètement, faisant des revenus des 999 personnes un minuscule appoint au revenu du seul Bill Gates. Pour cette situation extrême, la pure accumulation de calculs de probabilité basée sur l’idée de moyenne de résultats médiocres manque complètement la situation et n’en rend pas compte fidèlement. Elle est simplement parfaitement inopérante.

    Or, le 11 septembre 2001, la crise de 2008, et tant d’autres évènements imprévisibles et pourtant ayant eu un pouvoir de transformer radicalement les conditions, ont été à la fois totalement imprévisibles avec les moyens classiques de la prévision probabiliste, et ont été pourtant d’une puissance de transformation incomparable avec la somme de petits faits mesurés par les statisticiens pour prédire l’avenir. D’où le constat de Taleb : les prévisionnistes (économistes, experts sont des charlatans. Ils sont payés à prédire, et passant systématiquement à côté des faits majeurs et imprévisibles qui bouleversent le monde, ils continuent à faire profession de prévisionnistes et d’experts, de manière complètement indue et malhonnête.   

     

    Voici, par respect pour l’auteur, quelques larges extraits de son livre, que je recommande :

    Nassim Nicholas Taleb, Le cygne noir, la puissance de l’imprévisible, Les Belles Lettres, 2007.

     

    p. 122 :

    « (…) Ces chercheurs ont répartis nos activités en (grosso modo) un mode de pensée double, dont ils qualifient les deux membres de « système 1 » et « Système 2 », ou d’ « expérientiel » et de « cogitatif ». La distinction est directe.

    Le système 1, système expérientiel, est facile, automatique, rapide, opaque (nous ne savons pas que nous l’utilisons), traité en parallèle, et peut être sujet à erreurs. C’est ce que nous appelons « l’intuition », et il réalise en un clin d’œil ces prouesses devenues célèbres sous le terme « blink », d’après le titre du best-seller de Malcolm Gladwell. De par sa rapidité même, le système 1 est éminemment émotionnel. Il effectue des raccourcis dits « heuristiques », qui nous permettent de fonctionner rapidement et efficacement. Dan Goldstein qualifie ces raccourcis de « rapides et frugaux ». D’autres leur préfèrent les qualificatifs « rapides et sales ». Cela dit, ces raccourcis ont certainement des qualités puisqu’ils sont rapides, mais ils peuvent parfois nous induire gravement en erreur. Cette idée centrale a donné naissance à toute une école de recherche baptisée « approche des heuristiques et des biais » (l’heuristique correspond à l’étude des raccourcis, et « biais » signifie « erreur »).

    Le système 2, système cogitatif, est ce que nous appelons normalement la réflexion. C’est celui dont on se sert dans une salle de classe, car il est laborieux, raisonné, lent, logique, séquentiel, progressif et conscient de lui-même (on peut suivre les étapes de son raisonnement). Il commet moins d’erreurs que le système expérientiel, et, comme on sait comment on est arrivé à son résultat, on peut revenir sur ses étapes et les corriger de manière adaptative.

     

    La plupart de nos erreurs de raisonnement viennent de ce que nous utilisons le système 1 alors que nous pensons utiliser le système 2. Comment ? Comme nous réagissons sans réfléchir ni faire preuve d’introspection, la principale caractéristique du système 1 est que nous n’avons pas conscience de l’utiliser ! »

     

     

    P 176 :

    « En sortant du symposium, je réalisai que seuls les militaires affrontaient le hasard avec une véritable honnêteté intellectuelle et en faisant preuve d’introspection – contrairement aux universitaires et aux cadres d’entreprises qui utilisent l’argent des autres. Cela n’apparaît pas dans les films de guerre, où ils sont souvent dépeints sous les traits d’autocrates assoiffés de sang. Les gens que j’avaient en face de moi n’étaient pas de ceux qui déclarent la guerre. De fait, pour beaucoup d’entre eux, une politique de défense réussie parvenait à éliminer les dangers potentiels sans conflit, comme la stratégie consistant à mettre les russes en faillite en faisant monter en flèche les dépenses allouées à la défense. »

     

    P. 225 :

    « Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, la découverte de l’arrogance épistémique humaine aurait été fortuite. Mais c’est également le cas de beaucoup d’autres découvertes - beaucoup plus que nous ne le pensons.

    Le schéma de découverte classique est le suivant : on cherche ce que l’on sait (disons une nouvelle façon de se rendre en Inde) et on trouve quelque chose dont on ignorait l’existence (l’Amérique).

    Si vous croyez que les inventions qui nous entourent sont le fruit des efforts d’une personne assise dans un bureau qui les a réalisées conformément à un planning bien précis, réfléchissez encore : presque tout ce qui relève de l’instant est le fruit delà sérendipité. Ce terme fut forgé par l’écrivain britannique Horace Walpole qui le tira d’un conte intitulé Les trois princes de Sérendip. « Grâce au hasard ou à leur sagacité », ces princes « ne cessaient de trouver des choses qu’ils ne cherchaient pas ».

    Autrement dit, vous trouvez une chose que vous ne cherchez pas et qui transforme le monde, et après coup, vous vous demandez pourquoi il « a fallu autant de temps » pour arriver à quelque chose d’aussi évident. Aucun journaliste n’était là quand on a inventé la roue, mais je suis prêt à parier que ses découvreurs ne se sont pas lancés dans le projet d’invention de ce moteur de croissance majeure et ne l’ont pas réalisé suivant un planning précis. Et il en va de même pour la plupart des inventions.

    Sir Francis Bacon signalait que les progrès les plus importants étaient les moins prévisibles, ceux qui « sortaient du sentier de l’imagination ». Et il ne fut pas le dernier intellectuel à le souligner. Cette idée surgit régulièrement pour se dissiper rapidement. Il y a près de cinquante ans, l’auteur de best-sellers Arthur Koestler lui consacrait un livre entier, intitulé fort à propos Les Somnambules, puisqu’il y décrit les inventeurs comme des somnambules trébuchant sur des résultats et ne réalisant pas ce qu’ils ont entre les mains. Nous pensons que l’importance des découvertes de Copernic sur les mouvements planétaires était une évidence pour lui et ses contemporains ; il était mort depuis soixante-quinze ans quand les autorités commencèrent à en prendre ombrage. De même, nous croyons que Galilée fut une victime de la science ; en fait l’église ne le prenait pas très au sérieux. Il semblerait plutôt qu’il ait lui-même récolté la tempête en froissant quelques sensibilités. À la fin de l’année ou Darwin et Wallace présentèrent leurs études sur l’évolution par sélection naturelle, lesquelles changèrent la façon dont on voyait le monde, le président de la société Linnean, où ces études furent présentées, annonça que la société ne voyait là « aucune découverte marquante », rien de particulier qui puisse révolutionner la science.

    Quand vient notre tour de prévoir, nous oublions que c’est impossible. Ce qui explique que l’on puisse lire ce chapitre et autres exposés similaires, adhérer totalement à leur contenu et ne pas tenir compte du tout des arguments qu’ils défendent quand on pense à l’avenir.

    Prenez cet exemple capital de découverte typique de la sérendipité. Alexandre Fleming était en train de nettoyer son laboratoire quand il aperçut, sur une boite de culture déjà ancienne contaminée par un champignon, une zone où les bactéries ne s’étaient pas développées. Il isola un extrait de la moisissure, l’identifia correctement comme appartenant à la famille du pénicilium, et appela cet agent « pénicilline » ; c’est grâce à elle que beaucoup d’entre nous sommes encore en vie aujourd’hui (y compris moi-même comme je l’ai expliqué au chapitre 8, car une fièvre typhoïde non traitée peut être fatale). Certes, Fleming cherchait « quelque chose », mais sa découverte est le fruit de la pure sérendipité. De plus, même si, avec le recul, cette découverte apparaît primordiale, les responsables de la santé mirent très longtemps à réaliser l’importance de ce qu’ils avaient entre les mains. Fleming lui-même cessa de croire en cette idée jusqu’à ce qu’elle soit relancée.

    En 1965, deux astronomes radio de Bell Labs, dans le New Jersey, qui installaient une grande antenne parabolique, furent troublés par un bruit de fond, un sifflement semblable aux parasites que l’on entend quand la réception est mauvaise. Ils ne parvinrent pas à s’en débarrasser - même après avoir enlevé les fientes d’oiseaux qui se trouvaient sur la parabole, car ils étaient convaincus que c’étaient elles qui provoquaient ce bruit. Ils mirent un certain temps à comprendre que ce qu’ils entendaient n’était autre que la trace de la naissance de l’univers, le rayonnement micro-ondes du fond cosmique. Cette découverte relança la théorie du big-bang, idée moribonde dont des chercheurs avaient jadis fait le postulat. J’ai trouvé sur le site des laboratoires Bell ces commentaires expliquant pourquoi cette « découverte » était une des avancées majeures du siècle : « Dan Stanzione, qui était président des laboratoires Bell et directeur de Lucent quand Penzias (un des astronomes radio à l’origine de la découverte) pris sa retraite, déclara que Penzias « incarne la créativité et l’excellence technique qui sont la marque de Bell Labs ». Il le comparait à un personnage de la Renaissance qui « accrut notre compréhension précaire de la création et repoussa les limites de la science dans nombre de domaines importants ». »

    Renaissance… mon œil ! Ces deux types étaient à la recherche de fientes d’oiseau ! Non seulement ils ne cherchaient absolument rien qui ressemblât vaguement à des preuves de l’existence du big-bang, mais, comme d’habitude dans ces cas-là, l’importance de leur découverte ne leur sauta pas aux yeux. Ralph Alpher, le physicien à l’origine de cette idée dont il avait fait état dans un article coécrit avec deux pointures nommées George Gamow et Hans Bethe, eut malheureusement la surprise d’apprendre leur découverte en lisant The New York Times.». En fait, dans les articles moribonds postulant la naissance de l’univers, les scientifiques exprimaient des doutes sur la possibilité de mesurer les rayonnements en question. Comme il arrive fréquemment en matière de découverte, ceux qui cherchaient des preuves ne les trouvèrent pas ; et ceux qui n’en cherchaient pas les trouvèrent et furent salués pour leur découverte. 

    Nous sommes face à un paradoxe. Non seulement les prévisionnistes échouent en général lamentablement à pronostiquer les changements drastiques engendrés par les découvertes imprévisibles, mais le changement progressif se révèle globalement plus lent qu’ils ne s’y attendaient. Quand une nouvelle technologie fait son apparition, nous sous-estimons ou surestimons gravement son importance. Thomas Watson, le fondateur d’IBM, prédit qu’un jour, on n’aurait plus besoin que de quelques ordinateurs. »

     

     

    Nassim Nicholas Taleb ne fournit pas vraiment de matériau issu d’une étude approfondie sur un sujet unique comme le font beaucoup d’universitaires. Il procède par une accumulation organisée, mais pour le plaisir, de tentatives convaincantes de mettre en cause « l’arrogance épistémique » des classes dirigeantes, politiques, scientifiques,… Il est persuadé, au travers d’une longue recherche et après de nombreuses rencontres éclectiques, que l’occultation des facteurs extrêmes et imprévisibles de transformation en mal ou en bien du monde est un déni de vérité, et aussi un modèle très inefficace.

     

    Il suggère au lieu de « prévoir », ce qui est pratiquement impossible, de se « préparer » à toute éventualité la plus extrême, non pas en étant paranoïaque, mais en refusant de considérer que s’il n’y pas de preuve d’une éventualité, ce serait la preuve qu’il n’y a pas cette éventualité, ce qui est pourtant très différent.

     

    Je laisse le mot de la fin à Nassim Nicholas Taleb :

     p. 380 :

     

    « Mais toutes ces idées, toute cette philosophie de l’induction, tous ces problèmes de connaissance, toutes ces opportunités démentes et ces pertes potentielles effrayantes – tout cela semble bien fade au regard de la réflexion suivante :

    Je suis parfois stupéfait de voir les gens se gâcher leur propre journée ou se mettre en colère parce qu’ils se sentent floués à cause d’un mauvais repas, d’une tasse de café froid, d’une vexation sociale ou de l’accueil impoli qu’on leur a réservé. Souvenez-vous de ce que nous avons dit, au chapitre 8, sur la difficulté de voir les chances réelles que les évènements qui font notre propre vie ont de se produire. Nous sommes prompts à oublier que le seul fait d’être en vie est une chance extraordinaire, un événement qui avait extrêmement peu de chance d’arriver, une occurrence fortuite absolument inouïe.

    Imaginez une minuscule tache de poussière à côté d’une planète qui fait un milliard de fois la taille de la Terre. La tache de poussière représente les chances que vous aviez de naître, et la planète gigantesque,  celles que vous aviez de ne pas naître. Alors, cessez de vous faire du mauvais sang pour des broutilles ! Ne faites pas comme cet ingrat à qui on avait offert un château et qui s’inquiétait de l’humidité qui attaquait la salle de bains. « À cheval donné on ne regarde point la bouche », dit le proverbe - n’oubliez pas que vous êtes un Cygne Noir. Sur ce, je vous remercie d’avoir lu mon livre. »

     

     

     

     


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