• Esprit boutique

     

    Joël Auxenfans. Installation d'affiches dans un abri bus. 18 mars 2017, Paris.

     

     

    Sur le parcours du défilé de la France Insoumise pour la sixième République de Jean-Luc Mélenchon ce samedi 18 mars 2017, il était amusant de constater l’intérêt du public pour ma « boutique » d’affiches installée in situ dans un abribus du boulevard du Temple.

     

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    Sur la partie externe du caisson publicitaire Decaux de l’abribus, j’avais laissé l’affichage des équipes de campagne du candidat, et m’étais contenté de coller la dernière affiche que j’ai pu réaliser.

     

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    Joël Auxenfans. Personnes en train de photographier les affiches avant le début du défilé. Ils seront des centaines par la suite. 

     

    Les gens par centaines venaient s’attrouper pour photographier mon affiche, et les autres affiches précédentes, mais ils ne venaient pas pour l’affiche officielle de la France Insoumise. Elle était transparente à leurs yeux. Ils fondaient vers l’abribus pour les peintures affiches, et en particulier pour la petite dernière qui se vendait comme des petits pains.

    Cette affiche est éditée avec l’aide du Centre d’art de Piacé le Radieux http://www.piaceleradieux.com/. Ce centre d’art programme une exposition collective « Archinature », du samedi 8 avril au samedi 8 mai 2017, et m’a invité à y participer.

     

    La « cause » que je défends depuis plusieurs années (si ce n’est depuis plusieurs décennies), du statut de l’image peinte ou de l’affiche dans la cité et dans l’espace politique, trouve là une forme d’accomplissement et de preuve : oui, il existe une alternative à l’affiche de propagande.

    Ou plutôt, oui, il existe, à côté de l’affiche de propagande – du « matériel » comme on dit –, une place et un rôle pour la création d’art d’auteur, singulière, problématique, alternant entre le premier et le second degré, convoquant l’histoire de la peinture et des images, de la politique, …

    Et ce rôle n’est pas nuisible à la mobilisation ou à la « clairvoyance » politique des militants ou du public. Au contraire, il leur assigne un second plan de réflexivité, moins fusionnel avec l’objectif militant, plus proche du doute et de la pensée, plus intime avec la délectation, la médiation, la contempla(c)tion.

    Certes, ces valeurs semblent à première vue éloignées des vertues militantes, d’activisme, d’enthousiame, d’engagement. Mais elles replacent justement ces composantes de la pratique sociale dans un champ plus vaste, plus profond, plus lent à court terme, mais peut-être plus complet et efficace à long terme.

     

    L’équipe de Jean-Luc Mélenchon, avec le travail immense des centaines de participants répartis sur le territoire national, a réussi le pari de réunir une foule considérable, estimée à 130 000 personnes, place de la République. En même temps, les sondages reconnaissent une marge d’erreur dans leurs calculs – rectifiés ou non – qui peut peut faire passer l’estimation du score électoral de Jean-Luc Mélenchon de 10,5 à 18%.

    Pas de quoi justifier en tout cas que Benoît Hamon puisse se croire autorisé de s’arroger le rôle de leader à gauche pour lequel chacun devrait s’effacer d’office. Il s’agit-là d’un abus politicien de plus, après tant d’autres.

    Un tel candidat, qui fut ministre pendant la moitié du quinquennat porteuse de grands moments de régression sociale, qui « rend hommage » au bilan de Hollande, qui donne l’investiture à Myriam El Komri et Manuel Valls, qui « bidouille » telle ou telle mesure d’un concurrent plus pour ménager chèvre et choux que par cohérence, un tel candidat, dis-je, quelle légitimité politique  doit-on lui accorder préférentiellement à Jean-Luc Mélenchon ?

    Voici à cet égard quelques extraits savoureux collectés sur France Info en direct du meeting de Benoït Hamon à Bercy, qui a rassemblé dix fois moins de participants que ce fut le cas la veille place de la République  avec Jean-Luc Mélenchon http://www.francetvinfo.fr/politique/benoit-hamon/direct-presidentielle-regardez-le-meeting-de-benoit-hamon-a-bercy_2101609.html :

     

    « franceinfo

    Notre journaliste Sophie Brunn nous en dit plus sur le changement de ton (souligné par moi NDLR) de Benoît Hamon à l'occasion de ce grand discours parisien :

    "On a déjà vu #Hamon proche des gens, on veut montrer qu'il sait aussi être solennel" explique son entourage."

     "Je suis le candidat de la feuille de paie, du pouvoir d'achat, de la France qui se lève tôt, dont d'autres candidats parlent tout le temps mais ne voient jamais."

    "Candidat du pouvoir d'achat", c'est une formule utilisée par Emmanuel Macron avant Benoît Hamon, mais aussi par Laurent Fabius en 2006. Et "la France qui se lève tôt" est une expression de Nicolas Sarkozy, candidat en 2007. »

     "Soyez le coeur brûlant de la gauche, le coeur battant de la France", retour de la métaphore cardiaque de Benoît Hamon, dont c'est le slogan de campagne.

    "Point "Patrick Bruel" atteint. Benoît Hamon vient de se casser la voix en exhortant les jeunes de France à s'offrir un avenir meilleur, en égrénant une série de prénoms.

    Cela fait penser au fameux "c'est notre projeeeeeeeet" d'Emmanuel Macron. »

    (…)

     

    Que penser d'autre si ce n'est qu’il s’agit-là de pures exercices de formes de langage, de cosmétique et de mise en scène, empruntés à tel ou tel de ses prédécesseurs menteurs, mais absolument pas d’un engagement sincère, cohérent, souverain. Cet homme louvoye avec ses anciens concurrents qu’il veut garder auprès de lui au prix de la clarté, de l’éthique et même du réalisme.

    Ce sont là des calculs d’hapoticaire pour ramener à lui des composantes antinomiques et passer pour l’homme du changement lorsqu’il n’est que celui de la continuité, à la suite du président du « changement maintenant », qui s’avéra un monument de mensonges et de promesses non tenues…

     

    C’est ce que j’appellerai ici « l’esprit de boutique » : tenir son fond de commerce – à savoir sauver l’hégémonie du PS, y compris dans des négociations à venir avec Macron, ancien Banquier chez Rothschild, puis conseiller de Hollande, puis ministre de l'économie... –, en ménageant tel ou tel « client », tel ou tel « appui » prompt à se retourner contre lui à tout moment. 

    Mais de volonté réelle, de contenu réel, de chiffrage réel du programme, il n'y en a point du tout.

     

    Il se trouvera bien quelques benêts pour le suivre afin – but ultime ! – que rien ne change vraiment...

     

     

     

     


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  • Joël Auxenfans. Le "changement maintenant", toujours, jamais. Peinture affiche. 2017.

     

     

     

    La fixité avec laquelle la répétition du même s’instaure dans le débat politique, fait figure de hiératisme. Invariablement, les publics de nos médias officiels vont embrayer sur les avatars les plus improbables et s’y soumettre, comme un seul homme.

    Ainsi nos deux anciens ministres du gouvernement Hollande vont impeccablement se faire passer pour l’incarnation du « renouveau », du « sang neuf », de « la jeunesse », lors même qu’ils proviennent et ont contribué à produire ce qu’ils prétendent contester. Il s’arrangent avec leur conscience pour louvoyer au gré des intérêts électoralistes, par des interpellations fracassantes et raccoleuses, ou des modifications de pseudo réformes en fonction d’intérêts sous jacents et de raccomodements d’états majors.

    Le plus haut placé par les sondagiers a un programme de sept pages tout compris, avec des gros caractères, des formules publicitaires et des photos euphorisantes jusqu’à la coupe, tandis que le programme de la France Insoumise se déploie lui sur 125 pages rédigées en caractère de corps 12, en texte, étayé, noir sur blanc, avec des dizaines de cahiers thématiques sans cesse enrichis, qui détaillent et approfondissent une volonté ambitieuse de réforme dans un monde et un pays qui en ont besoin. https://avenirencommun.fr/avenir-en-commun/

    Qu’importe, les naïfs électeurs répèteront comme un mantra les idées officielles, à savoir que tout protectionnisme est par essence catastrophique, que réguler l’économie et la finance nous conduit tout droit en Corée du nord, que planifier est par définition soviétique, et que la personne de Jean-Luc Mélenchon parle en insultant ses interlocuteurs.

    C’est vrai que nous avons en face des gens bien éduqués, policés, tout en subtilités : Il se servent dans les caisses en cachette ou dissimulent des pratiques immorales, mais ils savent, avec leur caste montée au créneau d’un seul mouvement singeant l’indignation, justifier l’indéfendable avec des tournures, des contre attaques, des sophismes et des menaces, qui portent le sceau d’une oligarchie au dessus des lois communes.

    Les frères d’Adama Traoré passent en comparution immédiate lors d’altercations avec la police. Mais Christine Lagarde, jugée coupable de graves négligeances dans la gestion des affaires de l’État, repart à la direction du FMI sans punition, pour un demi milliard d’euros refilés en douce à l’escroc qui fut occasionnellement ministre de la ville d’un gouvernement socialiste.

    Les « réformes courageuses » que prônent les uns et les autres des candidats du pseudo changement, signifient chaque fois, en bonne traduction de la novlangue politicienne, une invariable régression sociale, source de souffrances accrues pour la majorité. Lorsque par opportunisme, un candidat a glissé une mesure phare lui servant à capturer l’attention de citoyens hagards, c’est pour qu’apparaisse ensuite que la dite mesure sera réduite comme peau de chagrin, ou qu’elle ne s’appliquera que si l’on juge que les conditions sont réunies (et que l’on s’efforcera de ne pas réunir)…

     

    Pour vouloir voter Hamon après toutes les promesses socialistes trahies ; pour vouloir voter Macron avec tout l’exercice de prestidigitation auquel il se livre avec l’appui des médias, dont tout montre qu’il s’agit de raccolage électoral de l’ordre de la fascination pure et simple, il faut avoir chevillé au corps le besoin d’être trompé et dominé.

    L’actualité du « Discours de la servitude volontaire » d’Étienne de La Boétie est telle qu’on la sent irradier le paysage électoral d’un faisceau éblouissant, littéralement aveuglant. Quand pourra-t-on espérer que nos contemporains soient en mesure de discuter, juger, comparer, analyser, et choisir en connaissance de cause, les orientations politiques bonnes pour tous.

    Au milieu de ce bal des vendus, il ne vous reste tous, autant que vous êtes, qu’à convaincre autour de la seule candidature réellement de gauche et alternative, avec un programme réellement travaillé collectivement en profondeur, chiffré et élaboré avec plus de 3000 contributions, avec des ateliers thématiques, à travers une vraie éducation populaire de haut niveau, et qui est un programme réaliste PARCE QUE réellement transformateur et émancipateur : https://avenirencommun.fr/

    Les livres programmes "l’avenir en commun", que j’ai distribués à gauche et à droite sont lus, appréciés, et circulent. Voici le texte de présentation du livre actuellement une des meilleurs ventes depuis son lancement http://www.edistat.com/livre_tarifs.php?ean=9782021317510 :

    Je ne vois, en ces circonstances, pas grand chose à y ajouter :
     
    “Les élections de 2017 en France nous donnent le pouvoir de changer l'histoire de notre pays. Mais aussi celle du monde où il prend place. Prenons nos responsabilités. Qu'ils le veuillent ou non, tous les êtres humains sont confrontés aux mêmes urgences : le changement climatique, la destruction de l'écosystème, la contagion de la misère, l'accumulation insensée de la richesse et du pouvoir dans quelques mains, la ruine de la démocratie jusque dans son berceau, dans cette Europe qu'il faut changer ou quitter. Nous sommes tous impliqués. Ferons-nous nos choix sous l'emprise de la peur et du chacun pour soi ? Ou bien opterons-nous raisonnablement pour l'intérêt général humain ? Cet avenir en commun, voila ce que propose de construire tout de suite le programme de la France Insoumise et son candidat Jean-Luc Mélenchon.”

     

    Et rendez-vous le 18 mars 2017 à la Bastille à 14h, pour la 6ème République, avec Jean-Luc Mélenchon !


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