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    Trouver des formes de vie, de lutte et d’expression émancipatrices adéquates.

     

    Joël Auxenfans. Portrait politique. Peinture affiche. 2017

     

     

    Comme on pouvait le prédire avec une sûreté sans mérite, le « nouveau » pouvoir de Macron n’est donc au final que la continuation et le durcissement des politiques précédentes, celles de Hollande (dans le gouvernement duquel Macron fut tout de même conseiller personnel de l'Élysée, puis ministre de l’économie et des finances !), celles de Sarkozy, et avant cela celles des précédents, hormis, pour une part, la première année du septennat Mitterrand, avant que cernier n’épouse la cause patronale et de la dérégulation (déjà)…

    Les mauvais coups pleuvent à présent et, des droits démocratiques aux droits sociaux, des injustices au creusement des inégalités, de l’emprise des multinationales aux cadeaux fiscaux aux plus riches, de l’indifférence aux peuples autochtonnes aux violences faites aux migrands, du lâchage de l’éducation et des services publics, à celui tout aussi brûtal des collectivités, on ne compte plus les confirmations malheureuses de ce qui était annoncé par Macron dans son imprécision volontaire pour berner les électeurs.

    Dans ce contexte, les trahisons récentes de la production agricole écologique, auxquelles on est déjà si habitués, sont une confirmation de la ligne tracée en haut lieu, en connivence permanente et complète avec les milieux d’affaires.

    Donc Zizek a raison, disant  que « Trier, manger bio, prendre son vélo… ce n’est pas comme ça qu’on sauvera la planète » http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20161229.OBS3181/trier-manger-bio-prendre-son-velo-ce-n-est-pas-comme-ca-qu-on-sauvera-la-planete.html

    Il n’a raison toutefois qu’en partie, pour la bonne raison qu’il semble méconnaître les différentes composantes qui structurent la mouvance bio. La qualité des engagements de vie en agrobiologie des circuits courts, et les incidences de ceux-ci sur la qualité de bonheur immédiat et quotidien des participants devraient être prises en compte. Ces gens, petits maraîchers de centaines de variétés anciennes, petits boulangers producteurs de farines de blés nourriciers, petits chevriers producteurs de merveilleux « crotins » brillent aussi par une vie lumineuse, déjà énoncée par Pierre Rabhi. Et c’est par ce chemin que des changements concrets voient le jour depuis quarante ans, et verront encore le jour, en dépit de toutes les trahisons politiciennes, progressivement, exponentiellement.

    Mais là où je partage l’idée de Zizek, c’est pour dire que malheureusement, seule, une soi-disante vertu consommatrice conditionnée par des règles de conduite bien pensantes et culpabilisantes, apolitiques, ne produira pas le rapport de force nécessaire pour barrer la route aux puissants intérêts des multinationales et aux moyens d’actions disproportionnés dont disposent les lobbies des intérêts financiers et leur capacité à pervertir tout, à contourner tout, à tourner tout à leur avantage au détriment de la survie sur terre.

    Je prend un exemple très urbain pour illustrer cette capacité de la finance privée à pervertir une belle idée pour en faire une pompe à fric : l’aquarium de Paris était autrefois géré par la ville de Paris. Heureux mélange de merveilleux et de pédagogie scientifique de haut niveau, pour un prix modique, il était accessible au plus grand nombre.

    La rénovation par des fonds privés de cet aquarium, laissé à l’abandon vingt ans durant faute de moyens publics, a donné lieu à ce qu’il faut bien appeler un racket et une escroquerie : une famille de deux adultes et deux enfants s’en tirera au guichet pour 64 euros minimum. Et tout, depuis l’accès, plus semblable à un bar disco qu’à un musée, aux ascenseurs délabrés, aux prestations pitoyables et dégradantes de petites animations, dignes d’un jeu télévisé ultra niais, affligeantes pour les personnes sans véritable choix obligées de s’y soumettre pour gagner leur vie, s’impose comme un rabaissement de la mission d’un musée comme des ambitions vis-à-vis des publics.

     

    S’il n’est par redirigé politiquement, par des lois, des mesures radicalement tournées vers un autre paradigme, vers une autre voie plus participative et inventive, le monde sera entrainé entièrement dans cette dérive mercantile, de la santé à la culture, de l’éducation à l’information, de l’alimentation à la recherche, du sport à l’espace, tout sera changé en fric au détriment de la vie possible sur terre.

    En cela, la citation ci-dessous de Zizek est juste :

     

    « La nécessité de civiliser les civilisations elles-mêmes, d’imposer une solidarité et une coopération universelles entre toutes les communautés humaines est rendue d’autant plus difficile par la montée de la violence sectaire et ethnique et par la volonté «héroïque» de se sacrifier (ainsi que le monde entier) au nom d’une cause. Surmonter l’expansionnisme capitaliste, établir une coopération et une solidarité internationales capables de générer un pouvoir exécutif qui transcende la souveraineté de l’État: n’est-ce pas ainsi que nous pourrons espérer protéger nos biens communs naturels et culturels? Si de telles mesures ne tendent pas vers le communisme, si elles n’impliquent pas un horizon communiste, alors le terme de «communisme» est vide de sens."

    Mais d’autre part, si les activistes militants politiques en restent quant à eux aux habitudes de confiscation du pouvoir d’antan, aux ambitions personnelles ou de clans, aux décisions opaques, verticales, à l’organisation pyramidale, au filtrage ou à la censure des informations dissidentes ou peu contrôlables, on n’avancera jamais. Si ce sont seulement des tâches militantes mécaniques qui se répartissent sans que soit cultivée une faculté de réinterprétation personnelle ou locale, sans laisser place à d’autres formes de vie et d’expression, d’initiatives qui ouvrent l’esprit et créent des situations inattendues, on va vers de nouvelles générations de dessèchements collectifs et individuels.

    Si d’autre part, les habitudes de consommation des militants qui veulent changer le monde, restent prises dans les rets des supermarchés et des produits de l’agrobusiness, si le mode de prise d’information reste celui fourni par les médias dominants et par les idées et modèles cyniques qu’ils véhiculent, on ne pourra structurellement rien changer durablement.

     

    Donc c’est à titre individuel que la conscience doit agir et se ressourcer, en se méfiant de la banalisation et de la résistance à l’inconnu et à l’insolite que celle-ci induit. C’est en étant audacieux et artistes à titre individuel, que les citoyens pourront alimenter le « front des luttes » collectives, et non en se limitant aux formes d’action imposées, usitées et non interrogées.

    Bernard Stiegler défend une idée proche, en l’élargissant, au delà des militants, à l’ensemble du corps social, dans cet autre article : https://www.monde-diplomatique.fr/2004/06/STIEGLER/11261

    « (…) Or une « conscience » est essentiellement une conscience de soi : une singularité. Je ne peux dire je que parce que je me donne mon propre temps. Enormes dispositifs de synchronisation, les industries culturelles, en particulier la télévision, sont des machines à liquider ce soi dont Michel Foucault étudiait les techniques à la fin de sa vie. Lorsque des dizaines, voire des centaines de millions de téléspectateurs regardent simultanément le même programme en direct, ces consciences du monde entier intériorisent les mêmes objets temporels. Et si, tous les jours, elles répètent, à la même heure et très régulièrement, le même comportement de consommation audiovisuelle parce que tout les y pousse, ces « consciences » finissent par devenir celle de la même personne – c’est-à-dire personne. (…) »

    Aussi je ne puis qu’encourager tous ceux qui me comprendront à entretenir une forme d’engagement qui maintienne une capacité à (s’)inventer. L’art est-il autre chose que cette faculté, entretenue sans cesse, cultivée et critiquée, réévaluée, de faire différemment, de sentir et voir la vie autrement, de la montrer et de la penser par d’autres moyens, d’expérimenter en revisitant son héritage mais en le vivifiant d’une constante insatisfaction actualisée, selon la sensibilité et le jugement, au gré du déroulement du temps écoulé et des situations changeantes.

    En quoi cette discipline devrait-elle se confiner au limites sociologiquement si étroites du dit « monde de l’art » ? Pourquoi les citoyens ne pourraient-ils pas expérimenter l’art en tant que recherche de soi et d’un regard sur le monde, dans la mesure du possible et dans les moindre aspects de leurs expériences qui leur sembleraient bons ? Et ainsi irriguer d’autres regards, points de vue et énergies, les autres, qui feraient de même de leur côté, individuellement ou collectivement ?

    Où peut s’arrêter cette appétit de créer tous azimuts à l’heure du rappel à l’ordre des intégrismes et des traditionnalismes ? À l’heure aussi des limites que nous opposent les ressources limitées de notre planète ?

    C’est ici que je pointerai une déception quant à la proposition d’Abdennour Bidar, dans son livre « Comment sortir de la religion ? », paru aux éditions La Découverte en 2012. Sur le respect qu’il réclame envers les époques religieuses historiques qui ont façonné le désir des hommes de se surpasser « vers dieu », en produisant un mouvement héroïque de connaisance, je répondrai que les matérialistes, depuis Démocrite, ont fourni un effort d’une qualité au moins égale sans en passer par une soumission à des dogmes religieux et à la hiérarchie sociale que ceux-ci entretenaient.

    Sans parler des centaines de milliers de penseurs ayant des capacités à découvrir des vérités neuves et à inventer, qui s’autocensurèrent pendant des millénaires, de peur d’être tués ou bannis : quel manque à gagner de connaissances et d’acquis scientifiques perdus à jamais nous a fait subir la religion, parce que ces connaissances ne sont pas par sa faute, advenues, ces dizaines de siècles de religiosité institutionnalisée aura coûté à l’humanité ? Je pense en particulier aux progrès médicaux qui n’ont pas pu voir le jour.

    D’autre part, Abdennous Bidar est persuadé que l’idée de homme « créateur » remplaçant le dieu créateur est présent en filigranne dans le Coran ou dans les autres textes monothéistes. Mais il donne à cet homme créateur une dimension exacerbée, inhumaine, quasi totalitaire, et qui ne répond pas à l’exigence de mesure qu’impose l’état de la planète et du climat. Imaginer des humains créateurs de toutes les dimensions de leur existance devient une oppression supplémentaire de laquelle on se passerait bien.

    Je sais combien la création à laquelle on se consacre professionnellement s’adosse en réalité à un ensemble de moyens matériels et de routines indispensables pour pouvoir disposer de la disponibilité d’esprit (relative) pour créer. Les conditions de la création sont entièrement régies par des modalités qui sont par ailleurs peu recrées : payer ses impôts ou faire ses courses, faire la vaisselle ou se laver ne peut chaque fois être l’objet d’une création ou d’une regénération absolues.

    Donc « l’homme créateur », invoqué à longueur d’ouvrage, comme un incantation, par Abdennour Bidar, même si elle est séduisante, est un concept hégémonique s’il impose ce cadre et cette forme unilatérale à tous les humains. Je ne justifie pas l’inégalité des humains envers l’accès à la création, inégalité qui doit disparaître (en respectant les choix et les rythmes de chacun tout de même). Je souhaite qu’elle se comble et j’y travaille, aussi, en tant qu’enseignant d’art en collège. Mais je ne crois pas à un concept d’homme créateur qui se développerait en tous sens jusqu’à la nausée, jusqu’à l’éclatement de l’humain en l’homme qui n’est certes pas constitué que de création continuelle et linéaire. Je crains que cette idée soit-là une exagération simplificatrice des idées de Nietszche.

    Ensuite, la création chez Abdennour bidar semble se porter vertigineusement vers le tout technologique. Il énumère un certain nombre de facteurs évolutifs technologiques susceptibles de transformer la conscience de l’homme, qui me paraissent plutôt inquiétants quant à la définition de l’humain et en particulier du politique, qui en sortirait. Je pense que dans l’humain, il y a aussi une demande de repos, de calme, de contemplation, de jouissance sereine et simple de la vie, qui est loin de cette disruption permanente et totalitaire, ultra soumise au technologique, qui est présentée comme la seule perspective de développement de l’humanité. Le monde a besoin de plus de diversité dans ses moyens de se penser et de proposer des solutions.

    L’agroécologie, par exemple, dont il n’est nulle part fait mention dans ce livre, alors qu’elle est devenue un élément déterminant de la pensée des enjeux et du paysage mondial d’aujourd’hui et de demain, repose sur de toutes autres considérations que la fuite en avant technologisée. Elle repense une relation plus à l’écoute des attentes des divers intervenants entre l’homme, la société et la nature terrestre.

    De même, La pensée de Karl Marx est totalement évitée. Comment penser la sortie du religieux en se permettant ainsi d’omettre ce qu’a écrit de brillant et d’encore valable Marx sur cette question. C’est toute la question même du destin politique de l’humanité qui est ainsi évacuée. Voici un extrait de Marx d’une splendide clarté à propos de la religion :

    « Voici le fondement de la critique irréligieuse : c'est l'homme qui fait la religion et non la religion qui fait l'homme. A la vérité, la religion  est la conscience de soi et le sentiment de soi de l'homme qui, ou bien ne s'est pas encore conquis, ou bien s'est déjà de nouveau perdu. Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait recroquevillé hors du monde. L'homme c'est le monde de l'homme, c'est l'Etat, c'est la société. Cet Etat, cette société produisent la religion, une conscience renversée du monde parce qu'ils sont eux-mêmes un monde renversé. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément cérémoniel, son universel motif de consolation et de justification. Elle est la réalisation chimérique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine ne possède pas de réalité véritable. Lutter contre la religion, c'est donc, indirectement  lutter contre ce monde là, dont la religion est l'arôme spirituel.

       La misère religieuse est tout à la fois l'expression de la misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit d'un état de choses où il n'est point d'esprit. Elle est l'opium du peuple.

        Nier la religion, ce bonheur illusoire du peuple, c'est exiger son bonheur réel. Exiger qu'il abandonne toute illusion sur son état, c'est exiger qu'il renonce à un état qui a besoin d'illusions. La critique de la religion contient en germe la critique de la vallée de larmes dont la religion est l'auréole. [...] La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique."

    MARX, Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel (1843)

     

    Idem pour l’absence troublante, chez Abdennous Bidar, de Pierre Bourdieu, qui déclare pourtant, parmi tant d’autres apports, « l’histoire sociale enseigne qu’il n’y a pas de politique sociale sans un mouvement social capable de l’imposer. »

     

    Enfin tout le processus de pouvoir auquel participe le phénomène religieux au profit d’une hiérarchie sociale incontestée est absenté de l’analyse. Pourtant Bernard Lahire, dans son magnifique ouvrage « Ceci n’est pas qu’un tableau, essai sur l’art, la domination, la magie et le sacré » éditions La Découverte 2015, expose bien comme la construction même de l’ordre divin n’est qu’une transposition imaginaire de l’ordre social en place :

    179 :

    « En Mésopotamie, les assyriologues observent le processus de transposition des réalités du pouvoir vers le monde des divinités. Les dieux apparaissent assez clairement comme des super-rois, des gouvernants qui n’auraient aucune limite à leur pouvoir. Ce sont en quelque sorte des souverains idéalisés, sublimés, absolutisés : « Les anciens Mésopotamiens, pour se figurer les dieux qui représentaient à leurs yeux le sacré, avaient donc simplement transposé l’image de ce qu’ils connaissaient ici-bas de plus haut : leur « classe dirigeante », comme nous dirions, mais en la mettant pour ainsi parler au superlatif. De même que leurs monarques étaient, de part leur fonction et le genre de vie auquel elle les vouait, plus puissants, plus lucides que leur peuple, et menaient une existence d’autant plus insoucieuse et opulente que leurs sujets peinaient et produisaient pour eux, les laissant de la sorte se consacrer sans partage à leur gouvernement, ainsi avaient-ils postulé, à un échelon surélevé, une élite encore plus souveraine, encore plus clairvoyante et dont la vie était d’autant plus sereine et béate que - pour souligner leur supériorité absolue - elle n’avait pas de fin. (J. Bottéro, Mésopotamie, p. 256). »

     

    Enfin, à lire Abdennour Bidar, les sciences sociales et l’art moderne et contemporain (rien de moins !), seraient la cause d’une vision négative et abaissante de l’homme, non conforme à son nouveau dogme de l’homme créateur remplaçant le dieu créateur. Il y a là une forme d’arraisonnement et d’inquisition envers la liberté et tout autant la compétence des milliers de scientifiques et d’artistes qui ont œuvré pendant le vingtième siècle.

    Abdennour bidar applique finalement envers son époque et celle qui le précède juste, la même injustice qu’il reproche à la modernité de la sortie du religieux envers l’héritage du religieux. Comme si il n’y avait rien de légitime et justifié, de simpement existant et fondé dans ce qui s’est produit au cours du vingtième siècle. C’est une position qui repose sur une énorme arrogance, elle-même reposant sur une ignorance simplificatrice de toute cette culture immense, de tout ce vécu humain. Et c’est en quoi, malgré tout le mérite que je reconnais à Abdennour Bidar, sa position me paraît inhumaine et porteuse de nouvelles formes à venir de pensée univoque, de dogme.

    Je pense à « La femme qui pisse » de Picasso, qui nous montre non pas une humanité abaissée, mais une humanité vivante, qui reconnait toutes ses facettes d’existance et qui ose les montrer dans leur simplicité . De même la critique péremptoire de Claude Lévi Strauss et des penseurs des sciences sociales et humaines est le signe d’une incroyable capacité à dénier par avance une légitimité à un moment historique dont Abdennour Bidar est pourtant lui-même le produit. C’est ce qui, logiquement, prive en partie cette démonstration un peu trop systématique d’une vraie pertinence opératoire pour l’humain et pour la terre.

     

     

     

    Trouver des formes de vie, de lutte et d’expression émancipatrices adéquates.

     

    Joël Auxenfans. Plantation artistique de haies avec des agriculteurs bio du Perche ( ici chez Xavier Boullier, boulanger paysan bio à Saint Cyr la Rosière). Projet réalisé avec le soutien de la DRAC de Normandie. 2017-2018-2019. Avec le soutien du Musée du vivant agroparistech http://www.agroparistech.fr/Musee-du-vivant-reseaux-ecologie-et-histoire-d-AgroParisTech.html  et de cittadellarte fondation Pistoletto http://www.cittadellarte.it/. parution du projet sur le site geographies of change http://www.geographiesofchange.net/ . Exposition personnelle sur "les haies", prévue à l'écomusée du Perche en 2018.

     

     

     

     


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  • « Tout le pouvoir aux frelons ! »

    Joël Auxenfans. "Tancrède". Peinture affiche. 2017

     

    C’est l’allusion au célèbre « tout le pouvoir aux soviets » de Lénine, mais ici il est retourné, un siècle plus tard. Une vraie contre- révolution en effet !! Mais cet article pourrait aussi s’intituler « Le MEDEF aux manettes » !

    Que dire en effet du pouvoir en place ? Que c’est le rêve accompli, pour les partisans du status quo capitaliste : on fait, avec tapage, mine de « changer tout », mais c’est pour continuer, autrement et plus durement, la même chose et les mêmes rapports sociaux de domination et de destruction écologique. C’est pourquoi Emmanuel Macron est notre « Tancrède » français.

    Rappelez-vous Tancrède, dans le film et le roman éponyme, « Le Guépard » qui se déroule dans l’Italie du « Risorgimento », la conquête de l’unité du pays qui lui permit de s’introduire pleinement dans la voie du capitalisme. Tancrède, … ce jeune homme vif, ambitieux, d’une ancienne famille aristocratique, mais libéral, qui sait tirer parti des situations nouvelles et remettre parfaitement sur son assise le parti de la richesse, que celle-ci soit roturière, comme son beau-père, ou de la haute noblesse, comme son oncle.

    Aussi Pierre Gattaz peut-il se frotter les mains. Il n’y a plus désormais aucun danger pour sa caste. Tout va se passer pour le mieux. Le FN a bien fonctionné dans son rôle de déclancheur du « précipité » espéré : il n’y avait plus le choix après le premier tour, il fallait voter pour la continuation et le renforcement du capitalisme.

    Les médias présentent d’ailleurs désormais ce gouvernement, constitué d’à peu près tout ce qui trainait auparavant dans des états peu présentables - socialistes, gens de droite -, sous des jours irréprochables .

    Le sens « critique » journalistique, déchaîné pour trainer Mélenchon dans la boue de part et d’autre du premier tour, s’est dissout d’un seul coup. On le peut voir dans cet incroyable copié collé de prose patronale, émanant d’une radio nationale mutée en « Radio Medef » : http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-decryptage-eco/le-decryptage-eco-reforme-du-code-du-travail-macron-prend-il-le-risque-d-une-nouvelle-fronde-sociale_2181725.html

    Ou ici , où l’on ressert les clichés puérils des « chefs à poigne », dont toute la politique se concentre dans une mise en scène viriliste de la poignée de main, enjeu de pouvoir machiste que ne mettent pas un instant en distance critique les médias officiels: http://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/emmanuel-macron-resiste-a-la-poignee-de-main-de-donald-trump-et-impressionne-les-medias-americains_2206622.html

    Un Charlie Chaplin aurait certainement, à moins que ce soit Buster Keaton, trouvé une astuce pour ridiculiser ces effets de manche de gros bourrins : il aurait présenté à Trump, à la place de sa main, un gant en caoutchouc ou une protèse de main, ce qui aurait fait rire tout le monde. Mais ici on ne rit pas du ridicule, on se presse pour admirer les rugosités d’enfant gâté du milliardaire héritié qui désormais dirige le monde. On se prépare à se soumettre politiquement. Nos dirigeants de pays souverains semblent désormais littéralement boire les paroles du nouveau « Kaïd », lui que tous unanimement présentaient avant son élection, comme un personnage grossier et dangereux http://www.20minutes.fr/monde/2075691-20170527-pragmatique-ouvert-g7-macron-fait-assaut-amabilite-envers-trump

    Et pour nous faire passer la pillule, on présente l’épouse du président qui joue un rôle parfaitement convenu de mondaine sous un jour glamour http://www.rfi.fr/europe/20170526-sommet-g7-com-parallele-brigitte-macron

    Pourtant, les coups maintenant vont pleuvoir. Contre le code du travail d’abord. Contre l’école ensuite ; et c’est encore JL Mélenchon qui est rigoureusement le seul à l’annoncer à ce jour : http://www.liberation.fr/france/2017/05/24/melenchon-predit-la-destruction-de-l-ecole_1571906

    Aussi faudra-t-il que le plus grand nombre de députés de la France Insoumise soient élus à l’Assemblée Nationale, car ils seront bien les seuls à pouvoir faire obstacle à tous ces coups sur le pays, les populations et les écosystèmes, et c’est bien leur programme qui, après avoir influencé Hamon (mais cela a-t-il encore la moindre importance ?), pourra influer par la suite dans le bon sens sur le cours des choses.

     

    « Tout le pouvoir aux frelons ! »

    Joël Auxenfans. Alexis Corbière. Peinture affiche. 2017

     

     

     

     


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    Joël Auxenfans. Mélenchon 4. Peinture affiche. 2017

     

     

    C’est un jeu quasi mécanique dans lequel se complaisent efficacement nos élites : nier toute possibilité d’un vrai débat de fond, avec les citoyens, l’ensemble de la société civile, pour élucider et fixer les orientations d’avenir, les choses à préserver, les choses à redéfinir complètement. Créer en somme.

     

    À mille lieues de là, des députés font leur tambouille habituelle : ils mentent sur les promesses non tenues, ils dressent un portrait idéalisé de leur action et de celle de leur clan, ils surfent sur des possibilités d’accéder au pouvoir, ne serait-ce que pour que d’autres n’y accèdent pas qui risqueraient, eux, de changer les choses dans un sens utile au monde.

     

    Je reviens sur le livre de Valérie Cabanes, « Un nouveau droit pour la terre, en finir avec l’écocide », paru chez Seuil en 2016. C’est un ouvrage indispensable pour qui veut comprendre où nous sommes situé dans notre relation à la terre et aux possibilités d’y vivre. Elle dresse un constat détaillé, précis et terrifiant de l’état des dévastations organisées à vaste échelle et de leurs conséquences, dans l’ignorance générale le plus souvent, sur les populations, les enfants, les générations à venir.

    Mais aussi, elle dessine ce que pourrait être un droit de recours juridique de la nature et de ses habitants contre les pollueurs et ceux qui les ont aidé complaisemment à agir en toute impunité.

     

    Et que constate-t-on ? Qu’en effet, sans faute, c’est bien le candidat JL Mélenchon qui a le mieux intégré ce type d’analyse solide, dont de multiples chercheurs, praticiens, témoignages, relevés, concordent à préciser sans cesse le paysage apocalyptique que nous réservons dans notre ignorance à nous-mêmes et à la terre mère.

     

    Il apparaît d’ailleurs clairement ici https://blogs.mediapart.fr/georges-ledoux-lanvin/blog/160417/presidentielles-2017-revue-des-etudes-de-20-ong-et-experts-les-avis-sont-unanimes

    que JL Mélenchon avait de loin le meilleur programme, et que seul l’esprit partisant le plus obtus a pu pousser des partis et des médias dans un tel niveau de déni, sans parler des électeurs, ma foi bien peu en capacité d’avoir une vue qui dépassât leur petit point de vue individualiste.

     

    Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise ont réussi une chose qui est infiniment méritoire : ils ont remis la politique au sens noble au centre de nombreuses conversations, ils l’ont fait briller des feux de l’espoir, de l’intelligence, du désir et cela à soi seul ressemble, dans la terrible nuit intellectuelle de notre pauvre agora étiolée, à un vrai « printemps français ».

     

    Que les rassemblements de la FI aient pu réunir de manière récurrente parfois plus de cinq fois le nombre de participants dans les mêmes lieux que les rassemblements organisés par ses concurrents est en soi un signe. Et il faut toute la malhonnêteté de l’impuissance de M. Hamon pour tenir un discours de déni et de diversion à ce sujet.

     

    Mais voilà, il devient depuis longtemps déjà impossible de parler ou d’écrire politique dans ce pays. Par un tour de passe passe insidieux et revendiqué par ses victimes mêmes, recevoir un courriel politique spontané d’une personne, d’un voisin, d’un collègue, d’un parent ou de n’importe quelle personne environnante est perçu désormais par la plupart de mes contemporains comme un délit, un manque de savoir vivre et même comme une obscénité. Au mieux, on opposera un silence poli, ou bien une réponse dissuasive, voire agressive, en tout cas condamnant sans faute l’outrage à la vie privée ou à la vie professionnelle.

    Et voilà, le tour est joué, il n’y a plus d’agora ! Chose parfaitement analysée par Frédéric Lordon ici http://blog.mondediplo.net/2017-05-03-De-la-prise-d-otages. Car que faisaient jadis les ouvriers, les employés, les salariés, les travailleurs manuels ou intellectuels ou bien les gens dans la rue, les étages, les réunions de quartier ou d’entreprise, un peu partout ? Ils se parlaient politique, ils refaisaient le monde, ils se disputaient ou se comprenaient, s’unissaient enfin pour conquérir de nouveaux droits ou empêcher de nouveaux crimes.

     

    Et c’est ainsi et pas autrement que naquirent les lois sociales. Congés payés, retraite, sécurité sociale, droits syndicaux, droit de vote des femmes, tout cela est né non par la bienveillante condescendance des puissants, mais par l’action collective informée et consciente des gens ordinaires.

     

    Or on dirait que la seule chose que les gens ordinaires aient compris désormais de leur place sur terre est de devenir des être extraordinaires. Et cela (ça ne rate pas) en achetant précisément les produits de consommation que leur présentent les multinationnales et tout le réseau de professionnels du marketting, véritables maquereaux du consumérisme imbécile.

     

    Mais pour le reste, on en reste pudiquement sur son quant à soi ; on se retient de penser et on l’interdit aux autres, que ce soit à voix haute ou à voix basse, et même en sourdine ! Interdit de penser !! vous n’y pensez pas !!?... Penser !!

    Que reste-t-il alors ? et bien, c’est simple : il reste Macron. Ou Le Pen. Circulez, il n’y a rien à voir ! Ni à comprendre ! Et pourtant, qu’est-ce qui nous manque le plus : s’apprendre les uns les autres, et comprendre au mieux la situation pour y apporter les réponses les moins pires, mais les nôtres.

    Pour prendre un exemple de tragédie : en présence d'un génocide, ou dans le cas exposé brillamment par Valérie Cabanes, un « écocide », il faut ne pas détourner sans cesse le regard et la pensée. Il faut au contraire affronter la situation et tenter à son niveau de peser, modestement, même de manière infinitésimale, mais influer. En particulier, et c’est beaucoup plus efficace que l’on croit, en en parlant avec d’autres, beaucoup d'autres. Car rien ne s’est fait de bon autrement en ce monde.

     En en parlant.

    C’est pourquoi dans son livre génial publié chez Fayard en 2016, « L’ordre et le monde, critique de la cour pénale internationale », Juan Branco dit ici une chose fondamentale et énorme :

    « La question traitée s’approche de l’aporie : voir un crime, accepter d’avoir vu un crime, et à fortiori un crime contre l’humanité, c’est se condamner à agir, c’est déjà y participer et s’en rendre complice, même et peut-être surtout lorsque l’on choisit la passivité, le détournement du regard ou tout simplement le refus de l’interprétation[1]. Comment dès lors, seul, prendre le risque de s’exclure du contrat social, et détruire tout ce qui a été patiemment contruit par nous mais aussi par nos proches, en dénonçant ce qui pourrait plus simplement devenir invisible ? Les crimes de masse sont d’autant plus difficiles à assumer que le simple fait d’avoir été membre de la société à ce moment-là implique une participation active ou passive. Ils le sont d’autant plus pour le criminel direct qu’accepter sa responsabilité impliquerait d’accepter celle de dizaines, centaines, milliers d’autres personnes, voire d’une nation toute entière, qui ajouterait à sa honte personnelle celle qui, collective, se déverserait inévitablement en son corps. Et qu’il faut donc, pour s’en dissocier, pour accepter le travail de deuil de son innocence, non seulement rompre nos propres défenses, mais aussi, quand bien même nous ne serions que témoins indirects, témoins du silence, rompres celles qui, collectives, nous unissent à cette société, et prendre le risque ainsi du côté des victimes, des nouveaux barbares, sans pour autant être protégés par elles. Le tout, le plus souvent sans certitudes absolues quant à la justese du combat mené – l’invisibilité organisée empêchant de prouver, parfois de saisir, l’ampleur réelle des crimes – et encore moins son efficacité. »

     

    Par conséquent, ce n’est pas parce qu’à priori on doit se méfier de toute illusion d’être du bon côté même lorsque l’on croit avoir découvert et compris une injustice ou un crime, qu’il faut à priori également renoncer par avance à tout examen critique. Cette haine de la critique, de l’écrit, de l’analyse et de l’argumentation, qui s’est incrustée profondément même chez des catégories sociales formées à en faire un usage quotidien est quelque chose de violent, un vrai crime contre le politique. 

     

    À en croire l’ambiance du tout venant et du plus petit commun multiple des gens rencontrés, il ne faudrait plus nulle part s’exposer à dire ce que l’on pense en apportant des arguments, des éléments d’information, une culture qui se voudrait un tantinet construite et scrupuleuse. On serait condamnés collectivement, littéralement emmurés ou enterré vivants dans une masse de niaiseries et de préjugés fallacieux, épandue à longueur de média officiels sur nos cerveaux réduits à s’aligner comme des rangs de soja trangénique.

     

    Vision morbide s’il en est, que je conjure comme je peux avec cette image ironique (ci-dessous), qui trouverait assez bien sa place dans n'importe quelle salle de professeurs, salle d’atente, hall d’accueil, restaurant, tout lieu en somme où le « peuple » (oh le sale mot !!) se rencontre.

    Mot aussi énoncé par les grecs ainsi : « AGORA ».

     

    L’agora est morte, vive l’agora !!

     

     

     

    Joël Auxenfans. "Espace non politique merci". Affiche. 2017

     

     

    [1] Une expérience personnelle réelle de cet habillage de la réalité est rapportée par Pierre Legendre dans Sur la question dogmatique en occident, où il interroge la portée de ces consensus du silence successif sur les atrocités qui étaient données à voir dans la France de la moitié du Xxème siècle. Elle commence ainsi « Enfant durant la dernière guerre, éduqué dans un milieu familial hostile à Vichy, je me souviens du consensus social général pour ne pas voir ni savoir – un consensus sans mots – ce qui cependant crevait les yeux dans un coin de Normandie occupée : l’existence d’un chantier d’esclaves construisant le « Mur de l’Atlantique ». (p.342)

     

     


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    Horreur totale, ou, comment se mettre dans la tête d’un électeur de Hamon

    Joël Auxenfans. Drapeau "Le Français est tissu de migrations". Production Piacé le Radieux. 250 x 300 cm. 2017.

     

     C’est fait, Hamon a fait le boulot : il a gardé sa candidature en dépit d’un score anticipé trois fois inférieur (7%) à celui de Mélenchon (20%), alors qu’il tançait auparavant celui-ci de se désister pour lui lorsqu’ils faisaient tous deux un score de 10 à 15 %. Donc, règle numéro un de tout socialiste : ne pas faire soi-même ce que l’on exige des autres !

      

    Observation numéro 2 : le programme de Hamon n’avait bien évidemment, et comme celui de hollande cinq ans avant, pas vocation à être appliqué, puisque, lorsque celui de Mélenchon fut en passe de réussir l’élection, Hamon garda pour son seul échec ses 6,35 %, qui auraient pourtant fait passer Mélenchon devant Fillon, mais surtout largement devant Le Pen et peut-être même devant Macron.

     

    L’hypocrisie suprême, véritable marque de fabrique du PS, consiste en ceci : quatre jours avant le scrutin, Hamon déclarait sur les ondes qu’il voterait Mélenchon au deuxième tour, sachant pertinemment que les clés de l’accès au deuxième tour étaient dans sa main, et qu’il ne les donnait pas. Lui et son lieutenant et faire valoir scientifique Thomas Piketty, déclaraient ces balivernes alors qu’ils savaient tous les deux compter : 19 + 6 = 25%, et 25 - 6 = 19% !! 

    Résultat, Le PS peut désormais hypocritement crier au loup contre Mélenchon, alors que c’est bien le PS la cause unique de la présence au deuxième tour du seul et unique choix « Macron-Le Pen ». Tandis que c’est bien UNIQUEMENT la gestion de trahison des promesses du PS, avec Hamon au gouvernement ensemble avec Macron, qui a provoqué la vague Le Pen qui n’a cessé de monter depuis cinq ans. Alors qu’auparavant, Sarkozy, il est vrai par démagogie tacticienne criminelle (mais il n’est pas à cela près), avait réussi à absorber partiellement cette poussée de rage électorale lors du scrutin de 2007. 

      

    Car c’est bien de la rage que nous et nos enfants allons hériter. Celle qui mit Trump au pouvoir aux US, et qui met aux manettes tous les fous de Dieu et autres intégristes religieux ou néo libéraux. Celle d’un processus de destruction des bases de la République et du vivre ensemble, des possibilités de lutter politiquement pacifiquement, de se voir reconnaître les droits à s’opposer légalement à une politique néfaste. 

    Avec Macron et grâce au PS de Hamon qui est resté en travers du puissant mouvement politique innovant politiquement de Mélenchon pour en empêcher la réalisation, la société française voit encore une fois la ruse mensongère du PS : l’un fait semblant par la gauche, tandis que l’autre, à tout hasard, récupère le tout par la droite : et les français, pris au piège, vont encore une fois déguster. 

    C’est à croire que « l’électorat socialiste type », dont un sondage juste avant le premier tour chiffrait, semble-t-il et cela semble logique, à 70% le nombre d’électeurs de Hamon souhaitant un désistement de leur candidat pour Mélenchon, manifestent le syndrome de Stockholm : Ils finissent pas aimer se faire avoir et subir les reculs sociaux que leur imposent leurs chefs. 

    C’est cette aptitude jalousement entretenue à se laisser berner au titre d’un fatalisme atavique de citoyens désactivés intellectuellement que s’accumule ainsi, de quinquennats en quinquennats, des frustrations et des dégradations immenses, mondiales, profondes, très difficiles à contenir et à transformer en combativité citoyenne, pacifique et créative. 

    C’est l’horreur totale ! Du droit pour la Terre (voir l’excellent ouvrage, véritable réquisitoire d’une précision passionnante et très lisible, de Valérie Cabanes « Un nouveau droit pour la Terre », paru en 2016 chez Seuil), totalement nié par Macron, Le Pen et tous les autres. Avec un Hamon juste hypocrite, puisque, s’il avait voulu vraiment répondre à cet enjeu planétaire gravissime, il aurait passé outre ses prétendus désaccords avec Mélenchon pour vraiment changer le paradigme d'exploitation-production-consommation de notre pays et du monde. 

    Avec Le Pen en embuscade,  prête à se jeter sur la société française pour en détruire irréversiblement les ressorts démocratiques avec la bénédiction discrète des marchés financiers. Avec l’Europe et les marchés financiers si sûrs de tirer les marrons du feu quel que soit désormais le résultat en bénissant le Sieur Hamon, auteur de ce superbe échec planifié avec validation de Hollande (premier personnage politique visité par Hamon après la primmaire socialiste). 

      

    Nous y voilà ! Donc, ne pas se laisser « Trumper » ! L’ultra libéralisme de Macron, véritable arme de destruction massive de l’espoir et du progrès social et environnemental, ne doit pourtant pas nous laisser franchir, par Marine Le Pen et le FN, les portes du pouvoir. Car la cinquième République, dont on remarquera que cette candidate Frontiste ne remet rien en question de ses pouvoirs présidentiells exorbitants inventés sur mesure pour De Gaulle et issus du contexte de la guerre d’Algérie de 1958, ne doit pas devenir désormais l’instrument exclusif des fascistes. 

      

    On voit lorsque des nationalistes réactionnaires polonais prennent le pouvoir, ce que cela donne de mesures de répressions imbéciles et contre démocratiques, de violations des droits fondamentaux et de régression, de racisme et de mysogynie. On voit la même chose aux US, mais aussi en Turquie : le pouvoir entre les mains des fanatiques du racisme et de l’obscurantisme rétrograde, c’est une difficculté parfois insurmontable à rétablir la démocratie. 

    Le prix à payer en souffrances et en vies sacrifiées, en répression, en injustices criminelles et en pratiques mafieuses est trop cher payé pour les peuples. Or, le peuple ne doit pas s’affaiblir. Il doit conforter l’immense acquis du résultat de Mélenchon au premier tour. Il doir continuer pacifiquement à continuer l’explication, la pédagogie programmatique de l’avenir en commun qui a encore de grandes marges de progression dans l’opinion. 

    Et cela ne pourra pas se faire sous le joug de la domination violente, contagieuse et sans partage, du FN à l’Élysée et au gouvernement. Elle pourra en revanche continuer à se développer dans un contexte très explicite de l’extension des pouvoir illimités des marchés financiers sur l’économie et la société, sous Macron - l'horreur !! 

    Macron et Le Pen, ces deux hyènes du système que l’on voit sur leurs affiches si sophistiquées pour étourdir et manipuler le peuple http://www.francetvinfo.fr/politique/emmanuel-macron/presidentielle-emmanuel-macron-et-marine-le-pen-devoilent-leurs-affiches-pour-le-second-tour_2162814.html, doivent être également renversées politiquement. Encore faut-il choisir l’option qui nous en laisse le plus pacifiquement les moyens, sans en passer par la guerre civile. 

    Sans être masochiste, je dirais que les régressions fulgurantes que prévoit Macron dès cet été par ordonnances, comme il l’annonce lui-même, seront un excellent outil didactique (bien que violent à tous points de vue), pour alimenter la maturation des idées de l’Avenir en commun, des luttes des salariés et des citoyens pour imposer progressivement des paradygmes tels que la sixième république, la planifiaction écologique, la réforme des médias, la démocratisation du travail, etc… 

    Marine Le Pen ne doit absolument pas passer. C’est comme d’allumer un incendie dans une forêt déssechée pour voir si on est capable ensuite d’éteindre, en croyant que cela provoquerait « nécéssairement » des réactions en chaîne imprévisibles et donc aussi peut-être favorable, par l’ampleur du dégoût : c’est un raisonnement faux, très dangereux, criminel, car les victimes ne sont le plus souvent pas ceux qui s'inventent pour eux-mêmes ces scénarios stupides et irresponsables, qui allument les feux de la violence inconséquente, les victimes sont souvent ceux qui ne savent ni ne peuvent se défendre et souffrent, en masse et individuellement, le martyre dans l'indifférence de la vie quotidienne. 

    La société française explosera sous la violence du FN au pouvoir. Au contraire, on peut pacifiquement changer la société français dans les cinq ans à venir, sans en passer par la case « déflagration » et destruction irrémédiable des liens sociétaux. Certes, il sera difficile, dans l’hypocrisie et la Novlangue « moderne » du jeune loup et des vieux routards du libéralisme qui l'accompagneront dans ce pseudo "renouveau" effréné, de contester une hégémonie médiatique écrasante, mais la France Insoumise a déjà des armes efficaces, susceptibles d’une grande expansion dans les mois et années à venir. 

    C’est cela qu’il ne faut pas inconsidérément laisser détruire par des contextes de violences urbaine et de raids de milices fascistes qui ne manqueraient pas de fleurir dans nos villes, villages et campagnes, sous un régime de « Front National » en pleine possession de tous les leviers du pouvoir. 

      

    Il n’y a pas photo : c’est Macron qu’il faut voter, en vomissant aussitôt après (et même avant si besoin et plusieurs fois même !), et en élisant dans la foulée, les députés pour le combattre : ceux de la FI, du PC, mais certainement pas du PS : on sait maintenant à quoi sert ce parti, comme ces groupouscules puritains de gauche qui prélèvent à chaque scrutin depuis quarante ans, juste ce qu’il faut de voix pour que la majorité ne soit pas atteinte :  à empêcher le changement d’advenir, coûte que coûte... 

      

    Quant à cet électorat (celui du Ps), il aurait besoin de penser un peu hors des automatismes du fameux syndrome de Stockholm : 

    Non, il n’est nul besoin de bénir et de jouir des coups de trique des dominants, non il n’est pas obligatoire de bêler d’approbation ou de consentir perpétuellement et silencieusement aux mensonges et aux trahisons des représentants de l’appareil du PS. Il est possible d’avoir une conscience politique, … et de s’en servir. En ralliant la France Insoumise et militant avec tout son cœur, son intelligence, sa jeunesse (au moins d’esprit, qui peut être perpétuelle, elle ! ) et sa créativité. 

    Le monde en a besoin !! 

     

     

     

     

     

     

    Horreur totale, ou, comment se mettre dans la tête d’un électeur de Hamon

     

     

    Joël Auxenfans. Affiches Mélenchon et Drapeau à l'exposition "Archinature" à Piacé le Radieux, du 8 avril au 8 mai 2017.

     

     

     

     

     

     


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  • Esprit boutique

     

    Joël Auxenfans. Installation d'affiches dans un abri bus. 18 mars 2017, Paris.

     

     

    Sur le parcours du défilé de la France Insoumise pour la sixième République de Jean-Luc Mélenchon ce samedi 18 mars 2017, il était amusant de constater l’intérêt du public pour ma « boutique » d’affiches installée in situ dans un abribus du boulevard du Temple.

     

    Esprit boutique

     

    Sur la partie externe du caisson publicitaire Decaux de l’abribus, j’avais laissé l’affichage des équipes de campagne du candidat, et m’étais contenté de coller la dernière affiche que j’ai pu réaliser.

     

    Esprit boutique

    Joël Auxenfans. Personnes en train de photographier les affiches avant le début du défilé. Ils seront des centaines par la suite. 

     

    Les gens par centaines venaient s’attrouper pour photographier mon affiche, et les autres affiches précédentes, mais ils ne venaient pas pour l’affiche officielle de la France Insoumise. Elle était transparente à leurs yeux. Ils fondaient vers l’abribus pour les peintures affiches, et en particulier pour la petite dernière qui se vendait comme des petits pains.

    Cette affiche est éditée avec l’aide du Centre d’art de Piacé le Radieux http://www.piaceleradieux.com/. Ce centre d’art programme une exposition collective « Archinature », du samedi 8 avril au samedi 8 mai 2017, et m’a invité à y participer.

     

    La « cause » que je défends depuis plusieurs années (si ce n’est depuis plusieurs décennies), du statut de l’image peinte ou de l’affiche dans la cité et dans l’espace politique, trouve là une forme d’accomplissement et de preuve : oui, il existe une alternative à l’affiche de propagande.

    Ou plutôt, oui, il existe, à côté de l’affiche de propagande – du « matériel » comme on dit –, une place et un rôle pour la création d’art d’auteur, singulière, problématique, alternant entre le premier et le second degré, convoquant l’histoire de la peinture et des images, de la politique, …

    Et ce rôle n’est pas nuisible à la mobilisation ou à la « clairvoyance » politique des militants ou du public. Au contraire, il leur assigne un second plan de réflexivité, moins fusionnel avec l’objectif militant, plus proche du doute et de la pensée, plus intime avec la délectation, la médiation, la contempla(c)tion.

    Certes, ces valeurs semblent à première vue éloignées des vertues militantes, d’activisme, d’enthousiame, d’engagement. Mais elles replacent justement ces composantes de la pratique sociale dans un champ plus vaste, plus profond, plus lent à court terme, mais peut-être plus complet et efficace à long terme.

     

    L’équipe de Jean-Luc Mélenchon, avec le travail immense des centaines de participants répartis sur le territoire national, a réussi le pari de réunir une foule considérable, estimée à 130 000 personnes, place de la République. En même temps, les sondages reconnaissent une marge d’erreur dans leurs calculs – rectifiés ou non – qui peut peut faire passer l’estimation du score électoral de Jean-Luc Mélenchon de 10,5 à 18%.

    Pas de quoi justifier en tout cas que Benoît Hamon puisse se croire autorisé de s’arroger le rôle de leader à gauche pour lequel chacun devrait s’effacer d’office. Il s’agit-là d’un abus politicien de plus, après tant d’autres.

    Un tel candidat, qui fut ministre pendant la moitié du quinquennat porteuse de grands moments de régression sociale, qui « rend hommage » au bilan de Hollande, qui donne l’investiture à Myriam El Komri et Manuel Valls, qui « bidouille » telle ou telle mesure d’un concurrent plus pour ménager chèvre et choux que par cohérence, un tel candidat, dis-je, quelle légitimité politique  doit-on lui accorder préférentiellement à Jean-Luc Mélenchon ?

    Voici à cet égard quelques extraits savoureux collectés sur France Info en direct du meeting de Benoït Hamon à Bercy, qui a rassemblé dix fois moins de participants que ce fut le cas la veille place de la République  avec Jean-Luc Mélenchon http://www.francetvinfo.fr/politique/benoit-hamon/direct-presidentielle-regardez-le-meeting-de-benoit-hamon-a-bercy_2101609.html :

     

    « franceinfo

    Notre journaliste Sophie Brunn nous en dit plus sur le changement de ton (souligné par moi NDLR) de Benoît Hamon à l'occasion de ce grand discours parisien :

    "On a déjà vu #Hamon proche des gens, on veut montrer qu'il sait aussi être solennel" explique son entourage."

     "Je suis le candidat de la feuille de paie, du pouvoir d'achat, de la France qui se lève tôt, dont d'autres candidats parlent tout le temps mais ne voient jamais."

    "Candidat du pouvoir d'achat", c'est une formule utilisée par Emmanuel Macron avant Benoît Hamon, mais aussi par Laurent Fabius en 2006. Et "la France qui se lève tôt" est une expression de Nicolas Sarkozy, candidat en 2007. »

     "Soyez le coeur brûlant de la gauche, le coeur battant de la France", retour de la métaphore cardiaque de Benoît Hamon, dont c'est le slogan de campagne.

    "Point "Patrick Bruel" atteint. Benoît Hamon vient de se casser la voix en exhortant les jeunes de France à s'offrir un avenir meilleur, en égrénant une série de prénoms.

    Cela fait penser au fameux "c'est notre projeeeeeeeet" d'Emmanuel Macron. »

    (…)

     

    Que penser d'autre si ce n'est qu’il s’agit-là de pures exercices de formes de langage, de cosmétique et de mise en scène, empruntés à tel ou tel de ses prédécesseurs menteurs, mais absolument pas d’un engagement sincère, cohérent, souverain. Cet homme louvoye avec ses anciens concurrents qu’il veut garder auprès de lui au prix de la clarté, de l’éthique et même du réalisme.

    Ce sont là des calculs d’hapoticaire pour ramener à lui des composantes antinomiques et passer pour l’homme du changement lorsqu’il n’est que celui de la continuité, à la suite du président du « changement maintenant », qui s’avéra un monument de mensonges et de promesses non tenues…

     

    C’est ce que j’appellerai ici « l’esprit de boutique » : tenir son fond de commerce – à savoir sauver l’hégémonie du PS, y compris dans des négociations à venir avec Macron, ancien Banquier chez Rothschild, puis conseiller de Hollande, puis ministre de l'économie... –, en ménageant tel ou tel « client », tel ou tel « appui » prompt à se retourner contre lui à tout moment. 

    Mais de volonté réelle, de contenu réel, de chiffrage réel du programme, il n'y en a point du tout.

     

    Il se trouvera bien quelques benêts pour le suivre afin – but ultime ! – que rien ne change vraiment...

     

     

     

     


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