• Ce que veut l’esprit de bourgeoisie

     

     

     

    Ce que veut l’esprit de bourgeoisie      Ce que veut l’esprit de bourgeoisie      Ce que veut l’esprit de bourgeoisie

     

    Joël Auxenfans. Peintures affiches Mélenchon 1, 2 et 3 (respectivement 2011, 2015 et 2016)

     

     

    Le film « Fahrenheit 451 » (1966) de François Truffaut éclaire sur le degré de prémonition de l’auteur, cinquante ans à l’avance, quant à la dépendance, la vacuité, et la facilitation de la domination auxquelles l’apparition de la télévision dans tous les foyers allait mener les sociétés humaines.

    Il est inutile d’insister éternellement sur les potentialités positivement révolutionnaires de cette nouvelle technologie de communication (à sens unique), si c’est en définitive pour laisser au statu quo la lobotomie télévisuelle, partielle ou totale, qui entraine des masses si considérables, en particuliers d’enfants, dans les affres de l’imbécillité et du zapping permanent.

    Les interdits religieux de penser, agir et lire, des temps anciens à aujourd’hui, rejoignent paradoxalement ceux d’un système capitaliste ultra médiatisé, arque bouté sur la contention des consciences dans l’autocensure et la surveillance réciproque dans la superficialité non critique et non inventive d’autres pratiques et d’autres consommations, d’autres solidarités et d’autres institutions de démocratie directe, d’avance condamnées ou « omises ».

    Cette révulsion désormais bien installée dans de nombreuses têtes, opposée à tout approfondissement - y compris par ce que pourrait être une conflictualité pacifique et constructive -, étanche aux échanges intellectuels, à la documentation et à la pensée, à toute rencontre de connaissances sortant du bouillon quotidien des préjugés semble désormais en passe de « tenir » le monde.

    Que l’élection du président du pays le plus puissant et influant du monde se soit déroulée puis gagnée à partir de la récupération raciste et misogyne des angoisses de déclassement, de la diffusion éhontée de ragots, insultes, insinuations, mensonges, et coups bas, dans un des système les plus « arrosé » de poison télévisuel, confirme cette crainte. Les deux textes ci – dessous, de André Tosel et Slavoj Zizek, parus dans le journal L’Humanité, donnent un bon aperçu de la situation après l’élection.

     

    Ce que veut l’esprit de bourgeoisie

     

     

    Le rôle d’intervenants contribuant d’une manière ou d’une autre à polluer un débat qui n’en est déjà plus un, n’est rien d’autre, sans doute, que l’acmé du sentiment de la liberté individuelle poussé jusqu’à l’absurde. Ici, un affairiste du Web reconnaît trop tard avoir été surpris par l’imbécillité des électeurs réactionnaires qui, révélés majoritaires dans les analyses, ont repris sans le moindre esprit (critique) les canulars véhiculés par son site.

    Ce personnage regrette publiquement avoir contribué ainsi à porter au pouvoir cet affairiste grossier qui a bâti son pouvoir sur une fortune héritée et sur une cupidité plus forte encore que celle de son père : http://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/donald-trump-a-ete-elu-a-cause-de-moi-admet-un-createur-de-sites-de-fausses-informations_1925799.html

    http://www.francetvinfo.fr/monde/ameriques/video-13h15-trump-n-est-pas-du-tout-ce-qu-on-appelle-un-self-made-man_1916035.html  

     

    En France, voir que c’est sur le programme le plus régressif et violemment anti social que les électeurs des primaires de la droite se sont prononcés majoritairement montre bien que l’esprit de la bourgeoisie, qu’elle soit réactionnaire ou néo libérale, règne complètement sur les mentalités d’une grande part de l’opinion.

    Il faut avoir une haine de classe et une idéologie de grand patron vissée au corps et savoir ne pas avoir à en subir directement les conséquences, pour souhaiter en effet un recul supplémentaire de l’âge de départ à la retraite, une disparition des 35 h et la suppression de la durée légale du temps de travail, supprimer 500 000 emplois dans la fonction publique (mais comment allons-nous soigner, éduquer, juger et protéger les gens… ?), 40 milliards d’allégements d’impôts pour les entreprises, disparition de l’ISF, hausse de 2% de la TVA, l’impôt le plus inégalitaire puisqu’il taxe de la même manière les plus pauvres et les plus riches, etc, … http://www.francetvinfo.fr/politique/les-republicains/primaire-de-la-droite/quel-est-le-projet-choc-de-francois-fillon_1890961.html ou http://www.francetvinfo.fr/politique/les-republicains/primaire-de-la-droite/salarie-contribuable-si-francois-fillon-devient-president-voici-ce-que-ca-changera-pour-vous_1931293.html

    Comment peut-on comprendre que des gens puissent vouloir qu’il y ait plus d’élèves (encore) dans les classes de la maternelle à l’université, encore moins d’infirmières ou de médecins hospitaliers, encore moins de douaniers pour coincer les grands fraudeurs fiscaux, encore moins de jeunes chercheurs (qui partent au Etats-Unis qui récupèrent, eux, presque gratuitement, la crème du système scolaire français), moins de projets culturels, éducatifs, associatifs, d’insertion, de protection de l’enfance et de l’adolescence ?

    C’est qu’ils se sentent appartenir à une autre sphère sociale que celle des gens ordinaires (voyez ce cynisme), et veulent aussi, par vengeance idéologique, rabaisser les rêves de liberté de ceux qui ne sont pas des riches. Vaccinés très tôt contre toute velléité d’aspiration à changer le monde, ils pèsent pourtant, par inertie ou par violence conservatrice, d’un poids inouï sur les destinées de la planète.

    Ces idées de droite, issues des intérêts de la bourgeoisie, permettent de fausser les explications et déporter les colères vers des boucs émissaires, solutions simplistes et injustes, inefficaces, sources d’enchaînements de souffrances multiples, puisque ce sont les mêmes recettes appliquées depuis des décennies qui produisent la société que nous connaissons, injuste, de plus en plus violente, polluante, inhumaine… Le mot « social » n’existe pas pour ces gens-là - électeurs comme candidats de droite - , seule compte la « France d’en haut », les très hauts revenus.

    Les gens semblent programmés pour bénir les milliardaires comme des divinités, et protéger davantage ceux qui sont déjà les plus dotés, ceux qui prospèrent sur le délitement de la société, qui ne recourent, par leur richesse lucrative accumulée par fraude et abus de position dominante, qu’aux prestations de sociétés privées de luxe, et qui s’entourent des meilleurs conseillers pour gruger le budget de l’État.

    Il suffit de longer un lycée religieux privé de Neuilly pour comprendre qu’il s’agit d’un autre monde, avec des moyens luxueux, hors du commun, une sélection par l’argent phénoménale, pour réserver aux bonnes places de pouvoir une jeunesse dorée qui jamais n’aura rencontré le monde social divers et réel, ni la vérité des souffrances sociales.

    Cette jeunesse arrogante et insensible aux autres, portant en elle une haine viscérale du peuple, vivra toujours dans ses propres mythes de suprématie « naturelle » et son culte du privilège intouchable. Elle est composée d’héritiers de grandes fortunes, entièrement sauvegardés par l’ordre des choses de cette société fondamentalement inégalitaire, travaillant uniquement à sa reproduction occulte au cours des âges.

    Dévoiler cette prédation et cette imposture perpétuant un ordre immuable de violence sociale, subi par des millions de victimes silencieuses, transparentes, invisibles, et s’entre déchirant par les haines raciales et la division, voilà indirectement à quoi travaille la sociologie et l’économie politique. Voilà pourquoi elles sont pour cette raison si mal vues dans l’idéologie dominante.

    Le sociologue Bernard Lahire, auteur de « Ceci n’est pas qu’un tableau, essai sur l’art, la domination, la magie et le sacré » (éditions La Découverte 2015), montre les mécanismes par lesquels se développent des sacralisations et des phénomènes de magie et de soumission aux dominants et aux règles en place. « État des lieux » hérité, transmis d’une génération à l’autre, difficile à identifier et à désamorcer, comme ici (p. 61) :

    « Lorsque nous agissons et pensons, nous nous cognons contre les barreaux d’une cage invisible constituée par tous les allants de soi que l’histoire nous impose sous la forme d’états de faits et de catégories de pensées impensées.

    Si la situation historique dans laquelle nous évoluons est comme une sorte de bocal dans les limites duquel les hommes inscrivent leurs actions, ce bocal n’est que le produit cristallisé, sédimenté de l’histoire. Commentant la démarche de M. Foucault, Paul Veyne affirmait : « Nous pensons sans arrêt à l’intérieur d’un bocal et ce bocal nous ne savons même pas qu’il existe. (…) On n’en perçoit pas les parois. (…) Quel est, à chaque époque, le bocal que les gens de cette époque ne voyaient pas et qui limitait leur pensée. » Le chercheur peut contribuer à mettre au jour cette histoire qui saisit le vif, sans même que les hommes du passé et du présent, qui en sont pourtant bien les producteurs réels, en soient toujours conscients. Même s’il n’est pas totalement atteignable, le but ultime de notre recherche consiste à tenter de sortir en imagination du bocal et à commencer à le décrire de l’extérieur. »

    (…)

    « Baruch Spinoza disait que le sentiment de liberté provenait du fait que les individus sont investis dans leurs actions et sont dans la conscience de leurs actions, de leurs désirs, de leurs objectifs immédiats, plutôt qu’ils ne soient dans la conscience de ce qui les détermine à faire ce qu’ils font et à le faire comme ils le font. Dans la scolie 35 de l’Éthique, Spinoza écrit : « Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; car cette opinion consiste en cela seul qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes qui les déterminent. Leur idée de la liberté consiste donc en ceci qu’ils ne connaissent aucune cause de leur action. Ils disent certes que les actions humaines dépendent de la volonté, mais ce sont là des mots et ils n’ont aucune idée qui leur corresponde. » »

    Ce qui interroge ici, dans le cas de l’esprit de la bourgeoisie, est le degré d’assentiment à l’ordre de domination en place auquel des citoyens ordinaires ne vivant pourtant pas dans un luxe éhonté, sont capable de souscrire sans rien remarquer, en se sentant comme un poisson dans l’eau, ou plutôt comme un poisson immunisé dans le poison de l’inhumanité.

    L’art, dans ce système de domination, joue un rôle structurel, à égalité avec le religieux et inscrit chacun à une place dans une hiérarchie économique et politique, administrative et culturelle. Il est en effet presque impossible, ayant passé par les expériences et les rencontres préparant cette admiration, de se soustraire ensuite au sentiment de vénération devant la grandeur des « œuvres » d’art.

    Pourtant, cette valeur provient d’un foisonnement d’interventions sociales complémentaires (du galeriste, au directeur de musée, à l’historien d’art, au journaliste, au cabinet d’expertise, au collectionneur, au commissaire priseur…) construisant, par sédimentations successives, par tensions et activations lors de phases ascensionnelles ou au contraire de baisse, la célébrité, l’importance relative de telle ou telle production.

    Parfois cette réputation se cristallise avec de brusques réajustements, comme avec ce tableau de Poussin « La fuite en Égypte », (sujet de départ du travail du sociologue), et dont le prix de vente, entre sa découverte chez des particuliers qui en ignoraient l’auteur et son acquisition par le musée des Beaux Arts de Lyon à grand renfort de publicité, de souscription et de mécénat, est passé en peu de temps de 12 000 à 23 000 000 d’euros (douze mille à vingt trois millions d’euros).

    Le détail du tableau reproduit sur la couverture me laisse en effet profondément admiratif. J’y scrute des effets de peintures superbes, un jeu savant, solide, et souple à la fois. J’y retrouve la facture modelée de Poussin, que j’ai étudiée tant de fois dans les musées et les livres, à la fois d’une incroyable subtilité et d’une rusticité particulière. Elle modèle avec une franchise, une hauteur, une noblesse inouïe, une construction des rapports entre les parties qui se répondent, les scènes et les chairs, les paysages et les architectures, les compositions et les allégories, les ciels et les drapés, les références antiques et la plasticité…

    Le même effet de supériorité est irrésistible pour moi devant un dessin ou un pastel de Jean-François Millet, pour des sujets autrement modestes, paysans, paysages de fermes et de champs, humbles au plus haut point et pourtant grands dans leur solidité picturale. La présence sensible du peintre au vécu intime de la scène représentée imprime au spectateur une sensation de profonde vérité, d’honnêteté désarmante.

    Mais en resterais-je à cette admiration béate, que cela me priverait de mon propre pouvoir d’avancer aujourd’hui dans ma propre vie. Le sentiment de nostalgie, d’impuissance à égaler les « anciens », provoque certes un moteur à la sublimation, mais il est indispensable, pour notre survie de personne comme pour toute création, de ne pas se référer mécaniquement et obsessionnellement à l’exemple illustre.

    Les classiques pourtant partaient faire leur « voyage à Rome » pour étudier d’après l’antique et d’après les maîtres de la Renaissance. Poussin lui-même séjourna très longtemps à Rome et son œuvre est très marquée par la lumière de cette ville. Cette dette envers les anciens va ainsi accompagner une grande partie de la destinée de la peinture européenne. Mais elle n’empêcha pas Poussin de produire une avancée coïncidant à son époque.

    Les impressionnistes surent casser ce mythe de la référence à l’antique qui déterminait la manière et la pensée des académistes, des peintres pompiers. Jean-Baptiste Camille Corot est peut-être, à ma connaissance, (et hormis Balthus au vingtième siècle, mais de manière plus maniériste), le dernier peintre pour qui l’influence de Rome a été bénéfique et lui est restée en sourdine dans son œuvre française ultérieure. Il devint évident que la société évoluait et appelait une ouverture à d’autres sources d’inspiration.

    Au stade précédant l’invention de l'écriture, il a été demandé aux centaines de générations qui se succédèrent pendant des milliers d’années, de reproduire oralement les idées et les gestes des anciens, de répéter les contes, les mythes, en les modifiant le moins possible, car cela était interdit par le système de croyance et de magie dans lequel se développait l’ensemble de la société humaine, en immersion dans un mélange de pouvoirs religieux et magiques, transmis de père en fils.

    Et c’est là peut-être une objection minime à faire au film de Truffaut Fahrenheit 451 : il fait reposer, dans sa critique de la télévision, l’avenir de la civilisation sur une capacité à mémoriser et reproduire des œuvres littéraires existantes. Il n’évoque pas la création et l’interprétation comme des ressources. Mais ma critique ne porte pas ici sur le film, qui me paraît parfaitement équilibré et pour lequel cette critique n’apporte rien, mais sur la logique philosophique qui le sous tend.

    Ce fonctionnement a été pendant de courtes (comparativement) périodes remis en cause, lorsque, par exemple, apparurent les religions monothéistes, périodes pendant lesquelles il fallut bien faire preuve chaque fois de construction de formes liturgiques, de pensée mystique, puis d’exégèse des multitudes de textes écrits et en coexistence, afin de construire un corpus dogmatique homogène et cohérant, ce que fit par exemple Saint Jérôme parmi d’autres pour la bible, ou d’autre chefs religieux pour le coran.

    Ils le firent chaque fois dans des conditions historiques précises et avec des intérêts et des vues claires sur les rapports existants entre des parties de la société en conflit à leur époque, avec une visée autant politique que spirituelle, l’un façonnant l’autre et réciproquement.

    Ali Mezghani, dans son ouvrage remarquable, L’État inachevé ; la question du droit dans les pays arabes. (NRF Gallimard 2011), explique comment d’un moment de recherche et de création du dogme, on en est arrivé rapidement à une phase de pétrification dans l’interdit et le caractère intangible et indiscutable de celui-ci. Ce phénomène est apparu dès le Xème siècle pour l’Islam, mais il exista puissamment aussi pour les chrétiens ou les juifs et tous ceux qui vivaient sous leur domination, à savoir une interdiction totale d’interroger, de soumettre à l’examen de la raison(Il suffit de se rappeler la "Dispute avec la Sorbonne" de Rabelais)  les grandes questions humaines et de la connaissance.

    P 93 :

    « Dans son rapport au social, la religion est en adéquation avec la société traditionnelle. L’une recoupe l’autre : « qui dit religion dit en dernier ressort un type bien déterminé de société, à base d’antériorité et de supériorité du principe d’ordre collectif sur la volonté des individus qu’il réunit (Gauchet). » La société traditionnelle, dite aussi aristocratique, est fondée sur le principe de l’inégalité des conditions, c’est-à-dire de la hiérarchie, de la dépendance, la communauté l’emportant sur l’individu, et de l’hétéronomie. Les lois ne sont pas perçues comme venant d’un pouvoir humain mais de plus haut, d’une puissance extérieure et supérieure. La hiérarchie ne se limite pas aux membres de la communauté. Elle est externe, et le pouvoir humain s’exerce au nom de Dieu ou de la nature. Une telle société se caractérise sur l’indissociabilité du naturel (ou du divin) et du normatif. Chacun de ses membres doit y devenir ce qu’il est de naissance, en raison de sa nature ou de ce que Dieu a décidé pour lui. Ce qui est naturel, ou voulu par Dieu, devient normatif, en ce qu’il est question de soumission à des normes, des fins, des modèles. Tout y est question de statut. Les êtres ne sont pas des individus indépendants. Ils n’ont pas de droits, mais des parts. L’essence de chacun est normative. L’ordre auquel chacun est soumis le précède et lui préexiste. Il lui appartient seulement de le perpétuer. Puisque la loi est d’origine suprahumaine, le monde des normes est immuable. « Dans la société traditionnelle, la voie de la normalité est toute tracée ; il ne reste que le choix de s’y conformer ou d’accepter d’être au ban », écrit justement Antoine Garapon. »

     

    Ce rapport de domination des censeurs et des religieux dogmatiques sur le reste de la société, et en particulier sur les savants de l’époque, valut à l’humanité de ne pouvoir développer, comme il aurait été pourtant possible intellectuellement, des connaissances précieuses dans tous les domaines, faisant prendre un retard immense au savoir humain. Les penseurs matérialistes depuis Démocrite, Lucrèce et Épicure, eurent à faire face à un acharnement haineux des tenants de la pensée magique et spiritualiste. Tous les savants du moyen âge au 18ème siècle, durent s’auto censurer ou se cacher s’ils ne voulaient pas périr, être bannis et voir leurs écrits brûlés.

    L’autodafé est le centre de Fahrenheit 451 de Truffaut, comme le symbole même de la tyrannie. Et ceux qui brûlent sont obéissants aux ordres de ceux qui veulent conserver jalousement une ignorance totalisante sur la société. Il est interdit d’ouvrir une brèche dans le dogme, oser dire qu’il pourrait en être autrement, que les choses pourraient être interprétées autrement, voilà le plus grand crime aux yeux des intégristes d’hier et d’aujourd’hui.

    Avec pour corolaire inséparable l’idée que la société est inégalitaire : il y a soit, dans les sociétés sans État, les anciens et les hommes dominants, opposés au jeunes et aux femmes dominés. Soit, dans les sociétés structurées en État, il y a des sociétés par classes, hiérarchie de statut social, dans lesquelles les religieux, le magique et le statut social se confortent réciproquement pour maintenir un état de domination indestructible.

    Or, comme l’écrivait Montesquieu, cité par Ali Mesgani, une société démocratique « ne consiste pas à faire en sorte que tout le monde commande ou que personne ne soit commandé, mais à obéir et à commander ses égaux ». Montesquieu ajoutait que le véritable esprit d’égalité » ne cherche pas à n’avoir point de maître, mais à n’avoir que des égaux pour maitres ».

    Je crois donc que les interdits de critiquer le système capitaliste et de penser des alternatives font jeu égal aujourd’hui, dans notre monde, avec l’interdit de se démarquer et de s’émanciper du dogme religieux quel qu’il soit. Il s’agit, contrairement aux apparences, de deux faces d’une même crispation sur le pouvoir des peuples et des gens de décider de leur avenir et de leur façon de vivre.

    Ainsi, Trump impose de continuer la course folle à la destruction planétaire pour le profit capitaliste de quelques-uns. La droite française est dans la même logique de déni et de régression autoritaire, au profit d’une minorité de rentiers milliardaires. Cela montre tous les aspects d’une tyrannie planétaire. L’autre face, l’intégrisme religieux, existe aussi bien avec les anti avortement, ceux qui prêchent pour la haine de l’autre, la soumission des femmes dans leur corps et leur esprit, qui interdisent à quiconque d’exprimer ou de penser sa manière de voir.

    Les violences multiformes et croissantes auxquelles donnent lieux ces dominations locales et mondiales, demandent que s’éveillent d’autres voix, plus nombreuses, ouvertes, réfléchies, pacifiques et non sectaires pour des choix diamétralement opposés à la prédation et à la destruction, à la fossilisation, à la fermeture, à la catéchèse et au matraquage des esprits.

     

     

     

     


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