• Design de la destruction, Design de la construction.

     

     

    Le lien suivant http://fr.made-in-china.com/category23_Lights-Lighting/LED-Bulb-Light_issgsussss_1.html accumulant les produits d’éclairage basse consommation venant exclusivement de Chine, montre le type même d’aberration écologique des décisions bureaucratiques de nos gouvernants, mâtinée d’une hypocrisie parfaitement stupide : demander aux populations de massivement renouveler l’éclairage pour les leds, basses consommations, ou panneaux solaires, alors que l’ensemble de ces systèmes proviennent à 100% de la Chine et est importé par porte containers sur les océans en des périples de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres sans cesse, est tout simplement criminel. En terme de souveraineté technologique, commerciale, en termes de cotisations sociales et retraites, d’emploi, de qualification, de richesse nationale et en terme d’environnement, l’économie prétendue faite par les basses consommation est passablement diminuée sinon complètement annulée par les destructions environnementales en Chine, et par le transport constant par grands trafic internationaux.

    Comment imaginer qu’aucun gouvernement en France n’ait eu l’idée de considérer ces enjeux comme stratégiques écologiquement, économiquement pour en faire une cause nationale d’utilité publique justifiant de miser quelques milliards (non pas pour les jeux spéculatifs du milieu financier parasite, obsédé par la richesse lucrative au point d’oublier complètement la valeur d’usage) pour créer une filière nationale du led, de la basse consommation, des panneaux solaires ? Nous avons d’excellents ingénieurs, des gens extrêmement capables, mais ils ne travaillent plus la réalité physique de la production et de la recherche développement en France. Tout a été délocalisé avec les encouragements législatifs des gouvernants. Il serait parfaitement possible et rentable de construire une filière nationale de l’économie d’énergie que nos voisins européens nous achèteraient, si l’on rapportait réellement sur le prix de vente des produits importés de Chine le coût environnemental, social et économique de leur importation massive.

     

    Autre exemple : toutes les pompes à vélo à pied présentes sur le marché viennent de Chine. Quoiqu’en disent les marques, tout vient de Chine. J’en ai eu la preuve par un produit présenté sur un site comme produit en France, de marque Zefal (http://www.zefal.com/fr/) , marque qui fabrique encore effectivement beaucoup de ses produits en France, mais plus ses pompes, afin de s'aligner sur les mêmes choix des concurrents. Il faut savoir que le prix de vente d’une pompe à pied classique (vendue au client une cinquantaine d'euros) pour un fabricant qui vend à des grosses enseignes ou à des sites en ligne est de 7 €. Cela rend presque impossible de produire à ce prix en France, mais cette marque va essayer néanmoins, avec difficulté, de rapatrier une partie plus importante de ses productions.

    Car le design de ces matériels, avec une esthétique brillante, jouant sur des bandes, des chromes, des peintures, demande en fait un travail fait main pour poser les caches, les changer entre chaque passage de couleur, ce qui est fait en Chine dans des conditions de travail et de respect de l’environnement que l’on m’a avoué n’être pas « ragoûtantes ». Est-ce à ce prix que l’on veut absolument en France se laisser étourdir par des effets graphiques séduisants. Produire en France demanderait de supprimer cette esthétique « design », d'aller à l'essentiel. Mais n'est-ce pas précisément cela l'art, le design, l'objet qui a du sens ?

    Le Design, est-ce anéantir l’économie locale, les savoirs faire, et l’environnement ? Je dis au contraire que le Design est ici alors d’oublier ces fausses esthétiques narratives de fictions et produisant des réalités sordides. Ce design actuel est maladif, dévoyé, c'est un design de destruction qui abuse le consommateur. Il faut assumer l’économie réelle du design pour qu'il se relocalise, et exiger par ailleurs que l’État joue son rôle de coordonnateur des activités cohérentes, productrices de souveraineté industrielle, technologique, scientifique, alimentaire, sanitaire, culturelle, …

     

    Autre exemple : les casques Bios http://www.bios-pro.com/  sont conçus avec de petits moyens mais avec un grand niveau de compétence, en particulier neuro chirurgical. Il me reste à savoir si ce produit est fabriqué en France, ce qui n'est malheureusement pas certain, et que je viens de demander à l’entreprise par courriel (confirmation récente par réponse de l'entreprise: la fabrication se fait bien en France). Le design de ce produit ne raconte pas d’histoire comme la plupart des casques à vélo, souvent fuselés au point que l’on croit avec son casque, fendre l’air par notre vitesse à bicyclette, même à l’arrêt ; il manque juste les « flammes » et les « super pouvoirs ». Nous aimerions, à l’image de cet exemple, que le monde de la production d’objets cesse de se raconter des histoires de superpuissance qui anéantit tout alentour, l’intelligence y compris. Il faut que les designers - par exemple du design automobile, caractéristique d'une esthétique maniérée de fin de règne -  arrêtent de s’inventer des imbécilités, qu’ils reprennent pied dans la réalité de l’économie écologique locale et globale et travaillent à des solutions qui soient économiques PARCE QU’elles sont écologiques. Les univers rapportés de Spiderman de la route sont des fables pour des demeurés ; il faut les abandonner et se tourner vers le vrai processus vivant et viable du social, de l’économie durable, du respect des ressources limitées, de l’environnement, des circuits courts, de la re localisation, de la limitation du changement climatique aux effets prévisibles cataclysmiques.

     

    À quel détournement de la pensée des fondateurs du design - les artistes du Bauhaus -  assistons-nous depuis des décennies ! Déjà Raymond Loewy avait-il déjà très tôt dévié le design hors d'une visée sociale, vers une dimension consumériste, au service des intérêts des grandes compagnies au détriment de l’usage éclairé des choses. Un mythe de l’homme moderne supérieur s’est ancré dans les mentalités par une succession inépuisables de messages publicitaires puérils et irresponsables, faisant oublier dans quel contexte planétaire limité et socialement profondément inégal et injuste s’effectuait cette accélération exponentielle des dépenses de consommation, y compris culturelles ou de loisirs.

     

    À présent, il reste à prouver individuellement et collectivement, certains le font depuis longtemps, que la sobriété est heureuse, parce que se jouant dans la limite du possible, du supportable par cette planète. C’est cela, le vrai design de l’avenir à inventer, ce n’est pas malheureusement cette foule de salons mercantiles qui tentent de maintenir un ancien régime de consommation orgueilleuse et du court terme. Un artiste mondialement reconnu comme Michelangelo Pistoletto, http://www.cittadellarte.it/, bien qu’au faîte de sa reconnaissance internationale, infléchit progressivement ses objectifs vers toujours plus de responsabilité sociale et environnementale, ce qui me paraît un choix non seulement très sensé, mais absolument indispensable, qui doit être universalisé.

     

    Pour ma part, les projets que je développe depuis plusieurs années ( www.legymnase.biz ) s’engagent de plus en plus fortement dans cette responsabilité. Le projet actuel pour le chantier de Réseau Ferré de France pour le prolongement du RER E à l’ouest, se fait exactement avec cette exigence et j’aurai l’occasion d’en reparler dans quelques temps j’espère. J’affirme qu’il est préférable pour de grands projets artistiques contemporains, de ne pas s’enivrer de grandiloquence et d’arrogance. Il faut rechercher une échelle de projet qui crée une autre acoustique que celle de l’énormité des puissances technologiques futuristes libérées universellement tous azimuts ou encore des effets cumulés des prestiges des collectionneurs, souvent de sordides arrivistes malades de cupidité cumulative et d'indifférence au sort du monde réel.

    Un besoin profond de mesurer l’avancée des progressions mondiales à l’échelle d’une vie vécue, savourée et non plus subie au nom de la course à la rentabilité lucrative, se fait jour dans les populations. Celles, ultra miséreuses, des pays où ont été délocalisées la totalité des productions de biens manufacturés, mais celles également des gens ayant une illusion de liberté par des revenus qui leur font échapper à la détresse totale et permanente des indigents. Il y a une solidarité mondiale à créer entre tous les gens qui, diversement, travaillent trop à des objectifs dont ils n’ont aucune maîtrise personnelle, en particulier la course aux taux de profitabilité ahurissant des actionnaires eux-mêmes parfaitement stériles sur le plans productif. Mais aussi ces milliards de destinées qui subissent comme jamais dans l’histoire de l’humanité cette inégalité et cette violence économique.

     

    Les seuls actuellement qui parfois parviennent assez bien à garder une relative maîtrise du sens de leurs activités quotidiennes, sont les petits paysans en agro écologie qui fonctionnent en circuits courts, comme par exemple (parmi beaucoup d'autres qui ne courent pas les plateaux télé) les gens passionnants et charmants du collectif percheron http://collectifpercheron.fr/ dont les productions sont remarquables et abordables; ou comme cette petite famille qui restaure à la frontière du Tarn et de la Lozère, une forêt de vielles espèces de châtaigniers à très forte valeur gustative http://kokopelli-semences.fr/boutique/recherche?rech=Crème+de+marrons+&search_only=Chercher+dans+“Divers”&type_id=241 (extrait de la newsletter de Kokopelli ) «... Commençons donc cette aventure avec une jeune famille vivant de la petite paysannerie : Laurianne, Colin et leurs deux, bientôt trois, petits enfants. Installés à Lamelouze dans la Vallée du Galeizon, vallée Cévenole sauvage et préservée, ils y ont acquis des terres peuplées de châtaigniers depuis des siècles. Ils restaurent, petit à petit, leurs vergers qui ont quelque peu souffert du temps et de l'empreinte de l’homme. Ils récoltent néanmoins, déjà, des variétés anciennes traditionnelles et originaires de la vallée, la Figarette et la Pellegrine reconnues pour leurs qualités culturales et gustatives. Lauriane et Colin travaillent en tenant compte des besoins de leur environnement proche : chaque arbre a son importance. Ils sont profondément convaincus de l’importance des produits locaux et de la nécessité de faire redécouvrir la petite paysannerie qui, assassinée par l’agro-industrie, a tendance à disparaître de nos campagnes. Ayant fait le choix de l’agriculture biologique, les produits du “Jardin Lauriane et Colin Atlan” sont tous certifiés par Nature et Progrès... » J’ai appelé au téléphone cette famille pour la complimenter pour la saveur unique, légèrement fumée, de cette crème de marron. La jeune femme qui m’a répondu, sans doute Laurianne, polie et modeste, devait me trouver un peu fou dans mon enthousiasme de citadin. Toutefois, j’ai senti que cette femme était habitée d’une évidence pour ce qu’elle entreprend avec son mari et ses enfants.

    Je suis convaincu que l’art a son propre rôle à jouer, qu’il doit trouver lui-même et par des partenariats, pour accompagner ce mouvement souterrain, qui renaît, de ci de là, au sein de l’exubérante folie mondialisée de la crise multiforme que nous subissons.

     

     

     


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