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    Vandalisme écologiste

     

    Joël Auxenfans. Affichage à l'entrée de Paris + Art Basel. 2022.

     

     

    Vandalisme écologiste

    Joël Auxenfans. Affichage au sein d'un défilé contre la vie chère et l'inaction climatique, octobre 2022.

     

    Nous nous trouvons au coeur d'un problème fondamental de l'art, de l'éthique et de l'efficacité politique. Des milliards d'Euros s'échangent au sein du marché de l'art pour consolider sans cesse davantage le décrochage des ultra riches d'avec le reste de la population et de la vie planétaire. La foire Paris + Art Basel en est l'expression ultime, encore plus sécurisée que les précédentes foires d'art contemporain parisiennes, Paris servant vraiment d'hébergement aux transactions spéculatives les plus éhontées entre soi d'un monde totalement indifférent à la crise sociale et climatique, à un point qui n'a pas d'équivalent d'échelle dans l'histoire. Cette situation est d'une obscénité absolue.

    Mes modestes interventions par affichages au sein d'évènements politiques ou culturels ont certes le mérite d'une certaine élégance discrète, "subtile", mais je reconnais leur relative inefficacité pour avoir un impact médiatique à la hauteur de l'importance du message. On dirait un chant murmuré, visant l'harmonie, dans le fracas de l'apocalypse. 

    D'autres ont choisi d'attaquer plus frontalement et de manière plus spectaculaire, en prenant personnellement aussi plus de risques. Voici quelques exemples trouvés dans les médias : 

    https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/video-autriche-des-militants-ecologistes-aspergent-un-chef-d-oeuvre-de-klimt-de-liquide-noir_5478390.html

    https://www.europe1.fr/international/climat-deux-tableaux-de-goya-vises-par-des-militantes-ecologistes-4145518

    https://www.lequotidiendelart.com/articles/22161-en-grande-bretagne-des-activistes-du-climat-se-collent-aux-%C5%93uvres.html


    https://www.connaissancedesarts.com/arts-expositions/londres/grande-bretagne-des-militants-ecologistes-se-collent-a-des-chefs-doeuvre-pour-alerter-sur-le-climat-11175073/


    https://www.connaissancedesarts.com/artistes/claude-monet/un-tableau-de-monet-attaque-a-la-puree-de-pommes-de-terre-par-des-militants-ecologistes-11177595/


    https://reporterre.net/Un-tableau-de-Botticelli-mobilise-pour-denoncer-l-inaction-climatique

    https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/10/27/la-jeune-fille-a-la-perle-prise-pour-cible-le-tour-de-france-interrompu-la-montee-en-puissance-d-un-activisme-ecologiste-pret-a-choquer-pour-mobiliser_6147627_3246.html

    Vandalisme écologiste

    Vandalisme sur un tableau (protégé) de Gustav Klimt (presse 2022).

     

    Ma réflexion sur ces actions ouvertement vandales envers des chefs d'oeuvres de l'histoire de l'art est mitigée : 

    Premièrement jusqu'à preuve du contraire, si ces actions sont ouvertement vandales, elles se placent sur un plan uniquement symbolique. Aucune oeuvre n'a été vraiment abîmée. C'est essentiellement l'image de l'oeuvre abîmée qui est recherchée et produite par ces gestes. Il y a en général des vitres, des protections, voire des précautions prises par les groupes militants pour que l'oeuvre d'art ne paie pas le prix réel du geste. L'oeuvre reste préservée, intacte au final. 

    Ce qui est vandale dans le geste est la prise de risque que l'oeuvre soit véritablement vandalisée alors qu'elle ne l'est pas réellement. C'est un acte qui suscite dans l'opinion la crainte que l'acte soit vraiment destructeur. Il est donc plus suggestif qu'effectif. En revanche ce geste ne permet pas de détourner le regard. On est bien obligé de le considérer, à la différences de mes affichages polis qui amusent les manifestants qui sont d'accord avec moi mais laissent indifférent le public de Paris + Art Basel, à part quelques rares exceptions dont la personne qui a emporté mon panneau affiche pendant mon absence.

    Je suis d'accord sur le fond avec les activistes climatiques : on ne doit pas accepter que la continuation des affaires, du confort moderne et de la culture comme garante de l'immobilité politique soit ainsi laissée sans réaction politique publique forte et interpellatrice. Pour avoir passé tant de délicieux moments de ma vie dans des musées, galeries, fondations, centre culturels divers, je reconnais qu'il y a malgré tout, malgré les efforts louables des organisateurs à générer une programmation de qualité, une tendance inévitable à une forme de routine, la culture prenant la fonction d'une validation, d'une caution à l'ordre du monde. 

    Même lorsque les efforts des acteurs culturels sont menés avec souvent beaucoup de talent et de qualification pour permettre à un large public d'accéder aux oeuvres exigeantes d'artistes reconnus ou inconnus, il y a le risque que cette institutionnalisation de la diffusion culturelle s'accompagne en définitive d'une sorte d'acceptation partagée de l'ordre du monde comme il est, c'est-à-dire acceptable alors qu'il est dramatiquement violent, injuste et criminel.

    Il ne faudrait pas en effet que la contemplation d'oeuvres, de la beauté et des facultés d'interrogation des représentations provoquées par celles-ci fassent oublier que l'urgence est désormais absolue. Des blessés graves en urgence absolue, voilà ce que sont la terre et le vivant aujourd'hui. Leur raconter une très belle histoire, ou leur faire voir de belles choses, de belles questions esthétiques est non seulement inapproprié - à part pour un accompagnement à mourir - mais complice de leur mise à mort. C'est de la non assistance à personnes en danger.

    Le monde de l'art contemporain, celui de la culture en général ont une responsabilité : ou bien ils continuent de faire comme si de rien n'était, et ils participent par leur "neutralité" à l'extinction et à la crise climatique, à l'explosion infernale des migrations climatiques touchant des millions de familles innocentes. Ou bien ils se désolidarisent du monde comme il fonctionne actuellement. C'est très difficile évidemment pour quelqu'un d'impliqué passionnément et professionnellement dans la culture de se détacher de celle-ci et de perdre son poste. Et puis quoi faire, comment faire ?...

    D'autre part qui sont ces gens qui vandalisent, je veux dire qui sont -ils pour prétendre avoir le droit d'abîmer des oeuvres, eux qui ne sont que des gens ordinaires face à ces formes exceptionnelles ? Et qui suis-je moi petit artiste pour considérer et presque encourager ces gestes symboliques contre des oeuvres ?

    Il y a un point sur lequel il faut remarquer un paradoxe : ces gestes sont iconoclastes, mais souvent les oeuvres vandalisées, à leur époque, étaient perçues comme iconoclastes également. Presque au même degré. Bien sûr que le paradoxe le plus évident est que ces gestes d'activistes climatiques sont aussi iconoclastes que les oeuvres qu'ils vandalisent alors même que leurs auteurs ne prétendent pas du tout être artistes. Ils commettent des actions de type performance qui sortent la performance artistique de la routine académique dans laquelle elle se trouve bien enfoncée depuis des décennies. Plus personne n'a peur d'une performance, c'est comme les petits fours du vernissage ou le DJ, c'est indispensable à l'ambiance habituelle !, celle que l'on veut conserver pour passer juste un bon moment, faire des affaires et que rien ne change !...

    Je m'interroge sur ces gestes militants et me demande s'ils ne sont pas plus artistiques dans leur urgence que pas mal d'oeuvres prétendument provocatrices mais qui ne le sont pas et surtout qui lorsqu'elles le sont, le sont en un sens qui n'a pas du tout la même dimension fondamentale. Car à quoi sert l'art ou un chef d'oeuvre s'il est seul a supporter les canicules dans sont coffre fort climatisé, lorsque partout autour la vie se meurt !! Cette fétichisation de l'objet spéculatif, cette inégalité entre le vivant et le profit, cette perversité inhérante à notre société doivent être combattues.

    Je serais le premier très ennuyé si une de mes oeuvres était vandalisée dans une exposition. Peut-être paradoxalement du vandalisme attirerait après tout l'attention médiatique sur elles ?! ... Je ne manie pas les paradoxes pour le plaisir, j'évalue ce qui me paraît important pour situer l'enjeu. Ce que je mesure c'est la capacité de s'ajuster à l'ampleur de l'enjeu. Ce que je crois que beaucoup d'oeuvres ne font pas du tout. Elles se situent ailleurs, dans une tour d'ivoire ; bien sûr par toutes. Beaucoup sont belles, importantes, impérieuses. Mais le climat ? ...

    Séparer toutes choses en disant "il y a le climat" et "il y a l'art" ne me paraît pas juste. Je pense que l'art, c'est le climat, et que le climat, aujourd'hui, c'est l'art.

    Ma pratique m'a fait espacer considérablement la production d'objets à vendre sur le marché de l'art, car ces objets me semblent détourner la destination de l'investissement financier vers quelque chose qui n'est pas le climat et la biodiversité. Aujourd'hui, je veux entièrement que l'art ou en tout cas le mien contribue à sauver autant que possible le climat. C'est sans doute "totalitaire". Mais le climat qui va nous brûler est bien plus totalitaire !! Rester en dehors de cette problématique me paraît illusoire, et pas pour autant artistique tant que cela, plutôt presque badin, presque désuet, presque futile...

     

    Je ne veux plus produire de belles choses et de beaux objets s'ils s'inscrivent dans un déni climatique, dans un déni de la réalité. Je veux que l'engagement et la lucidité de mes travaux les fassent être justes, c'est-à-dire appropriés à la réalité de l'époque. C'est un pari risqué pour l'art, mais l'art n'est pas hors de l'enjeu, il nous faut agir avec l'art au côté de la science, avec tout le monde, avec modestie, mais une modestie qui est aussi ambition de lucidité.

     

    Dans "Les Haies", chaque centimètre est investi - sans esthétisation -  en vue de la lutte contre le réchauffement climatique. Ce peut être une "impasse" du point de vue artistique, mais pourquoi  ? Ces activistes climatiques ne savent pas qu'ils sont peut-être des artistes plus pertinents que des artistes officiels. Je me place du point de vue de l'art au sein d'un paysage réel, comme apportant ma contribution à l'art et au climat, à l'art et au vivant.  

     

    Vandalisme écologiste

     

    Joël Auxenfans. "Les Haies". Dessin au crayon sur papier. 15 x 21 cm. 2022.


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    Joël Auxenfans. Un lecteur. Peinture affiche. 2022.

     

    En ce moment de possible retournement de la situation politique, je propose de considérer la lecture comme une saine nourriture de l'action. Tandis que la jeunesse peut être la force créative qui mette en chantier cet autre monde possible  https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/crise-climatique/video-l-agro-industrie-mene-une-guerre-au-vivant-et-a-la-paysannerie-des-etudiants-d-agroparistech-appellent-leurs-camarades-a-deserter_5131804.html , et tandis que l'urgence climatique n'a jamais été aussi précisément démontrée https://www.francetvinfo.fr/meteo/secheresse/secheresse-on-a-que-quelques-annees-pour-agir-previent-une-hydrologue-qui-appelle-a-repenser-l-agriculture-et-les-villes_5127043.html , je vois poindre la possibilité infime que beaucoup de gens se mettent enfin à comprendre ce que les scientifiques, des artistes, des philosophes  leur répètent : il faut s'impliquer tous massivement dans ces actions grandes et petites vers la capacitation générale des sociétés et des populations à se gérer sans et contre l'emprise des intérêts monstrueux de la finance. 

     

    Ceci engagé, nous verrons bien si se cultiver, lire, s'unir et agir sont si inefficaces. Je pense le contraire ! 

     

    Lire pour agir

     

     

     

    Joël Auxenfans. Liberté, égalité, fraternité, jardin. Affiche. 2022.

     

     

     


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    Il ne faut pas laisser le moindre doute sur ce qui peut commencer d'historique : je laisse donc ce lien vers ce qui s'est passé d'important après mon précédent article : https://www.youtube.com/watch?v=hHmy3gZqNSI

    Bien sûr, il se trouvera toujours des esprits mal inspirés pour dénier à cette union sa légitimité et son efficacité. Il suffit pourtant de regarder cette vidéo pour voir l'énergie, la jeunesse et la vitalité de cette union qui tourne vraiment la page.

    Il nous faut tout inventer.

     

    Or justement certains se cramponnent à leur passé : Hollande, Valls, Cambadellis, etc. Ces gens archaïques et nuisibles ne veulent rien changer et sont dans le déni. Ils me font penser, dans leur acharnement à faire perdurer envers et contre tout un paradigme désuet et toxique, à Jeff Koons, cet artiste qui veut, tout seul parce qu'il est une star, envoyer (le premier) ses oeuvres sur la lune : 

    https://www.telerama.fr/sortir/jeff-koons-vise-la-lune-ca-ne-lui-fait-pas-peur-7009622.php     

    Comme tous ces milliardaires qui s'affichent en file indienne à s'envoyer dans l'espace qu'importe le climat, cet artiste blasé de ses succès passés, cherche à se relancer par la fuite en avant dans la destruction accélérée, le gaspillage insensé, l'inégalité outrancière, mettant en scène par un symbole kitch le remake éternel de la technologie déjantée "sauveur suprême" d'une humanité qui n'a jamais demandé cela, qui n'a pas besoin de cela.

    Il faudra trouver d'autres choses, d'autres idées, d'autres oeuvres, d'autres travaux communs, d'autres rencontres, d'autres brassages que la jet set frayant avec la jet set. Et que ces actions, apparemment plus modestes, mesurées, soient en prise avec les besoins humains et l'urgence écologique. 

    S'unir pour changer les choses.

    Dans ce contexte polarisé, je propose des projets artistiques qui, pacifiquement et à la vitesse du processus vivant, fassent vivre les liens avec la biodiversité comestible et les saveurs, qui replantent les kilomètres de haies qui seront, dans le paysage, les monuments de l'avenir.

    La mégalomanie tue... surtout les autres

     Joël Auxenfans. Une installation d'arrosage d'un Verger du Troisième paradis, oeuvre végétale et sociale avec des multiples variétés d' arbres et arbustes à fruits, avec des acteurs locaux. 2022.

     

     


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    Ces joueurs de roulette russe, ces fins stratèges de « gauche »

     

    Joël Auxenfans. 6 Avril 2022. Musée portable, recyclable, compostable. Intervention In situ à ArtParis, espaces extérieurs, esplanade du Champ de Mars. 

     

     

    Il aura fallu qu’ils aillent au bout de leur escalade d’engagement suicidaire, ces dirigeants de « gauche » qui font passer les intérêts de leur parti bien avant la responsabilité historique qui est la leur à ce scrutin décisif pour la planète, la culture, la vie sociale, les services publics, les femmes, …

    Ces dirigeants d’abord, puis leurs troupes - leurs troupeaux pourraient-on dire -, ces centaines de milliers de gens incapables de hiérarchiser les priorités et les enjeux, faisant jouer à plein leur caprice personnel et leur « préférence », alors que planète et climat ne peuvent plus attendre encore cinq ans.

    Même en cumulant tous ceux qui obéissent à leur hiérarchie davantage qu’à leur conscience, il devait rester largement assez de personnes pour permettre que Marine Le Pen ne soit pas au 2nd tour. Mais ils ont préféré Marine Le Pen au 2nd  tour !, ces gens « de gauche » vraiment pas pressés.

    Ce meilleur programme environnemental et contre les violences aux femmes, jugé tel par toutes les associations concernées par ces deux sujets, il a fallu que des gens empêchent qu’il se réalise, juste pour suivre leur état major, par esprit partisan, par aveuglement, par mesquinerie.

    Depuis des mois qu’il était indubitable que leur candidat ne pouvait pas avoir la moindre chance en ce scrutin particulier, qu’il fallait dire « tous avec le premier », quel qu’il soit, pour qu’il passe au second tour et que cela puisse changer, ensemble avec des ministres de tous ces partis.

    Et bien non, les fins stratèges de « gauche », des joueurs de roulette russe en ont décidé autrement. À eux seuls, ils nous plongent dans ce débat sordide et improductif entre partisans de l’extrême libéralisme injuste et partisans de l’extrême libéralisme raciste, avec les rejets impulsifs et les enchaînements de violences, les souffrances sociales aggravées. Ces fins stratèges de « gauche ».

     

     

    Ces joueurs de roulette russe, ces fins stratèges de « gauche »

     

    Joël Auxenfans. 6 Avril 2022. Musée portable, recyclable, compostable. In situ à ArtParis, espaces extérieurs, esplanade du Champ de Mars. 

     

     

    Cinq ans perdus pour les hôpitaux, l’éducation, tous les services publics, les cantines bio et gratuites, la retraite à soixante ans qui sera au lieu de cela rabougrie  et repoussée à 65 ans, les exclusions, les boucs hémissaires, les femmes, la planète oubliée alors qu’il faut agir à très grande échelle maintenant.

    Et on les voit, après leur gâchis, quémander l’alliance avec ceux qu’ils ont fait échouer de si peu, juste pour « sanctuariser » leur anciens députés. Il n’y a donc que les places et la cuisine électorale qui leur conviennent. Le reste, ils sont passés, dans leur égoïsme stérile, complètement à côté.

    Seule consolation, cette création d’un pôle populaire puissant, inventif, jeune, dynamique, qui devrait réussir, avec les politiques à venir de ces droites soit camoufflée soit revancharde, à convaincre plus largement que le moment est venu d’un autre monde possible. À nous tous de le créer.

     

     

    Ces joueurs de roulette russe, ces fins stratèges de « gauche »

     

    Joël Auxenfans. Collage d'affiches peintures. Paris 7 avril 2022. 

     


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    Joël Auxenfans. Visages. Peintures affiches. Écriteaux en préparation pour le 20 mars 2022.

     

    CECI N’EST PAS DE LA PROPAGANDE

     J’ai commencé la création de ces peintures affiches en 2011 à partir d’images vues dans les médias. D’autres visages politiques tels que Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, François Hollande, François Ruffin, Alexis Corbière et des anonymes, sont visibles ici :

    http://desformespolitiques.eklablog.fr

    Ce n’est pas du matériel de propagande officiel, mais une œuvre d’art avec la participation du public.

     

    Ce petit texte est collé au dos de quatre-vingt cartons sur lesquels sont présentées trois types d’affiches portraits de Jean-Luc Mélenchon qui seront distribués le dimanche 20 mars 2022 au défilé « pour la sixième république et la répartition des richesses »

    Évidemment, exposer avec des bénévoles ces affiches peintures dans un évènement de soutien à Jean-Luc Mélenchon présente une ambiguité assumée : suggérer des peintures de type « réalistes socialistes » participant à un « culte du chef » dont Jean-Luc Ménechon se serait passé.

    Pour autant mon but n’est pas de lui nuire. Au contraire ces peintures sont un florilège de trois peintures des dernières années, deux d’entre elles datant de plus de cinq ans et la dernière de la fin 2021.

    Si l’on regarde la propagande réaliste socialiste d’Union Soviétique, de Chine ou d’ailleurs, on voit des différences avec les images que je présente ici. Il y a dans les portraits officiels « réalsoc’ » quelque chose de martial, imposant, déifié, solennel, intimidant, ne laissant aucun doute, qu’il n’y a pas dans mes peintures .

    Mes affiches au contraire, bien que se référant à cette histoire, ont une divergence, un écart que je qualifierais d’espiègle. Ces portraits moqueurs et critiques, ne le sont pas envers Jean-Luc Mélenchon, traité plutôt positivement, souriant et sans caricature, avec un traitement parfois ostensiblement flatteur et rajeuni dans deux des affiches.

    Ils sont moqueurs et critiques en revanche des illusions dans lesquelles on peut s’emporter produisant des erreurs, des échecs, des catastrophes. Ils activent une question sur ce que l’on regarde, ce qui nous regarde, ce à quoi on adhère.

     

     

    Joël Auxenfans. Mélenchon avec des plis. Peinture Affiche d'une affiche. 2021.

    La dernière affiche par exemple, bien que tirée du visuel de campagne trouvé sur Internet, reprend le visuel d’une affiche mal collée sur le support, présentait donc des plis. Reproduits en peinture, ces plis sinuent comme des vers le long des joues jusque sur le nez de Jean-Luc Mélenchon.

    C’est une liberté prise avec l’affiche officielle  et c’est fidèle à l’historique de la perception commune de l’homme politique Mélenchon, qui n’est pas impeccable, mais traverse des aléas, des conflits, des pertes d’aura, puis repart en campagne. C’est un portrait malgré et avec les avanies de la vie politique.

    Quant aux deux affiches plus anciennes, elles succèdent à la toute première affiche portrait de Jean-Luc Mélenchon datant de 2012 (je ne la présente pas le 20 mars), qui eut un certain succès sur les murs de Paris, dans les cortèges et les médias comme sur le site de Médiapart http://www.laparisienneliberee.com/le-rouge-est-de-retour/.

     

    Joël Auxenfans. JL Mélenchon. Peinture Affiche. 2012.

     

     

    Malgré l’enthousiasme suscité (j’en ai vendu plus de 300), certains la jugeaient trop « Mao » ; j’ai donc fait des choix visuels en réponse à cette malveillance interprétative :

     

     

    Joël Auxenfans. JL Mélenchon 2. peinture affiche. 2017.

     

    Il y a celle où l’on voit Mélenchon en « Gentil organisateur », que l’on croirait, complice et séducteur, tout droit sorti d’un club de vacanciers en bermuda et chemisette de couleurs vives (le bermuda n’est pas là mais les couleurs du bermuda oui).

    Et l’autre où j’ai repris les critiques d’idôlatrie qui m’étaient faites (alors qu’il ne s’agit que d’iconophilie, d’amour des images) et j’ai peint Jean-Luc Mélenchon hilare en rouge et or rappelant les icônes.

     

     

    Joël Auxenfans. JL Mélenchon 3. Peinture affiche. 2017.

     

    Dans ces deux cas, il s’agit de déroger à des codes attendus normalement dans une campagne électorale d’aujourd’hui. Il y a une liberté re-prise par la peinture sur l’univocité lisse des photos officielles et des outils médiatiques de campagnes des partis.

    Il y a une invitation à prendre du recul, à voir autrement que selon les états-majors. Chercher au sein du politique une autre temporalité et une autre perspective de pensée que celle de l’instrumentalisation politique des images.

    La peinture opère ce déplacement vers d’autres situations que l’attente commune qui dit : dans la rue on trouve les affiches des partis, et dans les galeries et musées on voit les oeuvres de l’art.

    Certes, comme toute image, mes peintures affiches sont codées, issues d’une histoire et d’un contexte, mais elles existent avec une relative autonomie, même si bien sûr elles peuvent être (intentionnellement ou non) mal interprêtées. Existantes et résistantes autant que possible, et bien sûr sans illusions...

     https://vimeo.com/268063746 

     

    CECI N’EST PAS DE LA PROPAGANDE

     

     

     

     

     

     

     

     


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