• Collage N°2 (bis), observations

     

    Collage N°2 (bis), observations

     extrait de montrougemieuxsansmetton.eklablog.fr , blog expérimental local

      

    Le collage N°2 ayant recouvert des affiches UMP, une autre équipe de soutien de M. Metton, plus officielle celle-là, s’est mise au travail et a collé les affiches de l’UDI. Nous avons donc recouvert ce nouveau collage, non dans un esprit purement polémique, mais pour expérimenter  la visibilité des affichettes noir et blanc « Montrouge mieux sans Metton ». 

     Avant de coller, j’ai pris quelques photos des affiches existantes. Procédons à une petite analyse d’image : 

     

     

     

    Le panneau regroupe, avant d'être recollé, les affichages de l'UMP et de l'UDI qui sont dissemblables par la forme, mais convergent vers le même objectif politique: l'assimilation aux objectifs politiques de la classe des ultra riches, ceux qui gagnent 1000 à 2000 fois ou plus que n'importe quel citoyen ordinaire. 

     

     

      Les affiches de l’UDI procèdent d’une autre démarche, mais qui ne semble pas plus ambitieuse quant à l’idée que l’on s’y fait des citoyens.

     

     

     

    Les affiches de l’UMP d’abord (voir 1ère photo). On ne peut que constater l’indigence créative et graphique dans laquelle ces affiches entretiennent le spectateur. Gros caractères, pauvreté des signes, des rapports de couleurs, de la syntaxe, et surtout enfermement dans un premier degré agressif, sans aucune distance. Le langage est réduit à sa plus simple expression : « Hollande, échec sur la morale, rejoignez l’UMP » avec le logo. On sent que la philosophie générale du projet politique est le « coup de marteau », ou la matraque si vous préférez. Je ne prétends pas que l’UMP soit le seul parti à matraquer le spectateur. Je constate seulement que ce parti recourt volontiers à cette rhétorique abrutissante. 

     Les affiches de l’UDI procèdent d’une autre démarche (voir photo), mais qui ne semble pas plus ambitieuse quant à l’idée que l’on s’y fait des citoyens.  Ici, l’ensemble de la surface est une image, qui fait le fond de l’affiche. Image illustrée pour la grenouille qui évoque je suppose l’environnement planétaire ; photographie pour l’autre, qui représente, je crois, la chute du mur de Berlin à la fin des années 80. Le titre accrocheur est tourné en interrogation et commence chaque fois par « envie » ou « besoin ». « Envie d’Europe ? » ou bien « Besoin d’avenir ». La réponse est la même : « rejoignez la famille de l’UDI ». On peut dire que ce sont là des procédés empruntés au langage publicitaire : slogans simplistes, plutôt rassurants et séducteurs, qui débouchent tous vers la solution unique, le parti UDI, présenté comme le produit miracle.  

     Ces deux démarches se situent ouvertement à droite politiquement, mais par des voies différentes : une brutalité réductrice du langage et du graphisme d’un côté (UMP), une forme directement reprise du monde publicitaire, dans lequel baigne déjà la majorité des citoyens de l'autre (UDI) ; ton martial d’un côté, séduction un peu creuse de l’autre. Dans les deux cas, on discerne une démarche typiquement manipulatrice : caricature de l’adversaire et mauvaise foi pour l’UMP (comme si la question de la morale de Sarkozy et ses amis ne posait pas un gros problème visible comme le nez au milieu du visage à l’UMP), politique marchandise, tout en mièvrerie, prenant les citoyens pour des enfants consommateurs chez l’UDI. Ces deux partis, adoptent ici deux stratégies différentes pour imprimer leur vision dans le paysage, mais ne manquent toutefois pas une seule occasion de gouverner ensemble pour mener la même politique au service des ultra riches.  

     Reconnaissons que les autres partis, qu’ils soient socialiste, communiste, écologiste, front national ou groupusculaires, n’ont pas une meilleure manière d’afficher leur politique. Partout ou presque, règne une même réduction de l’affiche à un seul message martelé par des slogans ou des formes ingrates et sans générosité. Je dirais, moi qui suis plutôt très à gauche, que la médiocrité des affiches de la droite semble cohérente à son projet de société, tourné vers l’autoritarisme, la soumission au dogme économique libéral, l’exploitation des gens ordinaires par une minorité qui impose ses intérêts financiers, l’intoxication de la planète, le culte de l’argent… tout cela n’a pas besoin d’une communication demandant au citoyen de se poser des questions et de faire preuve d’esprit  et d’invention d’un autre monde.  

     En revanche, les affiches des partis authentiquement à gauche, qui prônent une société de la participation des citoyens à la décision publique, à l’invention d’autres modes de production libérés de la domination de la finance, devraient logiquement être d’une autre nature, laissant davantage de création vraie, de liberté d’expression et de recherche, amenant le spectateur à se poser des questions, à raisonner, à créer. Or ce n’est pas le cas. Les affiches de ces courants d’idées prétendument novateurs et libérateurs sont très souvent aussi réductrices que celles des partis conservateurs. 

     Contre de ce matraquage stupide (celui de l’UMP), ce consumérisme politicien niais (de l’UDI),   et  contre toutes les formes d’appauvrissement visuel et sémantique du paysage politique, enfin pour éveiller les citoyens à la possibilité – et même à l’urgence ! –  de se mêler de leurs affaires,  l’action « Montrouge mieux sans Metton » est conduite avec un autre type de dessin.  

     Le graphisme et la démarche générale du projet font le pari, avec peu de moyens (une couleur noir sur fond blanc, photocopies ordinaires) de donner à voir autre chose qu’une brutalité grossière de propagande ou une manipulation publicitaire abêtissante ; faire voir quelque chose qui n’oblige pas le spectateur à penser une seule chose et toujours pareil ; mais au contraire qui laisse au spectateur ainsi qu’à l’image une certaine liberté. Qui lui laisse un espace d’appropriation.  

    C’est-à-dire que la forme de l’affichage « Montrouge mieux sans Metton » serait cohérente à une certaine idée de la politique exprimée vers tous les citoyens : faites de la politique, c’est à dire trouvez par vous-même, en en parlant entre vous, ce qu’il y a à penser et à faire ! Donc l’aventure de « Montrouge mieux sans Metton »  tient autant au développement politique qu’il entend mettre en mouvement dans la ville, qu’à la création d’un paysage visuel immédiat d’affiche, qui vive et évolue dans le temps, à l’image de la politique authentique, qui n’est autre que création et invention de soi avec tous les autres. 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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