• "La contribution du dominé au maintien de sa domination"

    "La contribution du dominé au maintien de domination"

     

    Joël Auxenfans. Peinture affiche. 2017.

     

     

     

     

     

    « La contribution du dominé au maintien de sa domination » (Bernard Lahire)

     

    On n’en croit pas ses yeux et ses oreilles de tant de bêtise : quoi, des femmes, qui n’ont plus de quoi, de part leur âge, à s’exposer tant que cela aux risques de la prédation et des violences sexuelles en tout genre, des femmes qui appartiennent toutes sans exception à l’establishment, qui n’ont pas à devoir trimer ou subir quotidiennement des situations d’une guerre sexiste larvée ou accomplie où les agresseurs ne sont pas par principe punis ou dissuadés, ces femmes, ivres de leur propre égo, de leur réussite sociale, abusant de leur pouvoir et du poids de leur parole publique en oblitérant celles de millions de victimes, ces femmes-là, dis-je, devraient donner le ton ?

    Est-ce leur ton, d’ailleurs ?  Ou plutôt celui des dominants, à savoir l’idéologie patriarcale millénaire, dont elles ne sont en définitive que les porte paroles dénaturées.

    https://www.francetvinfo.fr/culture/cinema/affaire-harvey-weinstein/laetitia-casta-pas-d-accord-avec-balancetonporc-apres-ca-va-etre-quoi-balance-ta-salope_2557023.html

    https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/cent-femmes-dont-catherine-deneuve-et-catherine-millet-defendent-la-liberte-d-importuner-des-dragueurs-dans-une-tribune_2552731.html

    https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/c-est-malheureusement-une-verite-brigitte-lahaie-s-excuse-mais-ne-retire-pas-son-affirmation-que-l-on-peut-jouir-lors-d-un-viol_2557949.html

    C’est l’escalade dans la hideur et l’inhumanité !

     

    Bernard Lahire, dans son superbe ouvrage  « Kafka, éléments pour une théorie de la création littéraire », La Découverte 2010, place un intertitre en page 479, pour développer la prise de position fondamentale de Kafka, qui s’est toujours placé du côté des victimes de la domination des chefs, des patrons, des autoritaires, des tyrans autoproclamés ou placés là par d’autres. Il écrit cela ainsi : « La contribution du dominé au maintien de sa domination ».

    Ces bourgeoises sont l’exacte expression - la quintessence - de cette définition du mécanisme de perpétuation des dominations, qu’elles soient socio-économiques ou sociale, de genre, raciale, etc.

    Casta, Deneuve, Millet, Lahaie, toutes ces femmes arrivées à la « notoriété » et qui vivent de ses prébendes, expriment une position qui reflètent tellement, prioritairement à tout autre, celle des porcs machistes et mysogynes, celle de la perpétuation et du statu quo, de l’inaction, du frein au mouvement des mentalités, au nom de leur petite histoire personnelle qui n’intéresse personne, au nom de leurs amitiés, de leurs complicités, et dans une totale incapacité à comprendre la situation réelle de la majorité statistique des autres femmes, des victimes et de toutes les autres, qui en ont marre et qui, surtout, souffrent.

    Cette indifférence à la souffrance, aux principes de justice et d'équité, au nom de leur pseudo philosophie hédoniste en vase clos, cette faculté à donner les leçons à la victime, alors qu’elles n’en sont pas ou s’arrangent pour incorporer le point de vue de ceux qui imposent ces violences, c’est bel et bien là une trahison.

    Trahison des femmes, mais aussi de ces hommes qui ne se rangent pas docilement du côté de l’héritage des temps obscurs, de l’esclavage, des rapts, des viols, du silence, de la terreur, du droit de cuissage, de l’abus, de la discrimnation systématique, des préjugés lourds et stupides, du langage taillé sur mesure pour les violents, qui, dans la langue commune, passent alors, par magie des mots, pour ne jamais l’être vraiment.

    Ces femmes, qui ont participé quelque fois jadis à des belles œuvres d’art, à des inventions libératrices, à des audaces, sont restées figées dans ce temps de leur vie. Elle lancent dans cette polémique lamentablement obscène, leur dernier sursaut de velléité à exister. C’est souvent le vice de la réussite et du mérite ancien : il aveugle et fait croire à la facilité de ses propres mérites. Comme ce chanteur célèbre, Aznavour, qui propose de faire le tri entre migrants pour se garder de côté les « génies » à toutes fins utiles, sans aucune considération pour la situation insoutenable de ces milliers de gens. Cette mentalité est celle des chanceux gagnants, qui ont oublié, enivrés par la foi en leur seul talent, la dureté du chemin pour ceux qui aspirent à vivre  leur vie dignement ou simplement survivre...

    Cette ignominie, n’est certes pas la seule violence qui existe actuellement. Elle est seulement l’une des plus représentative : dès lors que ces personnes ont atteint un objectif personnel, elles transposent leur vision depuis les étoiles, abstraitement, en refusant de voir avec les yeux de la condition humaine. Et la condition humaine s’en souviendra. Car ces gens se sont salis, pour toujours.

    L’une des grandes nouveautés de notre temps, c’est que la médiatisation universelle, par delà ses immenses défauts, facilite la décentralisation et la transversalité des sources, et par là, la possilité de savoir et découvrir ce qui a tendance à vouloir rester caché. Or cette omerta va avoir de plus en plus de mal à se perpétuer. Et l’immense mérite des révoltées de « balance ton porc »  et « Meetoo » est d’avoir, elles, mis sur les rails le mouvement de conscience et de débat public qui se répand à tous les niveaux de la société, à tous les âges, dans toutes les catégories socio professionnelles.

    Et pourtant, s'opposant à ces femmes qui ont eu le courage de dénoncer cette situation de violence intolérable, d’autres femmes bien dotées en prestige et en notabilité viendraient saper ce mouvement historique d’émancipation ? Quelle honte !  Quelle honte !...

    Heureusement, il y a d’autres femmes de talent d’aujourd’hui et non plus du passé, qui, à leur tour, portent l’étendard de la libération en y mettant leur génie. Comme Leila Slimani qui, dans cet article divin http://www.liberation.fr/france/2018/01/12/un-porc-tu-nais_1621913?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook , répond aux quelques imbéciles m’as-tu-vue qui répètent les mantras des machistes avec une totale inconséquence. Heureusement que des femmes comme Leila Slimani existent et se développent, car elles vont faire triompher cette cause essentielle, véritable pierre angulaire de toute autre libération et de toute vérité humaine, véritable passage pour la libération économique et sociale et environnementale à venir.   

    Heureusement qu’il y a des hommes comme Steven Spielberg ou d’autres, qui ne reprennent pas les idées ordurières des argumentations de ces femmes du parti du déni de justice ! https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/video-je-n-y-vois-pas-une-chasse-aux-sorcieres-spielberg-repond-a-la-tribune-signee-par-deneuve_2558349.html

    Si l’on reprenait la théorie de la dialectique du maître et de l’esclave (Angela Davis d’après Hégel), on pourrait dire que si la violence faite aux femmes est d’abord insoutenable par celles-ci, il est certain aussi, qu’à part l’aveuglement ambiant distillé par une société violente, un homme qui croit s’accomplir en ne faisant qu’assouvir ses pusions sexuelles ou de domination sur la misère et la souffrance d’un autre être humain, ne peut pas être considéré comme heureux.

    Il est même très malheureux, et tout le bagage de traditions, religions et coutumes qui corrobore cette injustice n’y fera rien. Car la personne qui en sait plus sur la situation réelle que le tyran, si elle n’a toutefois pas totalement et définitivement incorporé les critères de celui-ci (comme le dit si bien Étienne de La Boétie), c’est précisément celle à qui sont imposées ici soumission, violence et servitude : la femme.

    Moins la femme est considérée comme un objet, un accessoire, un être inférieur ou un instrument, et plus la possibilité pour un homme de pouvoir partager pleinement avec elle, avec son accord, les joies et les plaisirs, constitue un accomplissement entier, une joie et un honneur. Tout autre chemin n’est que misère.

    Et c’est collectivement que ces femmes-ci s’organisent avec des hommes honnêtes (qui n’aspirent pas qu’à perpétuer ces monstruosités d’un autre âge), alors elles et ils gagneront ensemble la liberté et le bonheur partagés.   

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :