• Lumières

     

     

     

     

    Lors des primaires de 2011, Ségolène Royal aurait, juste avant son passage sur une chaine de télévision d’audience nationale, exigé que le fond du plateau soit entièrement recouvert d’un drapé bleu. Ceci afin que l’accord de couleur du fond bleu avec sa tenue rouge et blanc puisse évoquer le caractère national de sa stature politique (extrait de la conférence internationale intitulée « Le portrait politique », organisée à la Maison de l’Italie, Cité internationale universitaire, les 13 et 14 décembre 2013).

     

    Que penser de ce fait si ce n’est qu’une chaine de télévision censée être indépendante, s’est prêtée délibérément sur injonction « extérieure » au jeu d’un conditionnement au service d’un candidat politique, au mépris du plus élémentaire respect de l’impartialité formelle du dispositif scénique du plateau télévisé.

     

    Cet épisode suffirait à lui seul à faire perdre tout crédit au système médiatique tel qu’il est codirigé depuis plusieurs décennies. Il suffirait à convaincre l’opinion de jeter à la benne de recyclage tous les postes de télévision. J’ai fait cela, comme beaucoup d’autres, voici vingt cinq ans. Il reste désormais à tous les autres citoyens d’en faire de même.

     

    La « mort » programmée de l’affiche politique, écrasée par l’impact irrésistible du média télévisuel, serait alors remise en question. Les habitants seraient obligés de remettre sur le métier la politique de proximité, comprenant le militantisme informel autant que la réflexivité expérimentale sur les pratiques de relations sociales, sur le travail, sur la notion de projet personnel et collectif…

     

    L’effet de « mode », encore largement opératoire sur les consciences y compris dans les sphères intellectuelles serait, lui aussi, partiellement désamorcé par une pratique décentralisée de la confection des messages en circulation. Il resterait à savoir si le rôle actuellement si exponentiellement prégnant d’Internet et des réseaux sociaux pourrait à ce point continuer à escamoter les autres formes plus  immédiates de la création sociale et de l’échange.

     

    La pratique du happening, qui, de l’art des années cinquante, s’est progressivement généralisée à un large spectre de situations, de l’art contemporain (où elle s’est banalisée jusqu’à devenir un code parmi d’autres, sans plus de transgression) à des actions brèves de type Femmen (largement tributaires de la médiatisation télévisuelle ou d’Internet), pourrait avoir une deuxième vie par des formes à trouver, plus homogènes à un climat global de recherches de remises en question du modèle économique.

     

    C’est-à-dire que l’ensemble du tissu social serait  appelé à devenir en permanence acteur et public complices de moments d’expression paradoxale difficilement réductibles à une forme justifiant la répression. D’où l’utilité de formes ouvertes, qui sans se laisser catégoriser dans un sens uniquement contestataire, soit avant tout une richesse réelle se substituant à la routine de l’endoctrinement quotidien par les médias dominants ; il suffit de se rappeler les conditions d’exercice de la création intellectuelle pendant la période des Lumières au XVIIIème siècle, lorsque la monarchie soumettait la société à la censure la plus redoutable. Dans ces conditions, un appel à la révolte ouvertement énoncé n’aurait jamais pu exister. La résistance a donc pris une forme plus productive, au sens où s’accomplissait alors en direct, et selon des ruses dignes de la Métis grecque, une véritable création.

     

    C’est pourquoi l’esprit de pesanteur si viscéralement rivé au corps des organisations dites « progressistes », qui couvrent ce fait indéniable par l’affirmation bruyante de la supériorité à priori du « travail collectif » sur tout autre forme de recherche – en particulier la subjectivité individuelle reliée à d’autres sans contrainte formelle ou protocolaire, sans préséance ou sujétion hiérarchique – cache en fait un goût profond gardé secret pour la confiscation du pouvoir politique contre la multitude.

     

    En cela, jusqu’à nouvel ordre, aucun signal n’est émis par l’organigramme des appareils politiciens des organisations dites « progressistes » pour un début de changement favorable à une naissance d’une autre relation à l’expression politique. La mainmise jalousement gardée serrée sur les mots, les images et les budgets de communication restera le signe ultime par lequel on saura reconnaître chez ces personnels politiques se cooptant invariablement aux postes de commande, qu’ils n’ont pas du tout l’intention de changer. Et qu’ils gardent par cela furieusement  - sous un flegme trompeur et un abord apparemment bon enfant - la conservation d’un mode opératoire relique d’un régime politique en totale contradiction avec leurs énoncés généreux.

     

    Comme le pouvoir reste ainsi jalousement gardé sans le moindre signe d’ouverture et de transparence sincère et durable, il faut nécessairement faire exister autrement des formes d’expression politique libres et par là cohérentes, le manque de moyens pouvant être compensé faute de mieux par la multiplication des initiatives appelées à se lever désormais de partout.

     

     

     

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