• Pourquoi diviser le portrait en deux obliquement ?

     

     

    Cette coupure en deux du visage est une manière de le placer sur un problème de peinture, une difficulté à résoudre : placer le spectateur devant une dualité de laquelle il doive parvenir à faire l’unité. Le premier ayant à résoudre ce problème étant évidemment moi-même, lorsque je peins cette image. Deux espaces, deux atmosphères, deux harmonies colorées doivent cohabiter pour dialoguer et tendre à une union lisible, peut-être plus accrocheuse visuellement, parce que plus « problématique » pour la vision qu’un visage représenté d’un seul bloc.

    La division est aussi une citation de ces filigranes ou autres appropriations des images que l’on trouve parfois sur Internet : ces choses, trames ou logos visibles  bien que n’empêchant pas la lecture, qui rendent impossible le réemploi de l’image. Je trouvais intéressant d’en faire un thème plastique à part entière (si je puis dire). D’autant qu’en plus d’une facture cela donne à ces visages, une « fracture » qui les rend uniques en leur genre. C’est une forme d’enlaidissement organisé, qui peut apporter une autre forme de beauté, moins littérale.

    Enfin personne n’est exempt de dualité, voire de facettes, ce qui permet de travailler à une forme restituant la diversité selon laquelle une même personne est perçue. Chez ces chefs d’État, la dualité, l’ambivalence sont évidentes puisqu’on connaît ceux-ci sous les éclairages qu’en donnent les médias, avec tout ce que cela apporte de parti pris, de contradiction, de conflit. Ce sont des visages du conflit. Certains les voient comme ceci, d’autres comme cela, pourquoi ne pas les montrer dans cette conflictualité.

    Le portrait de Mélenchon, peint lui d’une seule pièce, m’avait valu des critiques de « faire un culte de la personnalité », parce que le portrait pouvait sembler assez beau en définitive, peut-être un peu flatteur, celui du leader charismatique. Je trouvais que l’objectif de peindre une « belle » toile et d’en faire une « belle » affiche se suffisait à lui-même et justifiait pleinement de l’avoir peint ainsi sans avoir à m’en défendre. Mais cela m’a sans doute incité à expérimenter la peinture de portraits rendus moins élogieux par une césure.

    Maintenant, considérant qu’il y a mille façons de travailler à une problématisation de la vision d’une image, il y a sans doute encore de nouvelles choses à faire venir dans ce type de questionnement. 

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :