• Quitte à peindre n'importe quoi, pourquoi pas l'affiche du parti ?

     

     

    Quite à peindre n'importe quoi, pourquoi pas l'affiche du parti ?

    Quite à peindre n'importe quoi, pourquoi pas l'affiche du parti ?

     

     

    En haut : projet d'adhésif, août 2013.

    En bas : projet d'affiche, juin 2013.

     

     

     

     

     

    Dans l'excellent ouvrage de l'historien Romain Ducoulombier "Vive les soviets, un siècle d'affiches communistes", auquel fait pendant l'ouvrage de Nicolas Lebourg "Mort aux bolchos, un siècle d'affiches anticommunistes", tous deux parus aux éditions Les échappées, des dizaines d'affiches se succèdent dans le temps, au milieu d'une mêlée politique continuelle.  

     Cette question: - que peut l'art contemporain dans le champ du social et du politique aujourd'hui ? demande à être posée à la fois théoriquement et pratiquement. La participation de la population aux disputes et actions nécessaires pour faire advenir un autre monde, réclame l'intervention d'artistes à ses côtés. Sans quoi si les artistes, formés dans des écoles spécialisées, cultivés, habiles et talentueux, se mettent uniquement (on pourrait faire la faute d’orthographe et écrire « eunuquement » ) du côté de la pub, du marketing et de la spéculation, délaissant totalement les gens ordinaires, les laissant à leurs petits moyens d’amateurs (au mieux), ce sera toujours la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Car aussi surprenant que cela puisse paraître, l'immatérialité du pouvoir symbolique de l'art est d'une grande puissance d'envoutement, de séduction, et de ralliement. 

    Cela dit, il n’est ni facile de créer une image politisée qui ne soit du même coup ( à force d’arraisonnement ) perdue pour la question de l’art ; ni aisé de rassembler de nombreux artistes désireux de participer à cette expérience avec franchise. On pourrait émettre l’hypothèse suivante : si l’art est aussi le moment de poser des questions autrement et à côté des emplacements routiniers, alors l’aventure consistant à engager un travail artistique sur les deux fronts (art et politique) constitue bien une expérience artistique recevable dans le champ de l’art contemporain. En reconnaissant que cette question ne sera pas tranchée par la démonstration mais par la monstration, il reste à « essayer » (mot tabou induisant trop d’impuissance créative, à remplacer de préférence par « expérimenter », nettement plus connoté positivement du côté de l’héritage structuraliste et scientifique). 

     Donc nous y voilà, avec ce projet d’adhésif pour les luttes du PCF contre l’allongement de la durée de cotisation pour la retraite et ce projet d’affiche pour la campagne des élections municipales parisienne. Fidèle à une tradition historique, ces images donnent une prépondérance à  des effets qui ne sont pas ceux du graphisme d’affichiste (logiciels de mise en page, palette graphique), même si ces derniers existent aussi ne serait-ce que pour le lettrage. Le spectateur est en présence d’une peinture sur toile, complétée de textes. La prégnance générale reste celle d’un objet produit directement, dans un moment de travail, lors d’un effort directement opéré sur la physique de matériaux. 

     Ensuite, le spectateur est lui aussi, au delà des matériaux, un aspect abordé directement, comme par exemple lors d’une manifestation ; il n’y a pas la médiation habituelle, suivant l’itinéraire normalisé suivi par un artiste pour faire connaître son travail à un milieu particulier, ou lorsqu’il s’agit du « grand public », par le biais d’une introduction institutionnelle hautement spécialisée. Bien sûr que sortir des sentiers battus n’est pas une garantie de validité. Au delà, présenter l’adhésif à des pingouins en restant un après midi sur la banquise (ou ce qu’il en reste), bien qu’étant un chemin inhabituel de l’art vers un public, ne certifierait pas non plus une « qualité » de pertinence supérieure en soi au commun des bonnes prestations officielles des arts visuels d’aujourd’hui. 

     La difficulté reste entière. Mais je ne vois pas davantage l’âme et l’art se perdre à ces travaux. Pas plus en tout cas que lors de prestations plus identifiables comme « art contemporain », archi-calibré en galerie, dans un « white cube » avec invitation, vernissage, cocktail, couverture par les magazines artistiques,… Donc il n’y a rien à perdre et tout à gagner.   

     

     

     


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