• Succès d’estime à la fête.

     

     

     

    Ce n’était pas prévu de longue date, mais j’ai pu présenter l’affiche « Jochollande » avec « Chavez » et une autre affiche,  au stand des Bouches du Rhône de la Fête de l’Humanité.

    Rien n’était vraiment organisé, mais les bénévoles avaient déjà bien à faire. Avec un minimum de moyens trouvés aux abords immédiats, un « accrochage » a pu avoir lieu pendant environ trois heures.

     Le plus intéressant pour un artiste, dans cette affaire, comme pour les diverses occasions (manifestations, rassemblements) au cours desquelles j’ai pu présenter aux participants une affiche, du bout des doigts ou sommairement collée sur un support, ce sont les regards.

     Les acheteurs – qu’ils en soient remerciés – sont surtout des personnes qui obéissent à une pulsion d’enthousiasme. Ils aiment l’affiche et la veulent. Et repartent vraiment contents, heureux.

     Les autres, tous les autres, passent devant l’affiche, parfois ne la remarquent pas, mais ils sont en général nombreux à la remarquer « spécialement ». Et là survient un phénomène particulier, pour un artiste tout du moins.

     En effet, rarement les artistes exposant leurs œuvres ont pu se placer exactement à la place de leur tableau. Dans les vernissages ou bien après, ils ne sont pas derrière les tableaux qui sont vus ; ils sont occupés ailleurs, à leurs « relations publiques », indisponibles pour observer les regards des regardants.

     Et là, j’ai pour ma part un retour d’expérience assez important. Car entre le « Mélenchon », Les tracts « Sarko-Le Pen », le « Chavez », et à présent la « Jochollande », j’ai pu voir des dizaines de milliers de regards sur mes images. Et c’est non seulement gratifiant ; c’est un enseignement.

     Le regard n’est pas le même par exemple sur le « Mélenchon » et le « Chavez » que sur la « Jochollande ». Sur les deux premiers, il y a un en général un étonnement, qui est assez vite clivé en deux partis possibles : l’adhésion tout sourire, hilare, avec un pouce levé, des clins d’œil, ou d’autre part le rejet, avec même parfois un vrai service de réclamation, ou une enquête agressive, insinuante, comme si le travail faisait naître des vocations insoupçonnées de commissaire politique à la propagande. Heureusement le rejet est largement minoritaire. Reste la position intermédiaire, l’étonnement suivi d’une sorte de longue étude perplexe, studieuse, pendant laquelle, j‘observe (et cela dure parfois longtemps !) les neurones s’activer. Les yeux s’ouvrent, se plissent, l’un d’eux se ferme, les sourcils se froncent – on se croirait au musée ! –, il y a un accommodement du regard en même temps que s’effectue une vraie réflexion devant une image. C’est patent.

     Avec la « Jochollande », reconnaissons que l’image est plus énigmatique pour la majorité des spectateurs qui ignorent en général l’œuvre de Marcel Duchamp à partir de la Joconde, ou plutôt à partir d’une simple carte postale de celle-ci, qu’il a, en 1919, retouchée en lui ajoutant, barbiche, moustache et en dessous, les lettres capitales « L. H. O. O. Q. ».

     Donc une majorité de gens passe à côté d’une partie de l’allusion. Mais ils sont nombreux à se rabattre sur le travail pictural proprement dit, et souvent l’apprécient, regardent fixement, jusqu’à le plus souvent reconnaître le masque de Hollande inséré dans le visage de la Joconde.

    Il a en effet été déjà reconnu que l’affiche de campagne de François Hollande en 2012 avait une vraie analogie visuelle, dans la pose et le regard, avec Mona Lisa. On ne sait si cela a été calculé par l’agence de communication pour imposer une idée de classicisme, de supériorité, de mystère aussi, de capacité à se contenir, à faire bonne figure dans le concert international des puissances. La « Joconde-Hollande », pouvait bien tenir tête à d’autres chefs d’États ; elle est sage, forte d’être issue du génie d’un grand maître. Un chef d’État pour la France qui soit aussi presque un chef d’œuvre, pourquoi pas ? Cela donne un atout de plus, s’est-on peut-être dit dans l’état major de l’agence de communication du PS. La publicité pille souvent l’histoire des œuvres d’artistes ; pourquoi ne pas tenter de le faire à nouveau sournoisement cette fois-là, s’est-on peut-être dit, pour fasciner les français indécis ?

     Mais les modalités de cette analyse populaire d’image en extérieur sur ma propre affiche de la « Jochollande » – alors même que ces milliers de gens viennent de voir des heures durant des milliers d’images et de messages, véritable matraquage sonore, visuel et intellectuel – sont extrêmement variées. Les expressions sont pourtant parlantes d’un vrai travail cérébral, d’une vraie recherche au sein du bagage culturel et iconographique de chacun - souvent échangeant avec d’autres - des moyens de trouver des clés d’interprétation de l’image.

    Là aussi, des expressions multiples se sont affichées sur les visages, plissement, froncement, grimace, regard fixe, pincement sur la fin, sourire ou pouffement, coup dans l’épaule du voisin pour lui faire part du « secret ».

    J’ai même eu droit à un passage à marche forcée ("rejoindre un débat ou un meeting") d’un groupe du Parti de Gauche le long de l’affiche, avec en son centre son leader. Je peux témoigner de ce que, même largement pris dans le surmenage politique habituel, j’ai clairement croisé, de Mélenchon, le regard intéressé, amusé, puis roulant les yeux de concupiscence visuelle vers l’affiche dont il identifiait soit les significations, soit le style qui lui rappelait peut-être son propre portrait qu’un militant m’avait acheté alors à son attention.

     Autant dire – culte de la personnalité mis à part – que ce fut une journée remplie de regards , parfois pleins de complicité intellectuelle, le plus souvent non connaisseurs, mais cela fait partie de l’expérience, non ?

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    Paczynski Yann
    Mardi 17 Septembre 2013 à 20:05

    Bonjour, je vous ai rencontré à la fête de l'huma et j'ai eu le plaisir de faire l'acquisition de "votre Chavez" il trône désormais dans mon salon.

    Bon courage et bonne continuation, vous faites du super travail

    Salut et fraternité

    Paczynski Yann

    2
    Mardi 17 Septembre 2013 à 20:57

    Merci Yann, 

    C'est encourageant !

    amicalement. 

    J A 

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