• « Le pitch, ou comment présenter son projet en quelques mots 

    Comment se présenter en quelques mots, comment vendre une idée en quelques minutes ? On appelle ça le pitch, et c'est très utile dans le monde du travail - notamment quand on cherche du travail, quand on doit parler de soi en entretien. Aujourd'hui à Paris commence un salon d'emploi géant, sur la place de la Concorde. Il va y avoir deux mille recruteurs, qui vont attendre quelque 50.000 candidats. Autant dire qu'on a intérêt à sortir du lot. Et le pitch, précisément, ça sert à ça. »

    Le 03 Octobre 2013 dans C'est mon boulot par Philippe Duport  (France Info)

     

     

    Cet extrait d’information nationale nous rappellera combien le monde de la marchandisation s’est immiscé dans nos comportements quotidiens : se vendre, en quelques mots se vendre, à la moindre occasion.

     

    Les vernissages sont peut-être, des lieux que j’ai connus, ceux, dans leur diversité, où se manifeste cette tendance avec le plus d’évidence. Somme toute, faire bonne figure, en ces endroits de rencontre autour de l’art, signifie tant qu’à faire, se vendre, montrer qu’on a le vent en poupe, que l’on croule sous les projets prometteurs. C’est un exercice comme un autre, qui peut faire impression à condition d’avoir suffisamment de distance euphorisante, pour parler et intéresser sans pour autant devenir fastidieux. L’art est le lieu du pitch, tant mieux dira-t-on ; tant qu’il n’est pas le lieu du « pschitt ! ».

    Cela dit, les meilleurs souvenirs que l’art m’a laissé, depuis longtemps et à maintes reprises, furent ces moment d’absolu silence, de face-à-face énigmatique devant une peinture ou un dessin, lorsque doucement se décantait un dévoilement des secrets contenus dans la « chose à voir ». Ces moments de minutieuse contemplation ou d’émerveillement grandiose, selon la taille de l’œuvre, restaient silencieux, bouche bée, relaxant parfois la sensation de regards ailleurs, par terre, ou balayant des yeux l’espace alentour comme pour contrôler l’ambiance dans laquelle s’inscrit ce petit miracle personnel de l’extase esthétique.

    Évidemment des conversations ont pu avoir lieu aussi avec une personne devant ces merveilles. Mais les moments de cristallisation du bonheur devant la beauté palpitante d’une œuvre ont été souvent tranquilles et serein, à temps libre consacré entièrement à cette satisfaction esthétique.

     

    Aussi rencontrer les œuvres est-elle une activité qui n’a rien, pour être elle-même, de bavarde et encore moins de l’ordre de cet emballage de soi-même pour le marché de la parole pragmatique, et même s’il faut bien vivre de son art - à savoir ce pitch, à la limite de la prestation de pitre.

     

     

     

     

     

    Le retour

     

     

    Le retour. Projet d'affiche. Octobre 2013

     

     

     


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