Profil de politique couché. huile sur toile. 55 x 40 cm.

L'effacement de la culture comme « circulation de la parole, des opinions, des jugements, de ce qui règle la vie des conflits » est à la base de l’effacement du politique.

(Marie José Mondzain, philosophe, citée dans l’Humanité du 5.2.2013, p 15). 

La question induite par l'aspect "caricatural" de ces politiques est : cette forme de représentation restera-t-elle l'horizon de la démocratie ? 

À cette question, il est possible de réfléchir dans une perspective pratique. C'est  l'hommage qu'il faut rendre à l'aventure du blog de Étienne Chouard http://etienne.chouard.free.fr/Europe/  et pour cela je joins la copie du tract distribué par son association à l'entrée du métro Bastille hier :

Sur le blog d'Étienne Chouard est mentionné l'ouvrage d'Yves Sintomer.

Yves Sintomer. Petite histoire de l’expérimentation démocratique, tirage au sort et politique d’Athènes à nos jours. La découverte, Poche 2011

(extraits)
 
« La Polis (Cité) se présente comme un univers homogène, sans hiérarchie, sans étage, sans différenciation. L’Archè (le pouvoir) n’y est plus concentré en un personnage unique au sommet de l’organisation sociale. Elle est répartie également à travers tout le domaine de la vie publique, dans cet espace commun où la cité trouve son centre, son méson. Suivant un cycle réglé, la souveraineté passe d’un groupe à l’autre, d’un individu à l’autre, de telle sorte que commander et obéir, au lieu de s’opposer comme deux absolus, deviennent les deux termes inséparables d’un même rapport réversible. » (J.P. Vernant)
 
« Dans le cadre d’une rotation rapide des fonctions de pouvoir (la plupart d’entres elles ne sont attribuées que pour quelques mois), la sélection aléatoire constitue une procédure très rationnelle. Le couplage de la rotation et du tirage au sort est particulièrement efficace pour éviter une professionnalisation de l’activité politique, une monopolisation du pouvoir par les experts et son autonomisation par rapport aux citoyens. Sur ce point, l’idéal de la cité est à la fois politique et épistémologique : il s’agit de défendre l’égale liberté des membres de la cité et de proclamer que tous peuvent légitimement prendre part à la réflexion et à l’action politiques, qui ne sont pas considérés comme des activités spécialisés. » (Yves Sintomer)

« Cet idéal est largement partagé à l’époque classique. La manière dont les plus hautes fonctions sont pourvues en témoigne. La plupart des magistratures sont collégiales pour limiter le risque d’une appropriation du pouvoir. Les stratèges sont les principaux magistrats et sont élus, mais ils forment un collège dont la présidence est désignée chaque jour par tirage au sort. C’est une façon d’éviter la concurrence, mais aussi  mais aussi de faire alterner le principal pouvoir politique à l’intérieur d’un groupe qui, à travers l’élection, est considéré comme composé de personnes compétentes. De même, le président est tiré au sort parmi les prytanes et, durant toute la journée, il est formellement en possession des pleins pouvoirs de l’État. Chaque président athénien peut ainsi affirmer en quittant son mandat : « J’ai été président athénien pendant vingt-quatre heures, mais pas davantage ! » (Yves Sintomer)

Hors de ce cadre strictement politique et pour réintégrer celui de l'art, le recours au hasard est un moment privilégié de l'irruption d'options révolutionnaires en art au vingtième siècle.

D'abord celle de Marcel Duchamp qui créa ses "Stoppages étalon"  (1913) en laissant tomber au hasard sur une feuille  posée à terre trois cordes correspondant à la longueur de 1 mètre. Ayant chuté, ces cordes prenaient au sol une forme que Marcel duchamp enregistrait par le dessin pour en faire une  nouvelle unité de mesure, le "Stoppage étalon", pour intégrer le hasard dans la mesure universelle.

« Mes trois stoppages-étalon sont donnés par trois expériences, et la forme est un peu différente pour chacune. Je garde la ligne et j'ai un mètre déformé. C'est un mètre en conserve, si vous voulez, c'est du hasard en conserve. » 
Marcel Duchamp Entretiens p.78

Quelques cinquante ans plus tard, l'artiste américain du land Art Walter De Maria, reprenant le postulat de Marcel Duchamp, choisissait de laisser tomber trois allumettes au sol et fixait par le dessin et la photographie l'emplacement de la chute des allumettes. Cela fait, il reconduisait les proportions des positionnements des trois allumettes, mais à une échelle monumentale, en plein désert, en creusant des tranchées gigantesques reprenant l'exact rapport de proportion des vides et des pleins de ces trois allumettes. Façon de prendre en compte de manière centrale la contribution du hasard dans les lois de la créations et celles du cosmos. 

Comme quoi le hasard, décrié en politique par les tenants d'une exclusivité d'un territoire réservé à des professionels, trouve un écho en art chez les détrateurs de l'art contemporain qui nierait, selon eux, la maîtrise académique absolue par l'artiste des moyens de la mise en oeuvre de sa création, sans rien laisser au hasard...On conçoit au contraire quele hasard, admis comme dimension constructive de la réalité, ne peut être tenu à l'écart, et qu'une fois invité, il apporte à la décision politique et artistique sa part de fécondité.

En ces temps de débat sur le mariage pour tous, certains n'ont pas attendu pour s'allier, se marier, fusionner,  ... à en laisser cocus les citoyens !

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