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    Piteux

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    (le nombre de photos a été volontairement réduit)


    Après le cœur de la branchitude parisienne du 3ème arrondissement, il me fallait effectuer un deuxième affichage en banlieue, à Montrouge, qui a déjà eu d’autres collages (voir montrougemieuxsansmetton.eklablog.com et articles antérieurs ici).

     

    Reconnaissons à tout cela un caractère expérimental : à une époque où les gens ne regardent plus que leur tablette, ahuris de télévision et d’Internet, démobilisés intellectuellement par le durcissement des conditions de leur travail lorsqu’ils en ont encore un, il leur devient difficile de lever le nez, d’aborder les choses et les gens avec curiosité. La suite, on la connaît, de cette désactivation naît un désespoir, qui se traduit par diverses formes de durcissement et de violence larvée ou à peine contenue, en attendant pire.

     

    La preuve dans ce flyer de la société « krav Maga » déposé sur tous les pare brises des voitures. On y voit de la réclame pour du « Self défense » (www.kmpo.fr). Le but est clair, faire fructifier les peurs et les haines pour augmenter les réactions de corps à corps direct, partant d’un sentiment d’insécurité exacerbé par rapport aux statistiques officielles, cultivé par les médias et politiciens sans scrupules.

     

    Dans cet « esprit », c’est au repli sur soi que l’on assiste. À la limitation des considérations sur le pragmatisme mercantile le plus étroit : celui qui est propriétaire a tous les droits sur les autres, d’interdire, menacer, tout en s’autorisant à titre privé de faire du profit de manière plus que douteuse.

     

    Ainsi un propriétaire d’un petit magasin de cigarettes électroniques, m’a interdit de coller à côté de sa devanture. Nous avons eu une explication, une dispute courtoise de plus d’une demi heure. Nous nous sommes parlés au moins. Et j’ai dû me résoudre à enlever mes quatre affiches et les jeter à la poubelle voisine ; ce monsieur vend des cigarettes électroniques mais me dit que ce que je colle est de la pollution visuelle.

     

    Personnellement, je trouve que tous ces pauvres malades de l’addiction à cette prothèse ultra sophistiquée et superflue, coûteuse, produite à l’étranger, et qui s’avère de plus en plus représenter un danger pour la santé publique (http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=33181#.VBG8PSh2Dgc) sont davantage victimes d’une pollution que les passants avec mes affiches.

     

    Ce monsieur a commencé par dire que ce que j’affichais n’était pas de l’art, puis sur l’une des affiches (Jochollande), il a rectifié, et enfin, il a reconnu que son mur, avec ou sans affiche, est particulièrement sale et laid (on le voit sur la première photo, avant que j'enlève mes affiches pour apaiser ce commerçant jaloux de sa liberté de "produire de la richesse" sans doute). Pourtant il affirme être, en tant que copropriétaire, le seul responsable de ce mur. On voit les limites de l’exclusivité de cette responsabilité, car le mur en question est exemplaire de laissé aller et de crasse. Dans ce cas, lorsque j’ai enlevé mes affiches, j’ai dit en partant à ce monsieur occupé avec une nouvelle cliente (cliente pour la dépendance et l’intoxication choisies), "je vous rends votre mur dans l’état magnifique dans lequel il se trouvait juste avant mon collage ! "... Sans commentaire.

    Il faudra une bonne dose d’entêtement et d’aveuglement à notre homme (mais il l’aura !) pour ne pas reconnaître l’évidence : son mur est beaucoup plus laid sans qu’avec mes affiches qui ont au moins le mérite de faire parler les gens, de les faire observer et penser, discuter, critiquer mais au moins vivre une vie d’être humain actif, en tout cas plus que ces pitoyables fumettes peu recommandables.

    La seule chose qui importe à notre personnage en la matière est son chiffre d’affaire, le maintien en parfaite saleté de son mur le long de sa boutique du moment qu'il affirme par là un pouvoir de contrôle jaloux de son espace avoisinant. Rassurons-le et disons-lui qu’il trouvera dans deux ans une présidente à la tête de l’État qui lui offrira partout des milices avec chiens pour imposer  la soumission la plus stricte aux exigences de l’"ordre public" tel que lui le conçoit. Les gens comme moi ne nuiront plus à la tranquillité des petits commerçants comme ce monsieur.

    Ce monsieur n’a pas voulu admettre que des artistes ne sont pas par définition des gens parmi les plus obéissants, qu’il existe de nombreuses œuvres qui vivent une relation au public de manière non règlementée, mais qui n'en constituent pas moins pour autant des valeurs ajoutées à ces espaces publics autrement délaissés (comme « son » mur, qui fait pitié par sa crasse).

     

    Il n’a pas pu remarquer que peut-être des peintures à l’huile sur toile réalisées ensuite sous forme d’affiche imprimées en offset de qualité, pouvait poser autrement la question de l’œuvre unique thésaurisée, qu’elles pouvaient constituer une autre approche du public pas uniquement réductible à de la « pollution visuelle » à laquelle ce monsieur se cantonne de manière obtuse, que la dimension de gratuité, d’indécidabilité (même si certaines ont des messages apparemment très affirmatifs) de ces images présente justement une valeur plus riche que les matraquages publicitaires auquel ce monsieur participe avec sa devanture pleine de gadgets toxiques.

    Car plusieurs personnes sont venues me voir pendant que je collais, au moins quatre ne serait-ce ces dernières fois à Montrouge, pour poser des questions, pour discuter, pour comprendre et envisager la pluralité des significations de cette affiche drapeau français, ou d’autres et chaque fois, ces personnes sont reparties particulièrement contentes, intéressées, approuvant la démarche…

     

    Donc, on a, d’un côté, une vision de l’ordre exclusivement utilitariste et égoïste qui admet et participe à l’intoxication générale par des produits néfastes du moment qu’ils apportent du profit à ceux qui ont pignon sur rue en « toute légalité », bref le droit d’empoisonner avec la bénédiction de la réglementation en vigueur. De l’autre on a une tentative risquée, fragile, sans moyens, furtive, de faire exister une résistance à cette uniformisation des consciences, à ce formatage, à cette indifférence générale, à cette complicité des crimes commis au nom de l’ordre économique dominant (exemple, ces multinationales des laboratoires pharmaceutiques qui imposent des conditions d’exercice de la médecine entièrement à leur avantage, qui touchent des aides gigantesques de l’État sans contreparties pour placer des financements sur le marché spéculatif au lieu d’investir sur des médicaments utiles mais non suffisamment rentables, qui sous paient et précarisent leurs personnels, délocalisent à outrance leur production, avec la bénédiction de la législation (voir l’affaire Servier parmi d’autres).

    Ce monsieur ne fera rien contre. Il ne s’en indignera même pas et ne cherchera pas à les dénoncer. Par contre, il empêchera un artiste à exposer un travail paradoxal, inattendu, objet de nombreuses approbations de passants qui ont laissés des messages encourageants en de nombreuses occasions.

     

    Ce sont ces gens tristes et obtus qui imposent leur loi au monde d’aujourd’hui, mettant dans le même sac les délinquants, les taggueurs et les artistes, oubliant comme par hasard les vrais délinquants (par un sens à peine masqué d'identification à cette caste de profiteurs), ceux en col blanc, qui conduisent cyniquement le monde à sa destruction. Leur monde, à eux, ces petits commerçants sans idée, est piteux comme leurs petits objets de commerce, leur obsession mal placée de l’ordre prépare le terrain à une société violente, insensible, rigide, intolérante au nom de leur petit intérêt de boutiquier. C’est piteux.

     

    Heureusement, j’ai rencontré aujourd’hui des gens avec qui j’ai parlé de manière prolongée, intéressante, et qui demandaient plutôt qu’interdisaient, qui s’ouvraient à l’inconnu plutôt qu’ils se refermaient sur eux-mêmes comme ce marchand de cancers (cancers plus branchés parce qu’électroniques !). Le monde est riche de personnes curieuses et différentes. Il est appauvri en revanche par ces esprits toxiques et méfiants, obsédés par leur intérêt exclusif. C’est ce monde-là qui est en crise et est en gestation d’un autre. J’avoue qu’à rencontrer ce monsieur, je comprends que cela demandera du temps et qu’un monde ouvert, tolérant, compréhensif ne sera jamais acquis d’avance !

     

     

     Pour finir, les photos ci dessous, prises à Paris quartier Opéra, montrent que les congénères de ce boutiquier sourcilleux, ne se privent pas, eux, de procéder, en plus de la pollution bronchique qu'ils provoquent par la vente de leurs cigarettes électroniques, à la pollution visuelle la plus racoleuse. Je repose donc la question : n'y a t-il pas une différence de statut et de relation entre les affiches que je colle il est vrai parfois "sauvagement", et ces réclames les plus imbéciles qui soient ? À l'occasion, si ce monsieur de Montrouge trouve le temps entre deux clients, il réfléchira à une réponse juste et honnête. Il faut toujours rêver.  

     

    Piteux

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    La vie démocratique d'Emmanuel P.

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    La vie démocratique d'Emmanuel P.

     

    J’avais choisi la rentrée des galeries pour coller mon tout nouveau matériel d’affichage dans le quartier du 3ème arrondissement de Paris. C’est celui où, paradoxalement, les murs, larges et nus, magnifiques, sont les plus propices à l’affichage. Cet écrin des hôtels particuliers pour valoriser de l’art, était il n’y a pas si longtemps, habité par des très pauvres, et occupé depuis par ceux qui ont su, expulsant doucement leurs prédécesseurs, valoriser à outrance le prix de leurs chers mètres carrés (voir le livre Paris sans le peuple, la gentrification de la capitale, Anne Clerval éditions La découverte 2013) pour en faire des coffres forts immobiliers («  c’est si pratique, si central, tout est à proximité… ! »).

     

    En procédant à ce dernier collage, devant témoin, j’ai pu mesurer l’agressivité des bourgeois lorsqu’on affiche sur ce qu’ils considèrent comme leur propriété, les murs extérieurs donnant sur la rue. Pour un peu, la rue toute entière serait à eux, l’air que l’on respire, le temps qu’il fait, tout ! Surtout si ces messieurs bien élevés pouvaient en tirer encore bénéfice !

     

    Cela me rappelle un excellent petit livre de Karl Marx « la loi sur les vols de bois » paru aux éditions des Malassis 2013. Marx y explique à ses contemporains, ce qui lui valut l’interdiction du journal La Gazette Rhénane, par décision du conseil du Cabinet de la Diète, comment les propriétaires de l’époque (je parle des grands propriétaires cela va sans dire) qui siégeaient majoritairement (c’est toujours plus sûr) à la Diète, décidèrent de fixer une loi qui punirait de peine de prison, de galère et de mort sociale, tout délit de vol de bois dans leurs propriétés. Il faut dire que ces gens avaient beaucoup de bois, et que leurs contemporains dans leur plus extrême majorité (je reviendrai avec plaisir sur ce mot extrême ultérieurement), n’en avaient point du tout.

    Or, comme tout phénomène d’inertie, les sans-bois avaient tendance, pour se chauffer l’hiver et cuisiner en toute saison, de venir dans les propriétés des dits propriétaires leur subtiliser du bois mort, celui tombé des arbres. Ces propriétaires voulaient que la loi serve leur intérêt et non qu’elle servit le bien public. Comme aujourd’hui le MEDEF écrit les lois qui intéressent exclusivement les intérêts privés des milliardaires et eux seuls, et que de cela justement le pays meurt à petit feu, ces gens tout puissants écrivaient les lois, dans le sens de leur intérêt. Qu’importe que le bois mort, par définition, ne soit plus adhérant à l’arbre propriété du propriétaire ni n’en ait été détaché par la force humaine des petites gens, le crime était d’avoir volé ce bois mort, tombé à terre. La lutte frontale entre les traditions communautaires qui voulaient justement depuis des siècles que le bois mort fut la propriété de ceux qui le ramassaient, de même que les grains tombés des charrettes des moissons soient propriété des pauvres gens qui marchaient derrière les convois, signifiait que l’atteinte au droit de propriété et à tout ce qui en valorise les possessions des possédants est un crime à leurs yeux et doit être puni de la plus cruelle des manières.

    Il y eut sans doute, après cette loi que Marx désosse de si belle manière, des milliers de pères de famille envoyés aux galères y mourir, laissant leur femme et enfants dans la plus extrême détresse pendant des années de misère éternelle auto perpétuée, mais heureusement, le droit des propriétaires était sauf. Et c’est cela uniquement qui comptait.

     

    Ici, nous sommes à Paris deux siècles à peine plus tard, mais finalement la ressemblance est éclatante. Un de ces bourgeois, me dit : Monsieur c’est une propriété privée ici ; je lui fais remarquer que si la valeur au mètre carré de son appartement était si élevée, c’était sans doute parce que Paris avait la réputation unique d’être un lieu de culture, réputation et valeurs obtenues parce qu’il y a dans Paris des … artistes ! Alors oui, pour ce Monsieur, les artistes font des beaux objets pour enrichir des collections de riches propriétaires qui spéculent sur la dette souveraine du Portugal, ou sur les céréales par temps de disette du fait de la hausse des cours du blé. Mais ces gens de bien ont un sens de l’ordre, et un artiste, cela reste dans sa boîte, et les plus valorisés (des gens nombreux travaillent à cela) si possible dans son coffre fort… Là est sa seule place. Le reste n’est pas de l’art et n’a sa place nulle part, en tout pas sur les murs de la ville, la cité, puisque celle-ci est à eux seuls la possession et l’objet de valorisation exclusive.

    Un autre à qui je tenais le propos sur mon affiche drapeau français : "vous trouvez que coller des affiches c‘est sale, mais le bruit des bottes ne vous dérangera pas dans deux ans, du moment qu’elles seront impeccablement cirées". Il me répondit : "oh, vous employez des arguments extrêmes". J’aurais dû répondre que c’est la modération apparente de sa caste qui est extrême, à rester inactive tant que les affaires sont à son avantage exclusif. N’est-ce pas en effet un extrémisme que cette solidarité des très riches pour défendre la « propreté » de leur cadre de vie afin de cacher la réalité sociale calamiteuse, reléguée aux confins, dont ils sortent, comme le dit Waren Buffet (avec moins d’hypocrisie), le plus légalement du monde, « gagnants » !

    Un autre me cria : « je suis de votre côté mais non !, ne collez pas vos affiches ! ». Je lui répondis : vous dites que vous êtes de mon côté mais vous ne l’êtes pas en fait ! » Je crois en effet que ce monsieur est du côté de la valeur de son appartement, de la propreté de son quartier dont tous les pauvres sont exclus « proprement », par le processus « naturel » (contre lequel on ne peut par définition rien) de la hausse du prix du mètre carré. Ce monsieur me demanda de décoller « plus tard » ces affiches. Je lui dis que je croyais en la « grâce » et étais persuadé que, « par des voies mystérieuses et impénétrables », ces affiches allaient s’arracher toutes seules dans un très proche avenir une fois que j’aurai le dos tourné (ce qui n’a pas manqué) !

     

    Mais c’est le célèbre galeriste parisien Emmanuel P., qui migra il y a quelques années du 13ème arrondissement pour celui-ci plus favorable à ses affaires et dont les artistes sont incontestablement excellents, qui apparut dans la plus belle lumière révélatrice de cette belle journée de collage. Emmanuel P. s’est approché jusqu'au bout de l’Impasse Saint Claude tandis que je m’employais à coller mes affiches et pendant qu’un ami me filmait. Il chercha ses mots pour m’interdire de coller mais il sut le dire finalement assez fermement, essayant même, par derrière, de se saisir de l’appareil et d’empêcher la prise de vue de mon collage par l’ami qui filmait (et sut heureusement résister à ce geste). Bref nous résistâmes à cette menace (il me filma avec son téléphone mobile comme pour me menacer d’une réclamation à la police): https://www.facebook.com/video.php?v=259602720830282   Pour finir, il dût repartir vers son « domaine » comportant des centaines de mètres carrés de ses deux galeries situées, l’une donnant dans l’autre, dans le quartier de plus branché de Paris. À croire que pour Emmanuel P., ses galeries ne lui suffisent pas, et qu’il lui faut aussi désormais avoir le contrôle total sur la rue. Pas d’affiches, pas de clochard, pas de Roms, de la propreté, et juste le commerce. Je crains, par mon collage, d’avoir fait ce soir baisser le chiffre d’affaire de notre homme d’environ 0, 00033 %, ce qui, certainement, n’est pas négligeable !...

     

    Je ne nie pas que je colle de manière "sauvage". Mais entendons-nous bien, je suis en contact depuis plus d’un an avec les services de l’adjoint au maire chargé de la culture de la ville de Paris pour demander que soit réalisé un projet que j’ai conçu de panneaux d’affichage libre dans les différents arrondissements. Car il faut savoir que Paris, capitale de l’art et métropole unique au monde par son riche passé historique (qui n’était certes pas que des histoires de rois), n’a, pour le moment, AUCUN panneau d’affichage libre. Pour une ville démocratique, voilà une ville démocratique ! En tout cas, marchands, propriétaires, spéculateurs, zélés serviteurs des fortunes déjà acquises, vous pouvez dormir tranquilles : la ville de Paris veille à conserver l’aspect d’un écrin muséal le plus aseptisé, le plus glamour, le plus neutre pour faire monter la cote de vos possessions mobilières et immobilières. Vous êtes entre de bonnes mains ; celles, invisible, de la loi du marché qui achète tout, même les politiques de gauche !

     

    Pourquoi donc les artistes, qui ne sont pas tous certains d’entrer dans les coffres de ces collectionneurs dont les liquidités proviennent en grande partie de leur soustraction à l’impôt et du durcissement des dérégulations qu’ils obtiennent « légalement » sur le monde du travail et permettant d’extraire encore plus de plus value de diverses manières parfaitement invisibles aux yeux de ceux qui en sont les victimes, je veux dire les gens ordinaires ; pourquoi, donc, les artistes, qui sont nombreux à Paris à manger de la vache enragée, ne procèderaient-ils pas à une petite occupation – pacifique et expressive, artistique et politique – non pas de Wall street, mais – c’est tout comme – de fric street ?  

     

    Est-ce qu’une affiche comme celles que je propose, dont deux au moins seront présentées à la fête de l’Humanité la semaine prochaine (Ah, il s’est trahi !) est un véritable enlaidissement des murs, et est-ce abrutissant, est-ce grossier ? Mon avis est que cela ne l’est pas autant que la plupart des programmes de Télé Bouygues aux heures de grande écoute (vous vous souvenez « ce que nous vendons à Coca-cola, c’est du temps de cerveau disponible » ? … C’est Télé Bouygues, et personne n’y trouve encore rien à redire). C’est légal, c’est propre, comme les PCB, les OGM et les pesticides de Monsanto, et les affaires continuent ! Et avec les bénéfices, les actionnaires, que font-ils ? Ils achètent de l’art contemporain. La boucle est bouclée. Alors monsieur, avec vos affiches, « bouclez-la ! ».

     

     

     


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    Le remplacement de Montebourg par Macron, le second étant applaudi par avance par le premier à la passation, montre qu’il n’y a aucun clivage de fond et que tout ce numéro d’Arnault Montebourg ne vise qu’un objectif : se tailler à lui-même un costume pour les présidentielles de 2017, en remplacement de Hollande. Et, avec cette sinistre farce, c’est donc toujours et encore le PS qui tiendrait les ficelles, oblitérant constamment le Front de Gauche et la contestation sociale, bien anesthésiée il est vrai ( mais n’est-ce pas là le rôle fondamental du parti socialiste ?).

     

    Le coup est bien joué, et placer Najat Vallaud-Belkacem au ministère de l’Éducation en est un autre très joli. Une jeune et jolie femme, issue de l’immigration maghrébine, bonne élève,… que désireraient de plus les enseignant(e)s pour s’endormir plusieurs mois pendant qu’on dépèce l’école de la République avant de s’apercevoir du stratagème. Car la place d’une femme de conviction et de gauche n’est certes pas dans ce gouvernement de sabordage complet de l’héritage du conseil National de la Résistance. Avec sa jeunesse, elle se prépare un avenir de femme présidente, sans doute à la suite de Marine Le Pen.

     

    Ce qui s’appelle faire de bons calculs…

     

    Comment ne pas passer pour amer lorsque de Gaza à Florange, des retraites aux hôpitaux, du CICE à Snowden, on doit assister impuissant à tant de destructions et de trahisons, de perpétuations d’un ordre scandaleusement injuste et inhumain, et que les années passent. Sans perspectives autre qu’aggravation et enfoncement dans toujours plus de violence économique, sociale, idéologique, d’ignorance…

     

    L’excellent livre « Roms et riverains, une politique municipale de la race » d’Éric Fassin, Carine Fouteau, Serge Guichard et Aurélie Windels paru chez La Fabrique éditions en 2014, montre le degré de mensonge et de violence dont sont capables les élus et ministres de gauche plus encore que de droite (car à droite on sait en principe à quoi s’en tenir), pour la conquête du pouvoir, en lâchant à la vindicte populaire des gens encore plus pauvres et démunis que le riverain ordinaire (http://www.franceinfo.fr/actu/societe/article/en-france-des-enfants-meurent-encore-dans-la-rue-557801). Tous les mécanismes de la stigmatisation et de l’exclusion des droits essentiels sont analysés avec finesse, et donnent en même temps un portrait repoussant de la démocratie électoraliste telle qu’elle a obstrué totalement le débat politique en France.

     

    Ce ne sont certes pas ce genre de livres que Sciences-Po ou l’ENA donnent à lire à leurs petits élèves, et encore moins les édiles municipaux trouveront le temps de les étudier, pris comme ils le sont dans leurs multiples tâches au fond desquelles ils sont si fiers de se laisser engloutir, par goût pour l’exercice personnalisé du pouvoir. À cet égard, l’article remarquable du petit journal de grande qualité « L’Âge de faire » de juillet août 2014, intitulé : « Saillans : la révolution participative est en marche ! » porte un éclairage encourageant sur l’avenir de la politique locale.

     

    Cela sera-il suffisant pour engendrer des remises en question à l’échelle nationale vis-à-vis de la pression des banques, de la commission européenne ou des États Unis avec le trop peu connu accord de commerce transatlantique (appelé TAFTA parmi une infinité d’autres appellations entretenant le flou) ? Je n’en suis pas certain. C’est pourquoi la mobilisation politique au sein d’organisation telles que le Front de Gauche permettant d’avoir un poids national, est aussi indispensable. Mais nombreux sont ceux qui ayant trouvé un os à ronger, s’y consacrent exclusivement et (si je puis dire) à temps plein !

     

    Pour preuve, à peine ses fonctions prises, M. Macron a commencé à attaquer les « idées de gauche » qu’il présente du haut de son parcours d’énarque et de banquier comme une « étoile morte » (le contraire eut été étonnant), et qui entreprend le deuxième jour d’exercice de son ministère, d’attaquer les 35 h, immédiatement relayé par le second du MEDEF (http://www.franceinfo.fr/actu/politique/article/35h-roux-de-bezieux-pour-un-demontage-progressif-557291). Les idées de droite, libéralisme en tête, à l’origine des milliards de pauvres de la planète, et des centaines de millions de chômeurs, les ravages écologiques irréversibles mondiaux tandis que se gavent les quelques milliardaires sans cesse plus riches, voilà en effet quelque chose qui semble bien vivant, je dirais même un astre en pleine explosion de vitalité destructrice.

    Est-ce un critère pour se coucher devant ses entreprises idéologiques pour écraser un peu plus les plus pauvres ? Sans doute non, d’autant qu’il est, concernant par exemple les 35 h, peu compréhensible qu’en obligeant les gens à travailler plus longtemps, cela libère des emplois pour les chômeurs. Cela vise au contraire à limiter, en les concentrant, les salaires, sur une charge de travail accrue alors que tous les indicateurs témoignent d’une aggravation des rythmes, des conditions, des charges et des statuts au travail, au détriment de la santé publique, de la qualité des productions (défauts qui ont un coût à la charge de la collectivité), mais au seul et unique profit des actionnaires de la classe dorée des super riches.

    Ce sont ces gens-là qui tiennent absolument à nous faire oublier la « lutte des classes », parce qu’ils en sont les seuls bénéficiaires, comme l'a très bien reconnu le milliardaire Waren Buffet : "Il y a une guerre des classes, c'est un fait, mais c'est ma classe, la classe des riches qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner."

     Alors, ces campagnes orchestrées par les « socialistes » représentant le milieu financier, regardons les pour ce qu’elles sont : de la propagande diligemment relayée par les médias des riches publics ou privés. Les démentis apportés quelques heures après par le premier ministre font partie du stratagème pour « tester » et habituer l’opinion. La guerre idéologique habituelle, à grosse dose, rien de plus…

      

     

     

     


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  •    Violence  et domination

     Page internet du site de France Info ce jour.

     

     

     

    « Le cinéma français s’intéresse très peu à la réalité et à la politique. »

    (interview de Dominique Marchais sur son dernier film « La ligne de partage des eaux » http://www.revuezinzolin.com/2014/04/entretien-dominique-marchais/)

     

     

    Voici bien là une phrase qui pourrait être transposée telle quelle dans le monde de l’art contemporain, au sein duquel il semble que la préoccupation de carrière de tous les acteurs et l’interdépendance des grandes signatures avec les intervenants parmi les plus puissants de la haute finance diminuent considérablement la portée réelle des éventuelles mises en question du « système » économique sur lequel ce marché repose presque intégralement de près ou de loin.

     

    Tout se passe comme si les ventes de Deauville pour les yearlings, ces chevaux vendus de 200 000 à plusieurs millions d’euros, se prolongeaient un peu plus tard par la FIAC sur les mêmes montants, ainsi que par d’autres ventes spéculatives, par lesquelles transparait dans la plus grande clarté la vampirisation des finances publiques et des besoins sociaux vitaux par une caste plus que réduite d’ultra riches, acteurs directs ou indirects de chacune des décisions gouvernementales applaudies d’ailleurs par leur représentant syndical (celui des riches), en la personne de M. Gattaz.

     

    Ce monsieur vient d’ailleurs d’adresser son compliment au pacte de « responsabilité » du « socialiste » François Hollande, responsabilité qui saigne à blanc les services publics en leur extorquant 50 milliards reversés d’une manière ou d’une autre en avantages économiques immédiats pour les plus hautes fortunes, qui d’autre part s’exemptent de la plus grosse part de leurs impôts par des stratégies d’évitement encadrées par les meilleurs cabinets d’avocats fiscalistes internationaux.

     

    « Défendre son seul intérêt privé » semble être la seule raison d’être de ce type de personnage, parmi ses collègues des universités d’été du MEDEF auxquelles, sans faute, se rendra notre premier ministre, soumis par avance aux dogmes qui s’y professent.

     

    Comparez avec une infirmière ou un maçon, un cartographe, un professeur ou un dentiste : bien sûr qu’ils voudront tous « gagner de l’argent » et vivre bien. Mais ils diffèrent fondamentalement de Messieurs Gattaz et consort en cela précisément qu’ils ne vouent pas, eux, aussi divers soient-ils, l’intégralité de leur attention et de leur énergie à l’unique et seule obsession de gagner encore et toujours plus d’argent et de consolider toujours plus ce pouvoir si particulier d’en gagner encore davantage par la suite. On pourrait dire même que la principale caractéristique de l’écrasante majorité des humains est d’oublier cet aspect en lui faisant passer devant presque sans cesse la passion pour leur métier et à travers lui le service qu’ils rendent à leur prochain.

     

    Telle est donc l’unique clivage qui sépare en fait l’ensemble de l’humanité de la minuscule frange de profiteurs obnubilés par leur intérêt et leurs privilèges, choses qui par définition ne se partagent pas avec le « commun ». Voilà pourquoi est en réalité toute tracée la ligne de démarcation qui sépare le monde libre à construire de l’oppression omniprésente couvrant la surface terrestre (et même les océans qui sont dans l’état que l’on sait).

     

    Ces puissants sont suffisamment forts pour renverser, par médias interposés, la perception commune. Suffisamment omnipotents pour peser sur le cours des valeurs de pratiquement tout, de la mode à l’imaginaire collectif petit bourgeois enraciné même chez les pires exploités. L’art contemporain est certes devenu leur terrain de chasse privilégié. Les millions passent de main en main, tous volés d’une manière ou d’une autre à des gens impuissants à empêcher leur propre racket au nom du « réalisme », sous forme de droits remis en cause, de prestations sociales ou de salaires en baisse.

     

    Et de nombreux artistes, souvent excellents (et, me dira-t-on, leur demande-t-on autre chose ?) se prêtent, assidument, à ce tour de passe-passe, du moment qu’ils espèrent ainsi en tirer quelques miettes et puisque leur carrière en dépend. Les sujets qui fâchent sont repoussés dans les marges et le public reste, qu’on le veuille ou non, extrêmement trié. On reste entre gens de bonne volonté. D’où l’idée qu’une « révolution symbolique », pour emprunter au titre d’un livre de Pierre Bourdieu consacré à Manet, doit peut-être passer par un écart vis à vis de ce rondeau parfait que les figurines du monde de l’art dansent en parfaite harmonie. Si tension il y a, elles semblent se jouer entre égos, ou entre partisans d’un retour en arrière et tenants des expériences les plus récentes.

     

    Si je ne prête pas grand crédit aux « réactionnaires » quels que soient les formes qu’ils empruntent, je me demande si la ferveur avec laquelle les acteurs de l’art d’aujourd’hui se dirigent vers toujours plus d’indifférence à la situation de la majorité de leurs contemporains est quelque chose de tenable, non seulement moralement, mais je dirais, artistiquement. Autrement dit, ne nous trouvons pas, avec ces dizaines de milliers d’ « installations » et de « dispositifs de monstrations » parfaitement opérantes et conformes à ce qui est attendu d’une œuvre contemporaine, et donc souvent interchangeables, en face de quelque chose qui serait homologue à un art routinier.

     

    Que si peu de voix dans ce monde artistique se fassent entendre pour contrer le climat de résignation entretenu actuellement en dit long sur le degré de dépolitisation bon ton que ces gens intelligents se croient bienséant de cultiver. Est-ce cela la culture ?

     

     

       Violence  et domination

     

    Joël Auxenfans. Le baiser; affiche éditée en août 2014.

     

     


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    On l’aura compris, le président du « changement maintenant » a, décidément, et avec l’aval le plus absolu des militants et élus de son parti, repris parfaitement la suite de son prédécesseur de l’UMP : soutien aux plus effroyables violations du droit international du pouvoir israélien à l’encontre des civils palestiniens, avec, toujours, et avec une constance macabre, le même rapport minimum de un à cent entre les victimes israéliennes et celles du peuple palestinien. On y voit aussi l’usage acharné des drones les plus sophistiqués (voir à ce sujet l’ouvrage remarquable de Grégoire Chamayou « Théorie du drone », édition La fabrique 2013 https://www.youtube.com/watch?v=Da9pMlBI6OI ) comme moyen de vérifier une domination technologique dont, dirait-on, les pays occidentaux sont fiers, au point de resserrer toujours plus les liens privilégiés, politiques, économiques, technologiques, avec cet état occupant. Les drones, les théories stratégiques et la « dronisation » des forces armées extrêmement dangereuses qui en découlent, sont originaires d’Israël.

     

    Il est à cet égard criant de constater que France Info relaie ce jour http://www.franceinfo.fr/actu/monde/article/l-ue-durcit-ses-sanctions-contre-la-russie-539909 que l’UE renforce ses sanctions contre la Russie, parce que celle-ci aurait peut-être joué un rôle dans l’armement de séparatistes ukrainiens à l’origine, peut-être, de la destruction d’un avion civil malaisien dans l’espace aérien ukrainien. Mais l’UE n’envisage pas la moindre sanction contre Israël alors que le bilan actuel, toujours en hausse rapide, fait état de plus d'un millier de morts dont la plus part sont civils et plus de 1500 blessés, des centaines de milliers de réfugiés, des destructions considérables sur des infrastructures civiles, etc… Il n’est tout simplement pas question, pour les occidentaux, de gêner d’aucune façon l’expansionnisme israélien, le mot expansionnisme pourrait ici plus légitimement s’orthographier avec un seul « n »...

    Il en découle, depuis plus de soixante ans, dans le monde, une caricature des idées des lumières et des droits de l’homme, qui est à l’origine des nombreuses situations de reculs et conservatismes, de ressentiments de nombreux peuples à l’égard des idées de progrès, de droit, de liberté, puisque ces mots sont, depuis des décennies, détournés de leur sens. L’excellent livre de Georges Corm «  Pour une lecture profane des conflits, sur le « retour du religieux » dans les conflits contemporains du Moyen-Orient » ; La découverte Paris 2012, ouvrage que je trouve personnellement nettement plus juste dans son angle d’analyse que celui d’ Ardavan Amir-Aslani La guerre des dieux Edition, Nouveau Monde, permet de reprendre pied dans une réalité présentée abusivement par les médias sur un mode générant de l'émotion et fonctionnant sur des schémas essentialistes.

     

    En tous les cas, quelque soit le point de vue porté sur la situation du conflit israélo-palestinien, il ne peut s’agir que de lui trouver une fin, dans le respect des droits de chaque composante humaine concernée. L’idée énoncée par Shlomo Sand, d’une fédération palestinienne et israélienne, parties linguistiquement différentes mais coopérant dans un projet d’état fédéral riche de ses diversités semble une piste à creuser. Elle rend accessible, paradoxale mais apporte une vraie fin (au sens de finalité ultime de toute négociation prenant « l’autre » pour finalité aussi bien que soi-même comme seule condition de réussite) à ce conflit emblématique de la relation inégale entre faibles et forts, entre dominés et dominants. Car au point où en est arrivé le grignotage et l’envahissement des espaces palestiniens par les colons et forces armées israéliens, la question est plus de vivre ensemble dans le respect de deux entités distinctes mais pas exclusives que de séparer les gens dans une visée de communautarisme ultime et raciste.

     

    Il est humainement (si tant est que ce terme ait un sens pour les possesseurs de forces superpuissantes israéliennes et qui en font usage sans vergogne) nécessaire et inévitable d’aboutir par tous les efforts, à l’unité dans la diversité des composantes de cet espace géographique, même le drapeau de l’entité fédérale à venir pourrait reprendre l’histoire tragique des décennies passées pour les mettre au cœur du ciment conciliateur et unificateur de ces gens, pour la vie et l’avenir.

     

    Malheureusement, le parti au pouvoir en France, ainsi que ceux qui sont en passe de lui succéder (UMP, centriste, ou FN) sont fondamentalement assimilés à une idéologie dominante atlantiste et par conséquent pro israélienne, et ce, avec la mauvaise foi la plus aberrante, la plus destructrice de la confiance. Voici une image pour donner un espoir.

     

     

     

     

    Les maîtres du supplice.

    Joël Auxenfans. "Drapeau". Édition septembre 2014. 

     

     

     

     

     


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