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    Marianne. Joël Auxenfans 2014. Huile sur toile; projet d'affiche. 

     

     

     

     


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    C’est un fait incontestable : empiler des enfants dans des classes ne produit pas de bon résultats. Au delà de deux dizaines, et bien sûr (encore plus courant) au delà de trois dizaines par enseignant, inutile d’espérer faire cesser les inégalités sociales. Le processus de ségrégation est à l’  « œuvre ». Les enfants bien nés, c’est-à-dire issus d’une famille de parents diplômés avec livres, temps consacré à l’enfant et familiarité aux codes scolaires, seront dès le départ avantagés. Et cet avantage s’enracinera dans les plis de la vie quotidienne de ces jeunes personnes au cours de leur croissance pour leur donner méthode, confiance en eux, bonnes dispositions, facilité de compréhension, culture scolaire, bref tous les atouts indispensables à la réussite académique.

    Les autres, c’est-à-dire tous ceux qui ne seront pas nés dans ce milieu prédisposant à réussir scolairement, accumuleront les malentendus, les mauvaises expériences, les embarras, le mal être, et pour finir une sorte de peur qui leur fera trouver des expédients (bavardage, absentéisme, incivilité) les poussant vers l’augmentation des difficultés et vers moins de choix dans la vie, moins de capacité à se défendre et à prendre sa place.

    Aussi je n’appellerais pas autrement que criminels les personnes publiques qui promettent monts et merveilles pour accéder au pouvoir et laissent ensuite la ségrégation sociale continuer d’opérer à grande échelle à l’école, en laissant les taux d’encadrement par élève (en France, déjà l’un des plus bas d’Europe) baisser chaque année davantage.

    Alors qu’il est clair qu’accorder les moyens de se concerter et d’inventer avec les enfants, les parents et les collègues des méthodes d’enseignement adaptées à la réalité des élèves aujourd’hui permettrait d’éviter un gigantesque gâchis sociétal et humain. Car si toute la société pâtit de cette pauvreté et de ce ressentiment de masse, ce rendez-vous manqué enfoui au fond des vies et transmis de génération en génération est en outre un manque et une souffrance trainées par des individus toute leur vie ...

     

    Ce scandale scolaire, ajouté à la confiscation de l’exercice du pouvoir politique par les « élites », justifierait des poursuites contre X, sous le chef d’inculpation de « non assistance à démocratie en danger ». Car, entre ces journalistes iniques s’enferrant dans une désinformation routinière, ces tenants des appareils de partis occupant l’espace de visibilité, et des rapiats de la finance œuvrant en réseaux ultra efficaces pour vider les caisses de l’État et augmenter toujours plus leurs facultés de puissance, on assiste à l’abandon à elle-même de la démocratie, pour ainsi dire à sa mort par absence de soins. C’est là une forme de violence qui s’implante au quotidien dans le retrait orchestré de la culture de la parole et de l’action politique citoyennes.

     

    Que l’art, par son marché, laisse à ce point extrême et à un rythme aussi effréné, se renforcer les patrimoines financiers et le capital symbolique des plus riches (de 800 millions en 2003, le montant des échanges financiers accaparant l’art est passé à plus de 8 milliard en 2013 !) devrait conduire à se poser la question de l’utilité de l’art pour la population et pour la société. Interroger par la critique le statut des œuvres et des collections entièrement aux mains de passions privées permettrait non pas de censurer ou d’interdire l’acquisition de l’art par des particuliers ou des sociétés mais de réguler en redéfinissant la finalité de la production artistique.

    Si l’idée de « gratuité » de l’art chère à Kant reste valable, laisser le marché spéculatif en faire fructifier la valeur financière au profit d’une minorité et au détriment de la majorité devient intenable pour la collectivité.  Car les moyens d’acheter des grands collectionneurs privés proviennent directement du durcissement généralisé de l’extraction des liquidités financières contre les salaires, les conditions et les statuts d’emploi, les services publics (et l’on retrouve ici la source des manques dont sont victimes l’école publique, la santé publique, la recherche publique ou la culture).

     

    Or on a l’impression (à vérifier) que l’art de la fin des années soixante a été alors un sommet de désir de création d’un monde nouveau, instaurant de nouvelles règles et de nouvelles mesures. Revenir sur l’art d’un artiste comme Daniel Buren  de 1968, par exemple, peut constituer un moyen de revoir ce moment avant lequel la société française a commencé à basculer dans un cycle mortifère de culte de l’imbécillité et de la finance. C’était peu de temps après la fin d’une guerre coloniale horrible en Algérie, et avant que cet autre pays perde lui-même peu à peu le contrôle de sa propre  libération. Ce sujet de la libération des idées, des mœurs, des créations et des régimes politiques reste à creuser. L’art pourrait y apporter sa part, et cela serait utile.

    Ce voyage de mémoire a été entrepris à sa façon par les «  Nouvelles histoires de fantômes, une installation bouleversante conçue par Georges Didi-Huberman et Arno Gisinger d’après le légendaire Atlas Mnémosyne de l’historien de l’art du début du XXe siècle Aby Warburg. Ce qui en résulte n’est sans doute pas une exposition, n’est sans doute pas une œuvre au sens traditionnel, mais, en une forme qui n’existait pas, la présentation d’une méditation incomparable sur la façon dont la photographie et le cinéma ont prolongé à leur tour les chefs d’œuvre des artistes anciens qui témoignent de ce que nous sommes. (…) » (extrait du communiqué du Palais de Tokyo).

    Toutefois, je vois dans ce rassemblement magnifique d’œuvres filmiques si éloquentes et si émouvantes, unies sous le même thème du pathos et des lamentations, une vision presque religieuse du drame social, et dès lors presque en déviation par rapport à la question sociale telle qu’elle se pose aujourd’hui après toutes ces illusions du XXème siècle.

    Qu’est-ce qu’une société, sans résumer cette appétence par la religiosité, peut désirer faire d’elle-même ? Là est une question à nous poser d’urgence aujourd’hui, avant que tout ne sombre. Et pour ma part, j’aimerais poser cette question de manière moins affective et plus froide, c’est-à-dire questionnant plus ouvertement la chose publique, au travers d’une exposition de la population d’aujourd’hui à ses fantômes, en effet, mais des fantômes auxquels il ne nous est pas pour autant demandé de croire sans distance auto critique.

     

     

     

     


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  • En ces jours de pics de pollution atmosphérique (qui n'ont rien de féériques), la contribution que j'ai apportée au projet de Danielle Simonnet, la candidate tête de liste du Front de gauche à la mairie de Paris, résonne comme une confirmation des urgences. 

    Les urgences sont-elles, comme dans le projet actuel de la mairie, de saturer encore l'espace de prestations ostentatoires sans réelle concertation avec les habitants de ce quartier populaire du 18ème arrondissement ?

    Ou ne sont-elles pas de commencer sur le long terme, une expérimentation de formes de développement  associant les habitants du quartier et de la ville à de nouvelles relations à des espaces en croissance végétale, en développement dans la durée et dans la vérité des processus de dépollutions (phytotraitement des sols, permaculture, restauration de la microbiologie des sols) ? 

    C'est là le sens de la démarche que j'ai proposée, forcément, dans de telles conditions, fragmentaire et partielle, mais partant de recherches approfondies, en réponse à l'énoncé courageux et inventif de la candidate Danielle Simonnet. En voici quelques éléments versés à la réflexion de chacun. 

     

    Air de Paris

     

    JOËL AUXENFANS

     

    J’ai été sensible à la proposition de Danielle Simonnet de créer un troisième bois à Paris après ceux de Boulogne et de Vincennes. Cette idée audacieuse et généreuse, utopique mais nécessaire, rejoint mes préoccupations, et traduit une pensée politique qui procède d’un atelier où les choses s’inventent davantage que d’un appareil empesé par l’habitus du pouvoir. À  la différence de l’empilement de prestations et de bâtis déjà avancé par l’équipe sortante, il s’agit pour Danielle Simonnet et sa liste « à Paris, Place au peuple ! »  de fonder une priorité pour Paris et ses habitants : un nouveau bois sur une surface vaste et que ce soient justement les quartiers populaires qui en bénéficient en premier. L’urgence à Paris n’est peut-être pas tant d’amonceler équipements sur prouesses culturelles et vice versa ; le vrai besoin pour le peuple de Paris, c’est d’avoir accès à ce droit essentiel à la proximité immédiate d’un bois et à des logements accessibles aux plus modestes.

    Une « terre en friche » existe à La Chapelle international ! La couvrir intégralement de constructions couperait encore les gens de ce lien au sol et aux racines qui leur manque. Sans nier d’indispensables équipements et logements très sociaux, il faut préserver ces grandes longueurs, les possibilités spatiales et temporelles d’un développement de la biodiversité avec des dizaines d’essences d’arbres en lignes dessinant des perspectives, des trouées, des variations selon les saisons. Une vaste composition de bois, de parcelles maraîchères et de vergers, de bétail, créerait cette œuvre forêt, accueillant d’autres œuvres d’artistes. La diversité de la faune et la flore accompagnerait un jardin de préservation des semences domestiques menacées. L’idée peut paraître angélique et loin des urgences attendues d’une métropole internationale comme Paris. Pourtant, on ne pourra continuer à intensifier les rythmes et les efforts demandés aux populations, à augmenter les tensions, les exclusions et les consumérismes. Il nous faudra bien trouver une lenteur, des lieux résistants à l’arraisonnement quantitatif et élaborant des critères de sobriété pour l’avenir de toute la société. Il faut offrir aux parisiens un bois, pour que flâner, (se) cultiver, courir ou jouer, ne soient pas que l’apanage des plus riches, et que se voir vivre et voir le ciel devienne un droit pour tous. Car comme l’affirme si justement Camille (4 ans) : « Le ciel et la vie, c’est de la même taille. »

             

     

    Joël Auxenfans crée des reboisements jouant sur la biodiversité au service de créations artistiques monumentales se développant dans le temps.  Il a réalisé en 2007 un projet sur 8 hectares dans le Var avec la Fondation de France, programme des Nouveaux Commanditaires, l’Institut pour la forêt méditerranéenne, projet publié aux Presses du réel dans le livre (À) partir de Marseille, 65 projets d’art contemporain. Il a réalisé en 2011 un projet pour la gare de Besançon Franche-Comté TVG, avec le soutien de la Fondation de France programme des Nouveaux Commanditaires, Réseau Ferré de France et le Fonds Régional d’Art Contemporain de Franche-Comté. En janvier 2014, il a organisé une conférence sur l’ « affiche politique » au musée des Arts décoratifs de Paris, à partir de son travail de peinture imprimé sous forme de tracts ou d’affiches, distribués ou collés dans Paris. www.legymnase.biz    www.desformespolitiques.eklablog.fr

     

     

    Le projet de « troisième bois »  pour Paris du programme présenté par la liste de Danielle Simonnet pose question. À  quoi peut donc bien prétendre une idée portée par une candidate qui ne dispose ni des avantages du pouvoir, ni par conséquent des certitudes de la réaliser ? En somme, comment palier au manque du temps, de l’information, des moyens de financement, d’expertise et de reconnaissance que confère l’habitude de gérer les affaires d’une ville comme Paris ? Un « troisième bois » proposé ici pour Paris  présente évidemment le risque de passer pour une douce  utopie au vue des contraintes foncières et fonctionnelles attendues d’un projet urbain de cette ampleur.

     

    Pourtant – précisément – la place de l’utopie dans un projet urbain et artistique, dans le paysage de Paris, en 2014, est peut-être ce qui distingue, en terme de visée, un but politique qui peut-être préfigure l’avenir, de projets encore inscrits dans une logique systématique et mécanique de mobilisation exponentielle correspondant finalement à une pensée libérale. Or, chacun peut le constater, cette pensée libérale a atteint aujourd’hui ses limites à l’échelle locale comme globale, à l’échelle du paysage comme de l’usage, à l’échelle économique comme écologique, à l’échelle du naturel comme de l’humain. Donc ce défi d’une proposition alternative constructive en vaut la peine.

     

    Le « troisième bois » part d’un postulat  et d’une critique de fond, ce que semble malheureusement s’épargner, en l’état actuel, le projet de la ville. Ce postulat est le suivant : À accumuler des aménagements, des objectifs quantitatifs, des infrastructures, reléguant, sous la pression d’intérêts considérables, certaines dimensions essentielles de la vie humaine à l’état d’ersatz, ne risque-t-on pas paradoxalement de créer, à force d’artificialité technologique et d’offre centuplée, un monde épuisant, un monde de tensions insoutenables, inhumain, un monde perçu et vécu finalement en fait comme sauvage ? Cet arraisonnement déchainé des espaces, expression d’une intensification urbaine engendrant d’autres nuisances au fur et à mesure qu’elle en résorbe d’anciennes, s’impose comme urbanisation subie, plus faite de domination que de coopération.

     

    Or le projet présenté ici, par-delà sa modestie nécessaire, vise un autre monde. Et en cela, il constitue autant une proposition artistique, expérimentale, écologique, politique, dont l’esprit lui est consubstantiel de part en part. Il procède d’un principe de réflexion, un mode opératoire actif qui peut exister ailleurs, se propager, prendre place dans des interstices, s’élargir lorsque les circonstances le permettent, être objet de question et d’appropriation par les parisiens,  par la population elle-même, et plus seulement demeurer cet objet tout produit, splendide mais désincarné, indifférent, d’agences prestigieuses ou de grandes signatures internationales.

     

    1. Le « bois » existera, même lorsqu’il ne couvrira qu’une petite surface. Deux, trois ou quatre hectares, en effet, semblent bien peu pour parler de bois. Or un bois, c’est d’abord un lieu dédié à l’idée et à un type d’espace qui appartient en propre au boisement, avec ses plantations, ses percées, ses perspectives, ses vues, ses variétés d’essences, ses clairières. Même de dimensions réduites, il peut donc être conceptuellement présent comme tel, œuvre humaine, œuvre d’art, revendication en pleine ville.
    2. Ce bois présentera des valeurs d’usage telles que se détendre, prendre la lumière, cueillir des fruits, ou s’oxygéner, mais il comblera surtout un manque cruel,  apportant un capital symbolique, une richesse, un atout pour les habitants du quartier populaire du 18ème arrondissement. Il offrira un lieu de contemplation, un lieu de représentation, des vues de la ville sur elle-même au travers du prisme du monde végétal évoluant dans le temps.
    3. Il ne manquera pas d’équipements indispensables et de logement social ; néanmoins, il ne fera pas de leur saturation le gage unique de qualité urbaine et sociale. Il misera sur d’autres aspirations, pratiques et partages auxquels ont droit les habitants du quartier comme ceux d’ailleurs, venus là en visite. Il part de l’idée qu’habiter ne se réduit pas à consommer des activités et des prestations ; habiter veut dire dévoiler en l’appréciant le temps de savourer la conscience de vivre parmi un ensemble harmonieux de « présences ».
    4. Ce bois comportera une ferme urbaine, non par folklore, mais comme partie prenante d’un processus vivant qui combine expérimentalement à l’échelle d’un quartier le recyclage des déchets verts, le compost, mais aussi la fumure animale, un verger de variétés de fruitiers à sauvegarder, un potager de protection des semences domestiques (menacées par l’industrie des OGM), activités reliées entre elles et invitant les habitants à s’initier, à prendre leur part, à s’inventer, créant une interpénétration continue entre le vivant et la cité.
    5. Aussi le bois sera-t-il un espace de formation et d’éducation, politique au sens noble, la culture prenant ici son double sens de civilisation élaborée et d’attention approfondie au règne du vivant, dans une appréhension d’un au-delà terrestre. En quoi, dira-t-on, cela a à voir avec une capitale comme Paris ? nous répondons : en quoi précisément cela n’aurait-il pas à voir avec une capitale comme Paris ?  Justement, le vivre ensemble passe peut-être davantage aujourd’hui et demain par apprendre à partager des préoccupations apparentées : les plantes, les animaux, les humains, les relations, les œuvres d’art.
    6. Les choses ici ne sont pas séparées, elles ne sont pas objets d’un commerce ou d’une ségrégation, elles coexistent, comme un véritable éco système urbain et social. En cela s’affirme une esthétique, issue de la qualité des relations entretenues en un même lieu et de ce lieu avec d’autres lieux. Ce projet sera en effet une pépinière au sens propre – on y fera pousser de jeunes arbres utilisables par la ville en d’autres endroits – comme au sens figuré – on y expérimentera des pratiques transposables dans d’autres conditions et inspirant d’autres tentatives, d’autres initiatives selon un processus de pollinisation.
    7. La restauration des sols dégradés et pollués des anciens sites ferroviaires sera un processus long, sur plusieurs années. On assumera ce choix, cette économie consistant à racheter sur site les effets destructeurs des industrialisations passées ; on ne fera pas que s’en débarrasser ailleurs, comme pour pouvoir (ainsi qu’on l’a fait si longtemps et qu’on continue à le faire) persister indéfiniment à n’être responsable de rien ; à rejeter sur les générations suivantes les maux de nos expansions foudroyantes. On assumera, sur place, le travail par phytorégération des sols, dont on rendra les citoyens témoins. Par recours à certaines plantes et par emploi de déchets organiques, on fera renaître les processus vivants de la microbiologie des sols.
    8. Sur ce substrat rénové sainement et économiquement, on pourra planter, après quelques années, non de grands arbres tiges superbes et coûteux ; on plantera des centaines de plants forestiers, jeunes, sains et bon marché, présentant par la suite un meilleur enracinement. Des palissades borderont le site pendant ces années, laissant voir par des fenêtres, le travail en développement. Ces palissades accueilleront une programmation d’affiches issues de peintures, de dessins, mettant en dialogue dans la durée les artistes et le public et la mémoire sociale et artistique de ces territoires.
    9. Viendra alors lentement (mot inusité dans ce monde de vitesse « hyper croissante »)  le moment d’ouvrir progressivement ces lieux à l’accès public, à la pratique des espaces désirés, respectés d’autant qu’ils auront été connus et vus alors qu’années après années, ils advenaient à la vie organique.
    10. L’espace sera réparti entre zones boisées, zones de clairières, zones de verger et de ferme et de semis potagers, respectant toutes les échelles de croissance végétale et animale parmi les hommes. Une alliance sera ainsi formée entre valeurs d’usages et valeurs symboliques, esthétiques, politiques, pour un bois à Paris qui nous annonce les formes de la vie sociale et urbaine de demain.
    11. Deux modules de halles de fret seront rénovés pour développer une inter modalité douce favorisant des transports de produits à faible empreinte carbone, associés à un marché de circuits agro écologiques courts associant coûts accessibles et qualités nutritionnelles et gustatives, soutien à une économie respectueuse des emplois locaux, des terroirs, biodiversité et paysages.
    12. Un chapiteau équipé, au pied des immeubles d’habitation comportant 300 logements sociaux PLUS et PLAI près d’un bâtiment d’équipement sportif et culturel, permettra des initiations aux arts du cirque et de la scène, aux chants et musiques sans sonorisation, des projections, redonnant aux habitants du quartier et en particulier aux enfants, un accès simple à des formations à l’intérieur l’hiver et en plein air l’été.

     

     

    Œuvre d’art et œuvre vivante, le bois sera un espace de « partage des regards » (Marie José Mondzain) conduisant les habitants et les visiteurs à se poser la question de son statut, de son rôle et de sa visée, réunissant ainsi les composants interagissant d’une réflexion proprement politique : de quel monde voulons-nous ? Cette réflexion est habituellement absentée des éblouissantes et monumentales réalisations programmatiques qui investissent les imaginaires des habitants le plus souvent « malgré eux ». Le troisième bois deviendra un nouveau monument de Paris, un monument dans lequel les habitants seront témoins et participants d’un processus émancipateur reflétant une perspective mondiale de préservation de la biodiversité et d’éducation aux écosystèmes, dont celui de la démocratie n’est pas le moindre.

     

     

     

    Durée du projet :

    1 an : Protection par palissades avec programmation d’affichages, démolitions partielles d’entrepôts pour en conserver certains en activité ; excavation des surfaces goudronnées, diagnostic écologique, labour des sols, évacuation des remblais toxiques, dépôt de matière organiques (BRF),

    3 ans : Chantier de construction des équipements et logements.

    4 ans : phyto régénération des sols à boiser.

    2017 : emménagement des appartements et équipements :

    1 an : plantation du projet avec la participation d’habitants et de professionnels, de centaines de plants forestiers d’un ou deux ans permettant un taux de reprise élevé et une diminution considérable des coûts ; suivi et regarnissage des plants. Semis des prairies et du potager conservatoire, plantation des arbres fruitiers. Introduction des animaux domestiques avec construction de bâtiments et abris en bois. Palissades et clôtures de protection des plantations. Croissance de trois ans entièrement protégée mais visible depuis les palissades.

    2020 : Ouverture des espaces boisés au public ; initiations et formations, échanges avec le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), les écoles, accueil d’œuvres d’artistes contemporains.

     

    Partenaires :

    Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), association Kokopelli de préservation des semences domestiques anciennes, association française d’agroforesterie, Fédération Française des Écoles du Cirque (FFEC), Fédération Nationale des Jardins Familiaux et Collectifs (FNJFC), Vers la terre, le lombri-compostage facile, Agro Paris Tech, Fondation de France programme environnement et programme des nouveaux commanditaires, Réseau Ferré de France,

     

    Budget

    Plantations : Verger : 10 000 € fourniture et plantation regarnissage compris ; 20 grands sujets type séquoia dans la grande prairie ; 16 000 € fourniture et plantation, suivi et garantie de reprise compris ; Bois : 20 000 plants forestiers d’un an ou deux de 80 essences différentes, fourniture et plantation : 120 000 € ; constructions bois (buvette, abris animaux, ateliers et bureaux : 120 000 € ; chapiteau fixe 200 m2 : 35 000 € ; palissades bois :  400 mètres linéaires en panneaux caisson bois made in France, forêts françaises : 20 000 € ; programmation d’affichages tirages offset : 400 € X 4 affiches six fois par an, avec droits d’auteur artistes : 20 000 €/ an ; clôtures châtaigner ; 500 mètres linéaires à 100 € les 10 m : 5 000 € ; Droits d’auteur conception générale du projet et suivi de réalisation partie boisement : 30 000 € : TOTAL boisement (hors partie bâti et circulations) :  376 000 €, (avec les coût annexes (prairie, fleurs), on peut estimer le projet de troisième bois à environ 400 000 € au total.

     

     

     

     

    Voir sur le site de Danielle Simonnet, Candidate du Front de gauche à la mairie de Paris, http://www.daniellesimonnet2014.fr/le-soutien-du-jour/  

     

     


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    Gagne pain

    Joël Auxenfans. Sans titre. Huile sur toile. Projet d'affiche. 2014. 

     

     

     Dans l’excellent ouvrage d'Olivier Bobineau, L’empire des papes, une sociologie du pouvoir dans l’église (CNRS éditions, Paris 2013), on y apprend qu’ «  il existe deux conceptions principales du lien politique, la « coopération » et «  la domination ». D’un côté, le politique selon une première tradition, constituée d’Aristote à Hegel, renvoie à « une fonction émancipatrice : il serait l’instrument de la pacification et de la rationalisation des existences ». De l’autre, une seconde tradition, développée par Platon ou Machiavel, le rapporte au contraire à sa fonction assujettissante : au pouvoir serait attachée, par un effet nécessaire de l’imperfection du matériel humain, l’injustice de la domination aveugle »

     À croire que, selon certains courants politiques, les hommes seraient par essence incapables de se diriger eux-mêmes et qu’il faudrait à tout coup, pour éviter le désordre irréversible qui découlerait de leur prise des responsabilités, les écarter du pouvoir au nom d’un péché originel, d’une tache qui les en délégitimerait éternellement. D’où cette idée très prégnante que les oligarques servent à cela : empêcher les débordements humains en, « raisonnablement », gérant les affaires à leur place.

     L’interdit qui frappe la possibilité que la société civile se penche sur les possibilités et risques qui apparaissent avec les progrès de la science en est un exemple : en bioéthique, le professeur Israël Nisand, co-auteur avec Pierre Mattei, du livre «Où va l’humanité ?»  ( Les liens qui libèrent 2013), expose son point de vue d’une manière éclairante sur France Info : http://www.franceinfo.fr/entretiens/un-monde-d-idees/israel-nisand-je-ne-vois-pas-pourquoi-on-interdit-la-gpa-1333143-2014-02-27

     Mais cette question se pose un peu partout. Et par exemple en art. Dans ce domaine comme dans d’autres, mais plus encore peut-être, la hiérarchie des valeurs sert le maintien d’un ordre entre dominants et dominés. Entre ceux qui peuvent se payer des œuvres coûteuses pour y gagner un faire valoir symbolique au yeux de toute la société, accompagné le plus souvent d’une plus value financière à laquelle ces puissants ne se privent pas de travailler, et le reste des gens ordinaires, l’art ne semble finalement utile qu’à creuser un fossé, ou à ériger un mur, c’est selon.

     Or, en quoi, je vous le demande, le fait pour des artistes, de ne pas servir cette « cause » ségrégative passablement frelatée les fait s’exposer au danger de n’être pas en train, à leur manière, de produire de l’art ? Si seul le marché produit de l’art, serait-ce que ce dernier ne serait alors qu’un avatar du marché, comme n’importe quel minable produit dérivé financier ? En quoi résiderait son prestige symbolique historique, son aura, son mérite ? Sans aller jusqu’à chercher des exemples d’artistes qui s’épuisèrent certes, mais existèrent à ignorer le marché de leur temps pour se concentrer à produire une œuvre qu’eux seuls dans un premier temps trouvaient juste – je pense à des peintres comme Van Gogh et avant lui Jean-François  Millet – les artistes n’ont pas besoin à ce point de se placer en position de poissons pilotes des requins de la finance – et je pense cette fois à l’autre extrémité, à des personnages prédateurs et toxiques comme François Pinault et Bernard Arnault.

     Il existe une forme de travail et des modalités d’existence qui ne permettent pas en effet pour un artiste de rayonner internationalement, du fait des difficultés budgétaires à faire face aux dépenses quotidiennes. Mais ces contraintes ne relativisent pas nécessairement la validité des questions soulevées par le travail ou ce qu’il en reste lorsque toutes les obligations journalières sont résolues. Et je ne cache pas que cette validité reste, chaque jour, à inventer ! Mais en quoi ces contraintes-là seraient moins dignes et moins stimulantes que les ambitions d’un riche mécène ? Car on voit bien qu’une certaine exagération des formes, atteinte par la monumentalité écrasante de certaines pièces, dont la taille est peut-être autant le résultat du ferment exponentiel de l’ambition du commanditaire, de son poulain, et de leurs partenaires (galeries, curateurs, institutions en quête d’un retour sur investissement), que de la nécessité interne à la « création originale », ne définit pas nécessairement en propre ici un fait artistique. Il y a bien d’autres paramètres qui agissent, et qui, lorsqu’on y songe, prennent bien là en fait et inutilement le devant de la scène.

     Pourquoi n’envisagerait-on pas « de l’art utile » ? Non pas de l’art utilitaire, au sens d’instrumentalisé ; non pas pour risquer de ruiner l’idée même d’art. Mais enfin, un art qui serve en quelque chose la société civile et non la légitimation plus que douteuse des grandes fortunes. Or, s’il est  compréhensible que le « métier » d’artiste soit progressivement apparu en diverses époques aussi comme un gagne pain, avec les négociations de la forme et du fond que cela impliquait en divers moments de la création, il reste que cette phase de négociation pourrait aussi s’avérer créative. Et que si choisir les partenaires institutionnels ou les lieux de publication fait partie depuis longtemps de la méthodologie de conquête du pouvoir et de maintien à celui-ci de nombre d’artistes contemporains, on pourrait envisager que l’éthique et la pertinence sociale des choix des prises de contact, des partenariats, figurent bien comme arguments complémentaires par lesquels une qualification de l’œuvre s’élabore, et ainsi là aussi, sa légitimité proprement artistique.

     

     

     

     


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    Platon a écrit La république puis Le politique, puis encore Les lois, Aristote l’Éthique de Nicomaque, Machiavel Le Prince, Kant Projet pour une paix perpétuelle, …

    Des centaines de textes philosophiques déterminants abordent le thème de la politique. Il s’agit donc là non d’un sujet de discussion périphérique comme l’entrainement de fitness ou la culture des géraniums mais un des thèmes les plus centraux de la vie humaine.

    Or que voyons-nous dans les conversations majoritaires de nos concitoyens ? L’absence de la politique, ou plutôt, la politique délibérément absentée. À la place, une infinité de sujets sans enjeu, permettant tout au plus de passer l’ « épreuve » quotidienne de conversations sans conséquences.

    J’en veux pour preuve une réunion publique du parti socialiste du candidat local de ma ville, à propos de la petite enfance et de l’école. Au milieu de 45 personnes acquises par avance à la candidature du dit candidat, les énoncés de présentation puis les réponses aux questions posées ont presque totalement réussi à éviter de parler politique, au prétexte qu’ « il s’agissait-là d’une élection strictement locale » (sic).

    Or une question n’a pas été posée et la voici : la personne qui se porte ici candidate à l’échelon local, a par ailleurs été impliquée activement pour soutenir la candidature d’un président qui a été élu en 2012, puis d’une députée elle aussi élue dans la foulée, et dont précisément ce candidat local est le suppléant. Donc on veut nous faire croire que le candidat local présent à cette réunion publique « locale » n’aurait absolument aucun lien avec la politique nationale ou européenne de son parti et à ce titre n’aurait aucun compte à rendre après deux ans de gestion des affaires du pays exclusivement par son parti ?

    Les gens présents ce soir-là sont du même avis, ils murmurent avec réprobation lorsque ma question évoque les engagements non tenus du président et, à la suite, de la députée de circonscription, les scandales des renoncements en chaîne. Ils pensent qu’en effet ce n’est pas le moment ni le lieu d’aborder ces sujets. Nous sommes ici, clament-ils sans le dire, pour célébrer la possible victoire électorale du candidat local, laissez-nous rêver que nous avons là aussi le pouvoir.

    « Là aussi », dites-vous, mais justement ! Vous l’avez ce pouvoir, depuis deux ans ! Et dans les grandes longueurs ! Ne s’agit-il pas là précisément d’un pouvoir politique !?

    Un pouvoir dont justement, il faudrait parler, tel que par exemple le maintien du présidentialisme de la 5ème république jamais plus remis en question au parti socialiste, ou bien des accords syndicaux entièrement à la solde du MEDEF, ou encore l’atlantisme inouï de la politique extérieure de la France sous le gouvernement Hollande, ou les attaques incroyables contre l’ensemble des services publics, ou bien les traitements exponentiellement scandaleux des Roms et des Sans papiers, la non amnistie des syndicalistes et citoyens poursuivis pour leurs luttes pour préserver l’emploi et l’outil de travail contre des patrons voyous ou pour aider des sans papiers dans leurs démarches, la protection des milliardaires et multinationales exilés et fraudeurs fiscaux à grande échelle, les efforts appuyés du ministre socialiste de l’économie pour vider de son contenu la taxe Tobin prévue à l’échelon européen en la faisant passer de 0,1 % à 0,01 %, le CICE de 20 milliards donné sans contrepartie ni contrôle aux plus fortunés, de même que l’abandon de la tranche à 75% pour l’impôt sur les grandes fortunes, la "disparition" de la réforme de la  fiscalité, la hausse de la TVA cet impôt le plus injuste deux ans après l’avoir combattue, les 30 milliards du logement social (livret A) donnés furtivement aux banquiers en plein mois de juillet 2013 à l’invitation du Président lui-même dans ses bureaux de l’Élysée, les 30 autres milliards des cotisations familiales reportés sur les citoyens ordinaires pour augmenter les profits des plus hauts revenus déjà en augmentation de 25% en 2012 ; …

    La liste n’est pas facile à arrêter, tellement les trahisons politiques se sont multipliées à jet continu depuis deux ans. Et de cela, il ne faudrait pas parler lorsqu’on réunit des citoyens sous le sigle du parti socialiste ?

    Voilà, je crois la nouvelle forme de totalitarisme à laquelle s’emploie une certaine catégorie de personnes sociales démocrates. Ces gens ne s’obsèdent que d’une chose : prendre le pouvoir pour qu’il ne se passe rien, pour que ce système de domination économique et politique appelé « Capitalisme » continue le plus longtemps possible, inchangeable, indépassable, incritiquable …

    Le parti socialiste est aujourd’hui l’archétype de l’organisation de la mise en quarantaine de la politique, véritable entreprise prophylactique stérilisant la population de toute possibilité de s’emparer des questions qui la concerne. À grande échelle.

    Voilà pourquoi tant que cette forme de pensée continuera à être considérée, par automatisme conformiste et absence de capacité à inventer, comme un recours électoral systématique pour se donner l’impression illusoire d’être un citoyen, la situation ne pourra pas changer. Il faut donc enfin que l’Histoire prenne un vrai tournant, celui faisant apparaître un parti socialiste au plus faible niveau possible électoralement et au plus bas dans l'estime auprès de la population avec pour corrélat la montée de toutes les autres formes d’organisations de l’invention d’un nouveau monde et de la contestation des oligarchies du monde actuel.

    Il faut que cesse ce mécanisme consistant à croire que les « socialistes » sont de gauche lorsqu’ils ne le sont pas depuis très longtemps. Il faut que cesse l’illusionnisme politique entretenu depuis des lustres par ces gens qui ne veulent pas autre chose que faire croire à un « changement maintenant », sans que surtout ce changement soit réellement entrepris. Il faut ouvrir les yeux, démasquer les menteurs. Et agir.

     

     

     

     


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